CHAPITRE XLIX.

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         CHACUN SON AVIS....

         

    Les promesses de Peter eurent leur effet escompté et Sébastien se laissa attendrir lui offrant son pardon. Pour prouver son engagement à s'occuper désormais de son père, Peter insista pour emmener le convalescent à la maison. Il était plus que normal qu'il réintègre son domicile. Rien ni personne ne pouvait changer cette vérité. Peter s'excusa devant Gaby au grand étonnement de Saül qui ne savait absolument rien de leur différend. Les doutes revinrent l'assaillir. Ainsi donc, son propre frère avait osé s'attaquer à sa mère ! Il lui avait manqué de respect, l'avait chargée de tous les torts et accusée de toutes les infamies !

   Une conduite irresponsable, déraisonnable et puérile. Les doutes revinrent titiller Saül. Un FRÈRE qui s'attaque à la mère de son FRÈRE en son absence sans tenir compte de leurs liens, ni des sentiments de ce FRÈRE serait capable de.... TOUT. Saül ne lui trouvait aucune excuse, même pas son moral à zéro face aux terribles nouvelles. Lui, à sa place, n'aurait jamais osé un tel comportement avec Annie, malgré tous ses torts et tout le mal occasionné à une époque. Elle lui avait pris son père, la quiétude d'un foyer, la stabilité d'une famille... Elle avait été la cause d'une grosse peine à sa mère... Pourtant, dans sa tête, pour lui, elle était la mère de Peter et la femme de Sébastien, son père et de ce fait elle devait être respectée. Il ne se serait jamais permis de dire du mal à son sujet, ni à la rabaisser, alors que dire d'attaques directes, explicites et virulentes !?

   Peter avait plus que besoin d'être tancé ! Cependant, la chose pouvait attendre. D'abord, installer son père et veiller à ce qu'il ne manque de rien. Jusqu'à la dernière minute, il avait nourri l'espoir de vivre tous ensemble. Certes, la chose aurait pu paraître insolite vu que Wendy ne leur était rien. C'est-à-dire sur le plan familial. Aucun lien de sang. Pourtant, ils se sentaient si proches d'elle : son père, sa mère et lui-même. Wendy était de ces personnes qui vous mettent instantanément à l'aise. Une jeune fille naturelle, distinguée et vraie. Il vivait chez elle depuis quelques semaines et il se sentait chez lui. Sa maison était son vrai home. Il s'y sentait bien comme dans sa maison d'enfance, chez ses parents et même mieux. Il ne savait pas encore si leur coexistence engendrerait friction ou symbiose, toutefois il aurait aimé, vraiment aimé, tenter l'expérience. Il savait que son père y aurait retrouvé sa sérénité. Vivre en pleine nature ne pouvait que lui être bénéfique. Il ne craignait guère de ne pas être le bienvenu chez Annie puisque c'était avant tout la maison de son père et personne ne pouvait lui fermer la porte de la demeure paternelle. Même pas son épouse. En cas de besoin, il ferait connaître ses droits.

   Assez dépité, le trio ressortit de la chambre en laissant Peter l'embrasser une dernière fois avant de libérer la pièce pour permettre aux médecins d'effectuer leur tournée matinale.

   - Je crois que les ennuis commencent, déclara Gaby annonçant la couleur des jours à venir.

   - Pourquoi dis-tu ça, Gaby ? l'interrogea Wendy.

   - Je crois que c'est évident. Si Seb rentre chez lui, sa femme nous fermera sa porte.

   - Tu te trompes, maman. Personne ne peut m'empêcher de voir mon père. Et surtout pas sa femme. Je suis son fils bien avant qu'elle ne fasse partie de sa vie. S'il le faut, je le prendrai chez moi.

   - Chez toi !? Tu as donc acquis une maison !?

   - Je parle de chez Wendy en attendant. C'est juste que je m'y considère vraiment chez moi, alors ça m'a échappé.

   - Tu n'as pas à t'excuser puisque c'était mon désir et notre accord. Sébastien devait venir s'installer avec nous.

   Gaby en oublia tristesse et abattement. Son fils adoré semblait au mieux avec la sublime Wendy. Leur accord était si manifeste. Gabrielle soupçonnait quelque secret mais n'osait plus interférer dans les affaires de son fils. Il était assez grand, adulte et mâture pour se prendre en charge et gérer ses affaires. Surtout celles de cœur. Pourvu seulement qu'entre les deux jeunes gens il y ait vraiment quelque chose de particulier. De tangible. Elle se remémorait son idylle avec Seb. Elle reconnaissait le même intérêt, la même attraction, la même entente tacite, sans parler des regards chaleureux chargés de respect et d'un tantinet zeste d'expectative. Son désir était de voir son fils ne pas trop lésiner, ni trop tergiverser car avec une perle comme Wendy les acquéreurs potentiels et intéressés étaient nombreux et empressés. Connaissant les frasques de Peter et ses audacieuses approches, elle s'étonnait de ne pas le voir déjà avec la jeune fille. Non, rectification. Au fond d'elle-même, elle en connaissait la cause et s'en réjouissait. Peter n'avait pas dû rater l'occasion de tenter de la séduire. C'était elle qui lui avait sûrement opposé une farouche résistance et même un refus net et explicite. Comment imaginer une pure fleur innocente avec une liane dangereuse et vénéneuse risquant de la corrompre !?

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant