UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ).

CHAPITRE XXXII.

         ET LA VIE CONTINUE...

   Prétendre que Sébastien ne fut nullement surpris de l'arrivée de sa femme serait... fallacieux. Il avait beau la connaître et connaître sa jalousie maladive, il ne s'attendait nullement à ce qu'elle mette ses projets en exécution. Il espérait s'être fait comprendre;or, hélas, de toute évidence, Annie avait dû juger bon de le mettre devant le fait accompli refusant de réviser son acte inconsidéré.

    En apprenant l'arrivée de sa femme, il sut que ses remontrances n'avaient servi à rien. Lorsque Peter tenta de le raisonner en lui faisant voir le point de vue de sa mère, il se mit en colère et lui conseilla de ne pas se mêler de leurs affaires.

   Dire qu'il était déçu par l'arrivée avancée de Peter serait superflu. Il s'était attendu à de bonnes nouvelles mais apparemment son fils préférait occuper son temps à autre chose. Sébastien était de plus en plus sûr qu'il n'avait nullement l'intention de changer. Il était toujours le même à courir derrière les belles filles. Son seul espoir était de le voir changer pour évoluer au contact de... Wendy derrière laquelle il courait de toute évidence. Sa question le confirma dans son idée.

   - Et Wendy ? Elle ne partage pas les mêmes lieux avec nous ? demanda-t-il finalement incapable de dissimuler sa curiosité plus longtemps.

   - Ne me dis pas que tu as avancé ton arrivée pour... Wendy !... Wendy est une fille sérieuse qui pense à son travail et non pas à s'amuser, ni à faire des galipettes ! Elle est toujours la première levée et la dernière couchée. C'est elle qui travaille comme si la société était toute sa vie. Que fais-tu, toi ? Qu'as-tu réalisé pour l'exposition ?

   Peter savait que son père disait vrai mais l'entendre de façon crue le dérangea car il l'avait habitué à toujours amadouer ses reproches. Il sut que son père était à cran. D'ailleurs, il avait remarqué qu'il portait trop souvent la main à ses tempes et à sa poitrine. Serait-il malade ? Souffrirait-il de quelque mal qu'il leur cacherait ? Il avait toujours vécu auprès d'un père sain, fort et résistant. Lui supposer une quelconque maladie lui paraissait aberrant.

   - Écoute, papa. Tu me parais fatigué. Nous en reparlerons demain. Et tu dois savoir que j'ai déjà envoyé les quelques meubles réalisés par l'équipe. Ils seront là demain. Je ne travaille pas comme tu le voudrais, ni comme le fait Wendy mais chacun a son style. N'oublie pas que les goûts diffèrent et les clients ne sont pas les mêmes, tenta-t-il d'expliquer pour l'apaiser et se justifier. Justifier son incapacité et masquer ses déboires.

   Et parce que Sébastien était vraiment fatigué, il obtempéra préférant se calmer pour ne point passer une nuit trop agitée. Il avait besoin de repos. Mais, il avait aussi besoin de voir Wendy et de lui parler car il ne l'avait pas vue de toute la journée. Ils s'étaient seulement parlé au téléphone et puis Wendy l'avait habitué à lui laisser un message, chaque matin sur son mobile pour le saluer, le rassurer et lui souhaiter une bonne journée avec des emojis très drôles. Il se dit que l'homme qui saurait faire frémir son cœur serait le plus heureux et le plus chanceux. Mais apparemment, il semblait difficile, voire impossible, d'imaginer Peter dans ce rôle. Saül aurait été le mieux approprié; toutefois le destin, de toute évidence, n'avait pas l'air prêt à les mettre en présence l'un de l'autre. Alors autant aller dormir et tout confier aux cieux...

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   Saül en consultant son téléphone qu'il plaça en charge dès son retour à la maison familiale tomba sur les multiples appels et messages de son frère et en fut intrigué. Pourquoi une telle insistance ? Aurait-il un problème à Paris ? Serait-il déjà arrivé ? Son père avait parlé de voyage différé et de travail soutenu à cause de sa défection... Une chose qui lui paraissait anormale et même bizarre car connaissant les compétences de son demi-frère. À vrai dire Saül détestait cette appellation. Un frère reste un frère. Ni à demi, ni à quart, ou tiers... Les frères étaient des frères de cœur !