CHAPITRE XXIII.

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         DERNIÈRES TOUCHES.

   Tant qu'elle s'était trouvée aux États-Unis,Wendy avait vécu à San Diego avec sa famille. A l'époque, elle ne connaissait pas encore son grand-père et n'avait aucune idée de son existence. Après la tragédie qui avait chamboulé tous ses repères, elle était venue s'installer, au bout d'un certain laps de temps, en France, à Paris. Comme elle aimait voyager, dans sa cure vers un retour à la normalité, incitée par son papy, elle avait découvert plusieurs États et même plusieurs pays comme le Japon, la Thaïlande, la Grèce..., mais elle n'avait jamais mis les pieds à Chicago. A cause de ses lectures et de certains films, dans sa tête existait une idée préconçue sur la ville appartenant à l'Etat de l'Illinois et selon laquelle elle serait le lieu des mafias, hackers, gangs et autres malfaiteurs. Ayant communiqué son idée à Sébastien avec qui elle s'entendait à merveille, elle avait été étonnée de le voir partir d'un bon rire rafraîchissant. Il lui avait alors promis une visite où il aurait à jouer le rôle de guide pour lui faire révéler les beautés de la ville, l'une des plus grandes et les plus importantes du pays. Il savait ce qu'il affirmait étant natif de la cité. Donc, Wendy se préparait à vivre de belles aventures dans une ville inconnue et ... méconnue. En attendant, elle mettait les dernières touches à certains croquis qu'elle comptait exécuter sur place, dans le nouvel atelier promis par Sébastien et indiqué par Saül. Un fils de qui il parlait toujours en termes élogieux et qu'elle espérait rencontrer et apprécier. Contrairement à Peter à qui elle ne parvenait guère à attribuer sa confiance ni à considérer en aucun cas en tant qu'ami.

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   De son côté Saül mettait les dernières touches à son nouveau gadget tout en se posant des questions sur la trop grande confiance que son père semblait donner à un inconnu craignant que tous ses espoirs soient déçus, avortés. Il ne comprenait point la position de Peter. Comment pouvait-il se complaire dans une froide indifférence alors que les rênes risquaient de lui glisser d'entre les mains !? Pourquoi ne se souciait-il plus du devenir de sa réputation ? Y avait-il anguille sous roche ? Était-ce un problème passager et provisoire ou s'agissait-il d'un grave différend entre le père et le fils ? Ou était-il plutôt question d'une  intervention de la part d'une tierce personne ? Annie faisait-elle une fois de plus des siennes ?

    Saül, dans son désir de neutralité, avait toujours cherché à donner raison à tout le monde. Ne voulant point juger qui que ce soit, il se disait que chacun avait eu ses raisons d'agir et de réagir face à une certaine situation incommodante.

   Sa mère qui était une femme décidée et volontaire ne pouvait aucunement supporter la tutelle d'un mari aussi riche et puissant soit-il. D'autant plus que petite fille elle avait vécu de près la douleur d'une mère forcée de renoncer à sa carrière face à un prétendant imposant et incompréhensif. Avec tout le potentiel qu'elle recelait, renoncer aurait été perçu comme une lâcheté, une faiblesse. Sans oublier que sa mère, comme toute femme, avait adopté la seule attitude possible pour sauvegarder sa dignité face à un mari ayant choisi d'avoir une maîtresse au lieu d'aborder une discussion et trouver un compromis.

    Son père parce qu'il était conscient de l'égalité entre les hommes et les femmes n'avait à aucun moment cherché à placer Gaby devant un ultimatum : choisir entre sa vie professionnelle et celle maritale. Saül savait que l'idée même hérisserait son père, un homme qui équitable, juste et amoureux, passait les intérêts de son épouse au-dessus de tout. Il aurait seulement aimé bénéficier d'un peu plus d'attention... Tout homme délaissé aurait été cherché compensation ailleurs...

    Et justement, pour Saül, cette tierce personne aurait dû faire preuve de plus de raison et de lucidité. Pourquoi interférer entre un homme et sa femme ? Pourquoi s'attacher à un homme marié et amoureux fou de sa femme ? Pourquoi chercher à détourner un homme engagé ailleurs de ses responsabilités ? Comment oser tomber enceinte d'un homme déjà marié et père de famille ? Par amour ? Saül en doutait grandement. Son amour devait être bien intéressé ! Pourquoi tomber amoureuse d'un homme beaucoup plus âgé et marié mais riche !? Il aurait pu être qualifié d'impartial car prenant le parti de sa mère. Or, justement, la logique versait dans son sens surtout en connaissant le penchant irraisonné et déraisonnable d'Annie pour l'argent, les dépenses et les apparences. Pourtant son père n'était-il pas heureux ? Non ! Il était satisfait. Jamais il n'avait retrouvé cette flamme de grand bonheur dans ses yeux alors qu'avant elle y étincelait de mille feux !

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant