CHAPITRE XII.

49 9 15
                                    

          IMCOMPATIBLES !?

    Après s'être assurée que Sébastien était bien sous la douche et donc ne pouvant pas entendre sa conversation avec son fils, Annie se décida à appeler ce dernier. Elle voulait tirer au clair cette histoire de fille surdouée. Les termes dont usait son mari pour parler d'elle lui avaient mis la puce à l'oreille lui distillant une insidieuse peur pour le poste et les privilèges de son fils adoré. Jamais elle n'aurait cru possible que le père évoque de telle façon son propre fils. Croyant la position de Peter assurée, elle dormait sur ses quatre oreilles. Mais apparemment la réalité était tout autre. Au lieu de voir les défauts et les défaillances du concerné, elle jetait les torts sur les autres. Toute personne pouvait être coupable, sauf le prodige qu'elle avait mis au monde !

  - Bonjour, mon chéri. Comment vas-tu ? lui demanda-t-elle dès qu'il eut décroché après la seconde sonnerie dont il usait et lui signifiant l'identité de sa correspondante.

  - Bonjour, ma maman chérie. J'allais justement t'appeler pour te demander si tu savais quelque chose de la nouvelle recrue. Papa la traite comme une princesse...

   - Elle est jolie ?

   - Jolie ?

   Annie se sentit soulagée croyant que l'interrogation traduisait une négation. Depuis toujours, elle vivait avec la hantise de voir une femme plus jeune et plus jolie la supplanter dans le cœur de son mari et ainsi dévier son attention sur elle ce qui signifierait sa déchéance. Son angoisse de se voir punie de la façon avec laquelle elle avait volé le mari d'une autre. Devoir revenir à sa vie d'antan !? Quelle horreur ! Resservir dans les cafés et restaurants !? Devenir la risée du monde !? Gagner son pain à la sueur de son front !? Ou devoir subir la pitié des autres en recevant une pension alimentaire de son ex-mari et voir toutes les portes fermées après avoir été une reine !?... Mais, dieu merci, il était écrit qu'elle serait la seule à faire subir un tel affront à une autre ! Même si Gabrielle....... n'avait jamais eu besoin d'un homme. A chercher à être juste, c'était elle qui avait exigé le divorce trop fière pour supporter une trahison. A l'époque, Annie avait été outrée par l'attitude de Sébastien qui jusqu'au bout avait tenu à sauver son mariage. Et pour être encore plus juste, il ne lui avait jamais rien promis. Du moins sur le plan de l'engagement. Financièrement, il ne la privait de rien. D'une passade d'un soir, elle était devenue sa maîtresse. Et comme la femme légitime avait découvert le pot aux roses, elle put enfin accéder au statut, elle aussi, au statut privilégié de Madame Wendworth. A dire vrai, elle devait une fière chandelle à l'orgueil exacerbé de la fabuleuse Gaby. Comme si l'orgueil faisait vivre ou payait les factures !

    - Jolie !? Maman, la fille est... sublime. Et quel caractère ! Quand à sa personnalité, n'en parlons pas ! S'il faut croire mon père, c'est la perle rare.

    Mon dieu ! Ainsi donc, ce qu'elle craignait le plus allait lui arriver ! Son mari souffrirait-il de la crise des sexagénaires désireux de renouveler leur vie et retrouver leur jeunesse !?

   Qui était cette beauté ? Annie savait que la fille devait être une vraie beauté car sachant pertinemment bien que son fils était un fin connaisseur de la gent féminine. S'il disait que la fille était sublime alors le danger était tout simplement colossal.

  - Ils sont très proches ?

  - Comme des amis intimes.

  - À quel point ?

  - Au point de se prendre dans les bras.

  - Avec une employée !?

  Annie sentit le sol se dérober sous ses pieds. Elle se sentait poignardée dans le dos. Manquant d'abord d'air, il lui fallut un moment pour se ressaisir. Dans de telles situations, le calme était recommandé. Avoir des nerfs en acier ! Ressembler à Gaby, l'inflexible que rien ni personne  ne pouvait abattre ! Plus facile à dire qu'à faire !

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant