CHAPITRE IX.

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     UN VRAI CAPHARANAÜM !

    Une matinée bien chargée et bien particulière !

     Ce fut la conclusion à laquelle était parvenue Wendy et qu'elle se répétait tout en s'installant sur les sièges arrières de l'automobile. Pendant qu'Elliott levait le cap vers la société, Wendy repensait à tout ce qui venait de se dérouler la matinée même.

   Primo, la rencontre avec Peter. Autant le père était franc, transparent et chaleureux, autant le fils paraissait rancunier, impoli et vantard. Un mélange n'anticipant rien de bon. Wendy s'apprêtait d'ores et déjà à vivre à cause de lui des moments plus que pénibles. Des Peter elle en avait rencontré des dizaines. Et depuis, elle savait exactement quelle attitude adopter à leur égard. N'était pas encore né ce Peter qui lui ferait peur !

    Secundo, lors de la visite guidée, elle avait perçu une certaine tension. Des dessinatrices agitées, mal à l'aise... Elle avait même été étonnée par des yeux rougis... Les employées, du moins certaines, paraissaient apeurées. De quoi ? De qui ? Se sentaient-elles menacées ? Craignaient-elles pour leurs postes ? À cause d'elle ? Ce Peter leur avait-il dit quelque chose à son propos ? N'étant point défaitiste, ni pessimiste, elle préférait ne point anticiper les malheurs. A les craindre, ils risqueraient de survenir. Rester positive et affronter les difficultés au fur et à mesure de leur apparition. Normalement, en tant que femme, elle devrait bien s'entendre avec ses congénères. Point jalouse, ni envieuse, elle savait reconnaître les qualités et les mérites de toutes. Et tous.

   Tertio, l'incident à l'usine. Elle s'étonnait de la duplicité de certaines gens assez lâches et capables de tromper leurs bienfaiteurs. Point née de la dernière pluie, elle savait pertinemment bien que le Mal était partout et qu'il prenait plusieurs formes, facettes et visages. Croire à un monde utopique où tout serait parfait relève de l'impossible puisque l'être humain est de nature faible, encline à l'erreur. Or, il y a différence entre erreur et crime. Trafiquer, saboter, tricher,... tous des actes considérés en tant que délits, crimes passibles de peine de prison. Nuire sciemment à des individus qui se sont toujours montrés réguliers avec vous et vouloir en toute connaissance de cause les poignarder dans le dos, leur mordre la main relève du pire forfait.

    Wendy qui s'était retrouvée aux prises avec des parents très proches et qui l'avaient plus que meurtrie comprenait parfaitement bien la douleur que cela occasionnait. Or, elle savait aussi que parfois il suffit d'un petit geste, d'une petite intention, pour changer le cours des choses et sauver des gens qui pourraient aisément dévier du droit chemin, car nous leur avons refusé la chance de repartir sur de nouvelles bases. Pour elle, le cas de Jean-Pierre était similaire. Dénoncé, jugé et emprisonné, de simple joueur invétéré et petit saboteur par chantage, il deviendra à coup sûr un vrai malfrat, un truand au contact d'authentiques criminels. Avec leur décision de lui offrir une seconde chance, s'il était vraiment enclin à changer, il deviendrait quelqu'un de meilleur.

   Wendy pensait à toutes ces options et à tout ce qu'elle avait vécu au cours de la première matinée de son premier jour de travail. Si les autres journées ressemblaient à celle-ci, le suspens était assuré !

  - Mademoiselle, il est 13h30. Vous ne voudriez pas déjeuner quelque part ? lui proposa Elliott la tirant de ses profondes réflexions.

   - Déjeuner ? J'avoue ne jamais déjeuner, ni le lundi ni le jeudi. Mais si vous avez besoin de vous arrêter, ça ne me dérange pas.

   - Je mangerai une fois arrivé à l'usine. J'ai mon déjeuner.

   - Ok. Merci pour votre sollicitude. Vous êtes quelqu'un de bien.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant