PROLOGUE.

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    - Mon portefeuille ! Je ne trouve pas mon portefeuille ! Pourtant, je l'avais bien sur moi puisque j'ai payé le taxi debout devant la portière et non à l'intérieur. Donc, je ne l'ai pas fait tomber dedans.

    La vendeuse, une jeune femme au maquillage un peu trop appuyé pour la journée, regardait son interlocutrice avec dédain et écoutait ses explications accompagnées d'exclamations avec suspicion.

   - Écoutez, madame,...

   - Mademoiselle, s'il vous plaît ! dit-elle la tête presque plongée dans son fourre-tout, sans se donner la peine de relever les yeux.

   - Peu importe ! Madame ou mademoiselle ! L'important est que vous ne pouvez pas payer vos achats et, donc, je me vois dans l'obligation de vous demander de quitter la boutique.

  - Pourquoi ai-je l'impression que vous ne me croyez pas !? Insinueriez-vous que je sois une menteuse ? Peut-être pire encore... une voleuse !?

   - Écoutez, mademoiselle, je n'ai pas que ça à faire. Vous reviendrez quand vous aurez de quoi payer. Si vous en avez vraiment les moyens. Ici, c'est une boutique respectable et fort réputée. Je ne pense pas que nos prix vous conviennent !

   -Vraiment !? Et pourquoi donc je vous prie ?

   - Il suffit de vous regarder pour le deviner, ajouta la vendeuse d'un ton méprisant en la regardant de haut en bas

   Il est vrai que l'image qu'offrait la cliente pouvait prêter à confusion. Une courte jupe violette évasée tachée de noir. C'était en réalité du cambouis. Et un haut blanc taché lui aussi et manquant de deux boutons perdus dans l'effort de changer un pneu crevé avant de réaliser qu'il en allait de même pour la roue de secours. Beaucoup d'efforts pour rien !

   - Me regarder !? Ah ! Vous êtes de ces personnes superficielles et mesquines qui jugent les gens d'après leurs apparences !? Pauvre de vous !

   - Je ne vous permets pas, mademoiselle ! s'insurgea la vendeuse, rouge de colère.

   - Je ne vous ai pas demandé votre avis ! M'avez-vous demandé le mien avant de m'insulter et de me juger ? Non ! De me jauger ! Ne vous a-t-on jamais appris que le client était roi ? Où est votre savoir-faire ? Votre amabilité et votre sourire de quatre sous ? Puisque je vous dis que j'ai perdu mon portefeuille, vous devez me croire. Ce n'est pas parce que je porte des vêtements pleins de cambouis que je n'ai pas les moyens de m'offrir les meilleurs habits ! J'ai un rendez-vous très important et mon pneu a crevé. Je me suis salie en le changeant et comme je n'ai pas le temps de rentrer chez moi pour me changer, j'ai pensé plus raisonnable d'acheter de quoi me vêtir. Malheureusement, j'ai eu la bêtise de choisir la première boutique et de tomber sur... VOUS !  Vous me faites perdre mon temps et vous m'insultez de surcroît ! Qui me dit que ce n'est pas vous qui avez volé mon portefeuille puisque j'ai laissé mon sac à l'extérieur de la cabine d'essayage !?

   Estomaquée, la vendeuse ne faisait que bégayer ne sachant point quoi riposter, ni quelle attitude adopter face à une cliente déchaînée.

   Depuis quelques minutes, un client venu faire des achats pour l'anniversaire de son épouse suivait la scène avec le plus grand intérêt. D'abord intrigué, puis amusé, il était enfin littéralement subjugué par la verve de la jeune cliente dont tout le corps vibrait sous l'indignation. Une petite femme. Oui, vraiment un petit bout de femme ( Non ! De jeune fille!) qui dégageait une force herculéenne. A la voir, on serait tenté de la croire capable de soulever des montagnes, de se mesurer à des forces de la nature. La vendeuse n'avait aucune chance devant elle !

    Depuis longtemps, il n'avait plus rencontré une personne, du sexe opposé, aussi sûre d'elle, aussi ferme sur ses positions et aussi franche, directe ! Autour de lui, toutes les femmes entre 20 et 50 ans étaient serviles, obéissantes et trop guindées dans leurs manières policées. Quand ce n'étaient pas des domestiques ou des employées effarouchées ou subjuguées par sa classe et son charme, c'étaient des riches, de sa classe, qui se montraient cajolantes, voire même obséquieuses, pour un motif ou un autre. Mais ce tempérament de feu, cette spontanéité franche et instinctive, cette riposte instantanée née du moment étaient devenus une monnaie rare. Depuis quand exactement n'avait-il plus eu affaire à un tel spécimen !? La réponse s'imposa d'elle-même : depuis son ex.. Oui, depuis son divorce, plus aucune femme ne lui avait paru digne d'intérêt, ni capable de faire preuve de tant de hargne au point de tenir tête à plus fort qu'elle. En apparence. Oui, cette petite lui rappelait son ex-
femme; une femme de caractère, un caractère d'acier, un acier bien trempé !

   - Je vais appeler la sécurité ! entendit-il la vendeuse déclarer à la cliente vindicative.

   - Je vous conseille d'appeler la police. Ce serait préférable. Croyez-vous me faire peur ? Je vais porter plainte contre vous ! Y a-t-il des caméras ici ? Je veux les voir ! Je veux que l'on retrouve mon portefeuille qui contient toutes mes cartes de crédit et d'identité. Il vaut à lui seul une petite fortune !

    Alerté par la remarque de la jeune femme, le monsieur jeta un coup d'œil plus attentif à ses vêtements et à son sac. Elle disait vrai. Donc, elle n'était guère une comédienne !

   - Excusez-moi, mademoiselle. J'ai suivi votre échange, malgré moi ! Permettez-moi de régler ce "léger" différend. Vous pouvez empaqueter les affaires de mademoiselle, July. Je vais payer la facture. Je suis sûr que cette jeune personne a dû laisser tomber son portefeuille dans le taxi ou ici-même.

   - Mais, monsieur Wendworth, vous ne la connaissez même pas ! se rebiffa la dénommée July qui connaissait bien les Wendworth.

   - Aucune importance ! Je suis sûr que cette jeune dame est quelqu'un de fiable. Empaquetez ses achats !  Et se tournant vers la jeune cliente, il ajouta : Je me présente : Sébastien Wendworth et voici ma carte.

    Au lieu de prendre la carte tendue dans sa direction, la cliente lui répondit :

   - Je sais qui vous êtes. Je vous remercie pour votre confiance ; mais pourquoi voulez-vous m'aider ? Vous ne me connaissez pas ! Peut-être que je suis vraiment une menteuse doublée d'une voleuse. Une perfide personne prête à escroquer en somme !

  - Pas avec des vêtements aussi tendance, ni un sac signé Chanel ! N'ayez pas cet air étonné ! Avec une femme qui dépense plusieurs milliers de dollars chaque mois pour sa garde-robe et ses accessoires, je sais de quoi je parle. Alors me ferez-vous la politesse de vous présenter ? À qui ai-je l'honneur ?

   Fort courtois le monsieur !

   Lui tendant la main, elle lui répondit, en souriant :

   - Wendy Wellington. Je vous remercie, monsieur Wendworth de votre confiance. J'accepte votre aide avec plaisir et je vous promets de vous rembourser le plus tôt possible.

   - Aucune importance.

   - Mais si ! J'insiste. Je vais me changer, donc ce n'est guère la peine de les empaqueter. Je dois faire vite. Il me reste une demi- heure pour mon rendez-vous et il est à l'autre bout de la ville.

   - Alors, je vous attends. Je vais vous y conduire.

   - Vraiment !?... Vous feriez ça !?... Merci infiniment ! Vous êtes mon sauveur !

    

   
 
   

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant