CHAPITRE LXXII.

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      BREFS
             
                MOMENTS
    
                                  D'EUPHORIE.

                                    
             
                      

                         

     Saül disait donc vrai. Il s'était montré clair à un point tel que même une obtuse comme Connie saisirait le message et disparaîtrait sans retour, ni espoir de réconciliation ultérieure. C'est pourquoi il se sentait en paix avec lui-même. Toutefois, une sensation de malaise persistente et insidieuse l'empêchait de jouir pleinement de cette victoire remportée contre sa courtoisie latente. Était-ce une crainte de voir Connie ressurgir de nouveau ? Pour avoir osé braver les distances et toutes les possibilités d'un rejet logique, Connie serait capable de tout en dépit de sa ferme position. Certes, il redoutait une nouvelle approche tout en étant sûr qu'elle ne lui ferait aucunement changer d'avis. La page de Connie était tournée... irrémédiablement. Toutefois, sa présence, indésirable, risquerait de donner une nouvelle et mauvaise image de lui devant une certaine personne dont l'opinion importait énormément...

    Et ceci le ramenait à... Wendy !
  
    Il  devait donner un cachet ou un caractère clair et net à leur relation. Il devait se montrer audacieux et franc avec la jeune fille et lui déclarer ses sentiments. Son amour n'était plus à cacher. Cet amour qui bouillonnait dans son cœur demandait à sortir au grand jour, à vivre dans la lumière... Il ferait aussi bien de lui parler de Connie, de son erreur de l'avoir gardée trop longtemps dans sa vie, de sa lâcheté de ne pas s'être montré tranchant dès le début, de leur rupture et de ses tentatives de le reconquérir... Il sentait comme un danger, une sourde menace planer au-dessus de sa tête... Il n'était point prêt à perdre Wendy. Même si elle lui affirmait vouloir conserver à leurs rapports leur nature amicale, il ne désespérerait point ; il agirait en sorte de la convaincre de son amour... Ils étaient trop bien ensemble pour ne pas le savoir, pour ne pas s'en rendre compte et se rendre aux raisons de l'amour. Cependant, si Connie aurait le malheur de réapparaître... elle mettrait à l'eau toutes ses tentatives de persuasion.

    Quoi qu'il fasse, ses pensées le ramenaient à Wendy. Il ne réussissait guère à s'effacer de la mémoire son départ précipité rendant compte d'un grand  désappointement. Il avait hâte d'être au déjeuner pour lui parler. Mais peut-être bien qu'il pourrait la joindre par téléphone et s'enquérir de son état. Oui, c'était la meilleure chose à faire.

    - Tu crois que Connie tentera encore une nouvelle approche ? demanda Gaby apparemment fort choquée par l'apparition audacieuse de la jeune femme. Sa présence risque de déranger ta relation avec Wendy. Aucune femme ne supporte de voir une autre tourner autour de l'homme qui prétend l'aimer.

   - Une façon de me dire que je suis face à deux problèmes que je dois nécessairement traiter en urgence, répondit Saül à sa mère. D'ailleurs, je vais de ce pas téléphoner à Wendy pour savoir ce qu'elle devient.

   - Ok., répliqua Gabrielle. Je passe aux toilettes. Tu peux demander l'addition.

    Saül profita de l'éclipse de sa mère pour saisir son mobile et appeler Wendy. Au bout de la première sonnerie, il eut l'horreur de voir son appel... refusé. Rejeté !? Wendy était donc si remontée contre lui qu'elle rejetait son appel !? Refusant de déclarer forfait, il la rappela pour recevoir la même réponse : appel refusé. Quelle horreur ! Intransigeante en tout ! Pourtant il ne lui avait rien fait ! " Justement ! lui cria sa conscience. Tu n'as rien fait, balourd que tu es. Tu t'es contenté de la regarder partir sans lever le petit doigt, ni même proposer de la raccompagner. Mieux encore, tu aurais dû dire à Peter ses quatre vérités et insister auprès de ton père pour lui rendre sa raison."

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant