CHAPITRE LI.

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           DE
              CHOC
                       EN
                          CHOC.
                                 

   Wendy, pressée de partir, s'était hâtée de passer dans sa chambre se soulager et se rafraîchir puis redescendre pour aller saluer ses bébés qui se trouvaient sur son chemin vers l'hélicoptère. Autrement dit elle n'eut point besoin de revenir sur ses pas et ainsi elle n'eut guère connaissance de ce qui venait de survenir à Sébastien. Dans le cas contraire, elle aurait été écartelée entre demeurer sur place pour s'assurer de l'état de santé de son ami ou voler vers un autre qui se battait peut-être contre une mort certaine. Son départ précipité lui évita un choix difficile et embarrassant même si sur le plan de la logique Sam avait davantage besoin d'elle que Sébastien puisque ce dernier jouissait au moins de l'avantage d'avoir une famille prête à le secourir et à veiller sur son bien-être contrairement à Sam qui donnait l'air de quelqu'un de solitaire, malgré sa jovialité et son entourage bruyant. A part  peut-être Champion avec qui il paraissait s'entendre et entretenir des rapports assez étroits étant donné leurs fréquents conciliabules ou cette façon de se lancer de gentilles piques. Maintenant, il l'avait, elle, et elle ne comptait nullement se soustraire à ses obligations. Obligations !? À dire vrai, rien ne la forçait à se déplacer, ni à se faire du mauvais sang pour lui. Rien, sauf son côté humain incapable de demeurer indifférent aux malheurs des autres. Surtout quelqu'un de bon et de serviable qui l'avait accueillie alors que RIEN ne l'y obligeait.Sam était dans une situation pathétique et toute aide serait la bienvenue. La sienne, ou toute autre. Mais le sort l'avait désignée pour qu'elle soit cette bienfaitrice. Qu'elle soit sa sauveuse.

   C'était pourquoi, probablement, la destinée en avait décidé ainsi. La priorité était octroyée au solitaire. Puisque Sam n'avait personne et ne pouvait guère compter sur quiconque, la destinée avait décidé de faire de Wendy son soutien et sa roue de secours. Certains solitaires, orphelins et laissés-pour-compte finissent, parfois, par trouver l'âme sœur, l'ami sincère et fidèle ou tout simplement l'âme charitable et suffisamment compatissante pour se consacrer au bien de l'autre. Wendy était cette âme charitable désignée afin de veiller sur Sam et s'assurer que son état s'améliore, celui psychologique avant le pathologique.

    Pendant que Wendy se pressait, Gaby qui était en état d'alerte depuis Chicago car  soupçonnant un malaise latent que Sébastien ignorait ou taisait, elle avait sauté sur l'occasion en apprennent l'invitation de Raoul Wellington. D'habitude jalouse de sa solitude et sa liberté, elle s'était empressée de convaincre sa mère de partir prétextant un changement de lieu, de routine et la possibilité de voir, enfin, ce fameux ami de son père et grand-père de la sublime Wendy.

   À dire vrai, Gabrielle avait été chamboulée en revoyant Sébastien. En dépit des années et de la distance qu'elle avait imposée suite à leur divorce, elle n'avait jamais réussi à se débarrasser complètement de l'emprise de son ex-mari. Il avait été le premier homme dans vie. Et le dernier. Même si de multiples occasions s'étaient présentées de refaire sa vie, elle avait tenu à décourager tout téméraire se croyant son prince charmant. Ss croyant dégoutée des hommes, de tous les hommes y inclus Sébastien, elle avait compris que son obstination à le tenir loin d'elle n'avait nullement donné le résultat escompté. Loin de l'oublier, de le renier ou de le haïr, son cœur, le traitre, frétillait comme celui de la jeune fille à peine sortie de l'adolescence qu'elle avait été dans le temps. Le revoir  périodiquement, à intervalles irréguliers et surtout durant de courts moments ne lui laissait guère le temps de s'appesentir sur ses émotions, ses états d'âme. Mais son dernier voyage à Chicago et les rencontres qui s'en étaient découlées avaient renforcé cette sensation de manque, de besoin latent enfoui sous une carapace d'indifférence et de civilités creuses. Le revoir, longuement, avait éveillé chez Gaby des émotions qu'elle avait crues disparues, éteintes à jamais. Par ailleurs, avec sa sensibilité et sa capacité à le lire sans qu'il ne dise rien, elle avait compris que quelque chose n'allait pas bien. Elle sut que, physiquement, il avait des soucis de santé. Son sourire jovial et son attitude décontractée ne pouvaient guère masquer, à des yeux aussi alertes que les siens, son visage fatigué ni son teint parfois cireux. Elle avait interrogé Wendy qui avait elle aussi confirmé ses remarques mais qui n'avait pas été en mesure de lui fournir une réponse satisfaisante, ni une explication plausible. Le travail, la fatigue, le stress... Pour Sébastien, tout cela constituait un beau mélange duquel il tirait joie et satisfaction. Pourtant, son sixième sens lui soufflait toujours qu'un mal était à craindre. En le voyant sur le point de s'écrouler et évoluant tel un automate, elle sut que toutes ses craintes étaient justifiées. Le pire était à venir. Alors sans trop réfléchir, elle se leva en courant sous le regard ébahi du reste de l'assistance et vola plus qu'elle ne pressa le pas pour arriver juste à temps pour le soutenir, lui évitant une chute certaine. Heureusement que se bloquant contre le mur, elle se maintint contre sa dureté pour résister au poids de Sébastien et ainsi réussir à le garder entre ses bras. Enfin, Peter qui avait entendu son cri et les autres arrivèrent très vite et intervinrent pour secourir l'homme qui avait perdu sa conscience et paraissait être  syncopé. On le plaça à même le sol pour lui éviter tout mouvement inconsidéré, elle se pencha sur sa poitrine où les battements cardiaques lui parvenaient faibles, à peine perceptibles et surtout d'une irrégularité horripilante. Le majordome s'était empressé d'aller quérir le médecin personnel de son maître qui accompagnait constamment ce dernier dans tous ses déplacements. Un caprice farfelu de milliardaire mais qui s'avéra être fort utile en une telle circonstance. Le praticien diagnostiqua une syncope et il fallait obligatoirement, en urgence, le transférer vers un centre hospitalier, malheureusement la chose nécessiterait trop de temps et lui coûterait peut-être la vie. Le médecin se contenta de lui surélever les jambes pour faciliter la circulation sanguine et veilla à contrôler sa respiration en lui plaçant un masque à oxygène. Au bout d'un certain temps, le teint tantôt livide se colora progressivement sans devenir pour autant tout à fait normal. Puis, Sébastien ouvrit les yeux et fixa le médecin, un homme qu'il ne connaissait guère, d'un œil incrédule. En voyant la tête de Gaby penchée au-dessus de lui avec une mine défaite et des yeux rouges, sa surprise grandit. En sentant le sol sous lui, il comprit que quelque chose n'allait pas.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant