CHAPITRE XXVI.

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          ÂME INSONDABLE...

    Avec son sentiment de culpabilité et sa mauvaise conscience, Patricia ne savait plus à quel saint se vouer, ni contre qui entretenir sa colère. Contre Issac qui osait tirer sa révérence trop tôt ? Contre son envie de le secouer et de lui crier dessus pour lui rappeler ses devoirs avant de passer... à côté ? Contre elle-même qui avait attendu aussi longtemps avant de se décider à vraiment remplir son rôle d'épouse insatisfaite et de mère protectrice ? Contre Gaby qui n'avait jamais voulu faire une petite concession vis-à-vis de son père et venir le voir ? Contre le destin qui choisissait mal sa victime ?... Ou peut-être bien que non ! C'était tout simplement un coup du destin pour enfin rassembler le père et la fille. Quelle meilleure excuse inventer que la maladie d'un père placé en réanimation ?

    

   Tout en attendant derrière la porte des soins intensifs, Patricia pensait à sa fille. Comment la prévenir en pleine nuit ? Fallait-il attendre qu'Isaac reprenne connaissance ? Et si...? Autant faire vite ! Elle était sûre qu'en ouvrant les yeux et en trouvant sa fille à son chevet, la dernière personne à qui il s'attendrait mais qu'il espérait sûrement au fond de son cœur, il ne resterait pas de marbre. Le moment des réconciliations était venu. Alors autant sonner le glas... avant qu'il ne soit trop tard !

    Une fois son appel effectué, Patricia eut le bonheur de voir Ron et Bob arriver. Ils étaient blêmes et fort agités. L'inquiétude se lisant en clair dans leurs prunelles témoignant leur angoisse d'apprendre quelque tragique nouvelle. Si Patricia avait besoin d'une preuve de l'affection filiale de ses fils envers leur père elle venait de la découvrir. Même elle reconnaissait que la patience et la loyauté des deux hommes avaient eu raison de l'autocratie d'Isaac qui après des années et des années, il s'était résolu à leur accorder sa confiance inconditionnelle.

   Enfants, Ron et Bob, pour Ronald et Robert, avaient toujours cru que leur père était l'exemple du père affectueux, tendre et attentionné. Devenus des jeunes hommes, leur vision se trouva modifiée. Complètement. Ils étaient sûrs qu'Isaac King, était tout simplement un... robot dénué de tout sentiment. Focalisé sur son travail et le succès de ses entreprises, il les considéraient ainsi que des pions à déplacer sur un échiquier avec l'ultime but de gagner encore et toujours en faisant perdre leurs concurrents. Oubliés les liens de sang, de parenté, de paternité. Tout échec était rudement et durement sanctionné. Pas de quartier dans le cadre des affaires. Jusqu'au jour où chacun d'eux exprima le désir de se marier. Ils avaient toujours craint de voir la malheureuse histoire de Gaby se répéter avec eux. Devraient-ils essuyer un nouvel affront en se laissant choisir leurs épouses ? Or, ce fut une immense surprise. Très agréable surprise ! Une surprise dévoilant joliment les intentions et le rêve de leur père : leur bonheur. Apparemment, la perte de Gaby lui avait ouvert les yeux.

   Ron, l'aîné, tomba éperdument amoureux de son assistante, une jeune fille fort compétente et surtout si jolie. Issue d'une famille modeste, elle ne pouvait même pas dans ses rêves les plus fous songer à la possibilité de s'unir à l'un des héritiers King. Amoureuse en silence, elle continuait à papillonner autour de son "homme" discrètement.

    Bob de son côté fit la connaissance d'une jeune fille, cadre dans l'une de leurs succursales, lors d'une visite-inspection. Des relations professionnelles qui muèrent en admiration puis amour. Mutuel. Mais prudent. De part et d'autre les filles étant prudentes et terrifiée à l'idée de se voir éconduites étant donné leur statut social. Les deux hommes se voyaient acculés au mur : comment convaincre le suprême King d'une alliance qu'il considérera automatiquement une mésalliance ?

    La surprise fut un soir suite à un copieux dîner où la famille avait fêté une énième réussite. Au moment du dessert, une tarte aux mûres, Isaac annonça qu'il était amplement temps de songer à caser les deux hommes de la famille qui ne rajeunissaient pas. La famille King avait besoin de grandir et de voir des petits-enfants courir dans tous les coins. Stupéfaits par une telle annonce, ils redoutèrent fortement de l'entendre leur affirmer son souhait - Souhait !? Depuis quand Isaac King formulait des vœux ou des souhaits !? C'étaient une volonté, un ordre,...- de leur présenter quelques riches héritières issues de familles royales... Oui, avec Isaac tout était possible tellement ses ambitions étaient démesurées ! Le problème était que quiconque rêvait de faire de lui un allié. Comme l'argent et les intérêts personnels asservissent les gens ! 

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant