CHAPITRE XLVII.

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          LE VRAI IMPRÉVU !!!

   Le soir même, après avoir rendu visite à Sébastien et annoncé son installation chez elle une fois autorisé à sortir de la clinique, Wendy proposa à Saül d'aller voir Peter ou de lui téléphoner afin de le rencontrer quelque part et lui parler car selon elle, et elle avait absolument raison, il fallait nécessairement connaître les dessous de sa lamentable réaction à l'égard de son père à un moment où sa présence à ses côtés était plus que vitale et surtout logique. Saül qui était vraiment remonté contre son frère se sentait incapable de le rencontrer et encore moins de s'entretenir avec lui sans perdre le contrôle de ses nerfs même si jusqu'alors il lui avait toujours trouvé des excuses en vue de justifier ses agissements aussi farfelus fussent-ils. Tant que Peter était dans les bonnes grâces de son père ou du moins se tenait à ses côtés se contentant de faire semblant de travailler et de demeurer activement productif Saül lui trouvait des excuses et n'hésitait point à prendre sa défense, à justifier ses réactions et même ses désistements. Il n'hésitait jamais à considérer les choses de son point de vue, à se dire que son frère devait être valorisé, mis en avant, encouragé en passant sous silence ses limites, défauts et imperfections. Pour Peter, au nom de leur fraternité, Saül avait été prêt à toutes les concessions, toutes les faiblesses, tous les pardons. Son père était une limite. Une ligne rouge. Apprendre qu'il avait abandonné leur père à un moment où il avait le plus besoin de prouver son amour filial avait été comme cette lumière projetée sur son esprit ténébreux ou brumeux pour faire dégager toute zone d'ombre et refléter sa vraie nature : un fils indigne et déshonorant ne méritant nul intérêt car attirant l'opprobre sur leur famille.

    Bouillonnant de colère et échouant pour la première fois de sa vie à se maîtriser, il déclina l'invitation de Wendy de l'accompagner pour aller tirer les oreilles à Peter puisqu'il avait au fond de lui une forte envie de les lui couper. Un obtus doublé d'un crétin ! Un triple crétin qui osait larguer son père ! Saül se disait, en attendant au volant de sa voiture que Wendy redescende, que son jugement sur Peter avait été fallacieux. Il avait toujours pris sa défense en dépit de ses défaillances. Face à son père, il avait constitué ce justicier cherchant à défendre la veuve et l'orphelin. Pour lui, son frère avait toujours été cette ligne rouge à ne pas franchir. Même sa mère avait compris cela et ne se hasardait jamais à lui faire des remarques désobligeantes sur son compte. Pour lui, Peter était son frère et les liens du sang sont plus forts que tout le reste, que toutes les considérations. Or, son frère n'était son frère que parce que l'enfant du même père, Sébastien Wenderworth. Et donc, son géniteur était encore plus important. Son père était une priorité absolue ! Au même titre que sa mère.

   La chose pourrait paraître à certains farfelue, tirée par les cheveux, voire inconcevable. Pourquoi tant valoriser un père, ou une mère, au détriment d'un frère, sœur, ou quiconque ? Bonne question. Une très bonne question. Il faudrait savoir que dans certaines cultures et religions, les parents et leur bénédiction sont une source de bénédiction divine. Pour que Dieu consente à bénir quelqu'un il faut d'abord que sa mère le fasse. Sans son accord, Dieu maudira la personne. Pour dire la valeur accordée à la génétrice, puis après vient le père. Une façon de reconnaître ses sacrifices, son endurance et ses souffrances. Depuis le moment où la femme découvre sa grossesse, découvre qu'un être se développe dans son utérus, se développe en elle et se nourrit d'elle, sa lutte pour sauvegarder son enfant ne connaît pas de limite. Un combat continuel, journalier en vue de lui assurer un environnement approprié, adéquat, propice à son épanouissement et souvent la chose se réalise à ses dépens. D'où la nécessité de reconnaître les bienfaits des parents et surtout ceux de la mère dont l'amour n'égale aucun autre. Dans une certaine religion, dieu affirme que le paradis se trouve sous les pieds des mamans. Autrement dit que s'assurer une place au paradis dépend de la bénédiction maternelle.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant