CHAPITRE XXIV. PARTIE II.

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                  SURPRISES.

    Gaby, depuis toujours, était une "droguée". Oh ! Non pas de narcotiques mais de travail. Travailler avait été pour elle, depuis toujours, son arme secrète, fatale et à double tranchant. Heureuse, elle travaillait pour exprimer son euphorie boostée par ses réussites scolaires, sportives et professionnelles. Malheureuse, elle travaillait comme une fourmi jamais fatiguée ni désespérée afin de cacher sa peine, se créer un dérivatif et se trouver une issue apte à déboucher sur une revanche. Travailler encore et toujours dans le but de réussir, d'être la meilleure, d'écraser ses concurrents. Fierté déplacée ? Orgueil démesuré ? Vantardise innée acquise à cause de sa naissance ?...

    Gaby s'était toujours considérée meilleure que tous et... toutes. Personne ne pouvait lui arriver à la cheville. Belle, bien née, cultivée, diplômée des meilleures écoles privées du pays, journaliste réputée..., elle n'avait rien à envier à personne et possédant tout pour se faire... envier. Et convoiter.

   Enfant, elle était née avec des cheveux blonds et des yeux gris. Au bout de son premier anniversaire, sa blondeur était toujours là mais le gris de ses prunelles s'était mué en un beau bleu. Très belle enfant, elle faisait la joie de ses parents et de ses trois frères. En grandissant et en remportant constamment des prix d'excellence au niveau de son curseur scolaire, son père n'hésitait jamais à organiser des fêtes dignes des plus riches princesses où les haute société était conviée. Après tout qu'avait sa fille à envier aux princesses ? Rien. Absolument rien du tout. Bien au contraire ! Les vraies princesses attiraient d'abord les regards par leur titre ou couronne. Sa fille avait tout pour plaire et attirer sans avoir besoin ni de titre ni de couronne. Il y avait bien de par le monde des princesses détrônées, appauvries et avilies... Sa fille, par contre, avait tout pour accéder au titre de princesse. Nom tonitruant, Fortune colossale et beauté renversante.

   Dans son amour de sa fille unique,.....   il rêvait pour elle d'un avenir des plus brillants. Jeune fille, elle possédait les toilettes les plus chères et les plus sophistiquées. Des pièces uniques auxquelles ne pouvaient prétendre aucune autre jeune fille aussi fortunée fusse-t-elle. Un long périple estival au bout de chaque année scolaire couronnée de réussite. En dépit de quelques légers heurts, père et fille s'entendaient bien. Jusqu'à sa décision intraitable de s'inscrire dans une école de journalisme. Gaby venait de mettre à néant tous les beaux projets et rêves de son père qui la voyait partenaire à parts égales avec ses frères dans la  société familiale. Pourquoi un tel choix ? Avait-on besoin de trimer quand on s'appelait Kennedy ? Pourquoi ce besoin de courir un monde déjà exploré en long et en large ? Pourquoi s'entêter à faire ses preuves dans un petit journal quand un gigantesque Holding vous ouvrait les bras avec tous les honneurs ?

   Le père habitué à se faire respecter même de ses trois gaillards de fils ne concevait nullement l'idée que sa fille, la seule et unique, puisse se dresser contre lui et rejeter ses décisions. En maître incontesté de la tribu, il faisait de ses désirs des règles voire des lois. Si la mère s'était pliée à ses désirs, est-ce que la fille aurait assez de culot pour se dresser contre lui et persister dans son insubordination !? Inconcevable! Et c'était par orgueil démesuré qu'il avait perdu sa fille ne l'ayant pas ni jugée à sa juste valeur, ni prise au sérieux. Détrompant l'adage "Telle mère, telle fille", Gabrielle avait prouvé sa grande volonté de toujours aller au bout de ses résolutions et de ses désirs. Personne n'était en droit de décider à sa place, de lui dicter sa conduite. Rien ne pouvait se mettre en travers de son chemin ni amoindrir sa détermination....

    Avec Gabrielle, la fille en qui il avait placé tous ses espoirs étant donné ses grandioses capacités et performances, les surprises étaient toujours au menu du  jour. De différend en querelle, de rébellion en défi, les relations père / fille allaient se détériorant sans espoir à l'horizon d'une quelconque réconciliation. Têtus tous deux, il était tout simplement impossible de voir l'un ou l'autre faire la moitié du chemin en vue d'une conciliation petite ou grande. Chacun convaincu de la justesse de son avis, personne ne voulait s'abaisser à reconnaître son tort. Quel soit minime ou colossal.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant