CHAPITRE LXVII.

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                               DE

  GIGANTESQUES    SURPRISES.

                   ( PARTIE II )

     Jouant à la courroucée, Annie se drapa dans une dignité qu'elle ne possédait point et opposa aux questions de son fils désagréable et indélicat un mutisme digne d'une reine offensée. Quant à Wendy qui ne supportait plus l'attente et l'incertitude même en s'exhortant de son mieux au calme et à l'espoir, elle lui répondit assez laconiquement :

    - Il a perdu connaissance alors qu'un moment avant il allait parfaitement bien. Nous n'en savons pas plus. Les médecins sont avec lui.

    - Qu'est-ce qui a provoqué cet étourdissement, évanouissement ou quoi qu'il soit ? interrogea encore Peter. Est-ce toi maman ? Tu lui as dit de méchantes choses ? Ou bien est-ce ton absence tout simplement ? Je t'ai dit que papa t'en voudra pour ton refus d'aller le voir !

    Bien beau ! Maintenant, Annie était dans de beaux draps ! Vraiment ! Son propre fils qui lui faisait endosser la responsabilité de l'état de son père ! Elle était donc si vilaine aux yeux de tous !? L'avait-on prise pour cible de tir !!? Mais heureusement que Peter ne songeait pas à autre chose et Wendy qui gardait le silence, dieu merci! Pourtant, jusqu'à quand cette accalmie ? Combien de temps devra-t-elle encore sentir cette corde suspendue au-dessus de son cou ? Avait-elle une chance de s'en sortir oui ou non ? Et Peter ? En cas de divulgation de toute la vérité, lui en voudrait-il ou au contraire excuserait ses agissements puisque lui-même adorait l'argent ? Annie avait créé un homme à son image : égocentrique, cupide et insensible. Seule sa personne lui importait et même son inquiétude pour son père devait avoir pour origine uniquement son souci de s'assurer sa succession ! Telle mère, tel fils !

    - Qui pourra nous renseigner ? questionna Peter incapable de tenir en place.

    - Tu devrais aller boire quelque chose et te calmer, lui conseilla Wendy. Saül et les autres vont bientôt venir et il serait vraiment impoli de voir ta mère attaquer Gabrielle comme tu l'as déjà fait !

    - L'attaquer !? Quelle idée ! Maman saura bien se tenir ! Papa est déjà très remonté contre elle !

    Annie avait une forte, une folle envie d'étrangler son fils faute de pouvoir le gifler, chose jamais faite auparavant. Ce même fils pour qui elle avait tout osé ! Pourtant, Peter ne savait rien de ses magouilles, de ses sales tours et de ses crimes. N'est-ce pas un grave crime que de lui mentir sur l'identité de son vrai père ? Son fils l'horripilait, Wendy mettait sa vie, son calme et son bien-être sens dessus-dessous et il fallait encore que cette Gaby vienne fourrer son nez là où elle n'avait que faire ? De quoi se mêlait-elle ? Une femme divorcée, une ex., qu'avait-elle à se préoccuper d'un mari qui lui avait préféré une autre ? Aucune dignité ! Aucun orgueil ! Comme si elle, Annie, en avait jamais soupçonné l'existence ! En plus des provocations de Wendy et de cette Julia Grandet, face à qui elle avait perdu incapable de tenir tête, il lui faudrait donc supporter une mijaurée telle cette Gabrielle King qui l'avait toujours considéré comme une inférieure, une fille du peuple, une misérable serveuse qui gagnait son pain à la sueur de son front !?

    Mesquine et hypocrite jusqu'au bout des ongles, cette Annie, n'est-ce pas ? Certes, il allait de soi qu'elle suait ! Pour baiser le premier venu, ouvrir ses cuisses et se laisser labourer les flancs et les entrailles, pour se laisser chevaucher et payer en retour ! Une fille de petite vertu, à vouloir être snob et bien élevée ! Une pure prostituée vendant son corps et attendant le moment propice de mettre le grappin sur un riche connard trop bête, ou trop naïf, pour voir clair dans son jeu ! A défaut de pouvoir épouser le raté dont elle était amoureuse !

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant