CHAPITRE XLV.

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               TÔT OU TARD...

   Peter et Sébastien se rendirent à Bora Bora le mardi matin. Le premier, désireux de plaire à Wendy afin d'entrer dans ses bonnes grâces, avait multiplié d'efforts en vue de persuader son père de la nécessité de passer du temps ensemble en tant que membres de la même famille afin de combler les distances qui risquaient d'engloutir leur entente d'antan. Le second,  se sentant éreinté et plus que harassé, se rendit à ses raisons se laissant fléchir convaincu que des vacances pouvaient lui permettre de se régénérer tout en prenant le temps de réfléchir dans le dessein de mettre les points sur les I et remette les pendules à l'heure.

   Donc, des vacances pour se reposer et faire le point.

   Peter avait annoncé prendre les opérations en main exigeant de son père de ne se soucier de rien et de se préparer uniquement à passer des vacances mémorables, les meilleures de toute son existence . Le premier souci de retrouver son ancienne place dans le cœur de son père en vue de regagner ses faveurs. Depuis quelque temps, la froideur de son géniteur allait crescendo et pour ne rien arranger aux choses sa mère semblait se soucier de lui comme de l'an... 3000. Même au téléphone elle paraissait lointaine et indifférente à croire que son virus lui avait ôté tout intérêt à l'égard de son fils unique qui, la veille encore, était considéré comme le centre du monde ! Connaissant sa mère, il était archi-sûr qu'elle lui cachait quelque chose ou... complotait quelque chose... d'inavouable.

  Mais quoi !?

  Chercherait-elle à trouver un moyen de pression sur Wendy !? Penserait-elle vraiment à lui ? A ses intérêts ? Il lui avait fait clairement savoir que son envie de se rapprocher de la jeune fille était plus que sincère. Il n'était pas sûr qu'il s'agisse d'amour; or, son intérêt était plus que réel. La jeune fille possédait une aura qui le fascinait anéantissant chez lui toute envie de la dompter, annihilant toute envie de la duper. Il était peut-être tombé amoureux d'elle mais tentait de ne pas aggraver son cas car risquant une déconvenue  incurable et indélébile.

   Et justement pour avoir tous les atouts en main il se contraignait à se soumettre à ses exigences et si rentrer dans les faveurs de son père était l'une d'elle alors il allait y réussir. Avec brio. D'où sa décision de tout faire pour lui rendre le sourire et retrouver leur complicité. Le chalet sur pilotis réservé devait constituer une pièce motrice de sa complaisance car connaissant le penchant, déraisonnable, de son père pour la nature et le naturel. Vivre en étant proches de l'eau devait nécessairement faire plaisir à Sébastien. Mais vivre au-dessus de la mer et entourés par elle de tous les côtés allait être la pièce motrice de son plan. Se réveiller chaque matin par le clapotis des vagues et sentir l'odeur marine devrait être les ingrédients de leur vie sauvage pour les quelques jours à venir. Il avait prévu des parties de pêche, de plongée et même de ski-nautique. Si tout marchait comme prévu, ils iraient même jusqu'à faire du parachutisme. Rien ne serait trop beau pour Sébastien ! Dans ses calculs, Peter oubliait, ou préférait omettre une lourde vérité, que toutes les charges seraient prises par son père. S'il avait fallu compter sur lui, il leur aurait été indispensable de patienter encore des... années puisque avec le travail qu'il n'abattait point gagner de l'argent devrait se faire au compte-goutte.

    Pour Sébastien qui se sentait oppressé et vraiment fatigué, voire fourbu, et allouant cela au rythme soutenu du travail et la pression des commandes, se laisser prendre en main constituait un pur plaisir, une compensation méritée. En dépit de sa colère contre son fils, il s'était résigné à faire la paix, ne serait-ce que provisoirement, en raison de son besoin urgent de se détendre. Il ne comprenait pas sa fatigue, voire son harassement, ni son esseulement. Mais il était vrai qu'il avait travaillé, fourni un effort et s'était même très stressé à l'idée de voir son ambition de remporter le succès à l'exposition avortée, contrecarrée, dejouée par des interventions louches et malhonnêtes. Heureusement que le talent et la force de caractère de Wendy étaient arrivés à bout de tous les obstacles. Toutes les ornières avaient été évitées. Il devait vraiment une fière chandelle à la jeune fille et se devait de la récompenser largement même si sa conviction de ne point réussir à la féliciter convenablement était persistente. En attendant, il allait se fier et se confier à son fils. Au bout de leurs vacances, il aviserait...
 
    Pour l'instant, il allait se focaliser sur le farniente...

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant