LES PIONS SE METTENT
EN PLACE.
Il serait vraiment inutile de dire ou de décrire la gaieté des King devant le réveil du chef de la famille. Une joie incommensurable et authentique. Le malaise était déjà oublié, banni des mémoires mais ses effets demeuraient gravés. Grâce à la terreur ressentie, chacun avait trouvé le courage nécessaire pour exprimer ses sentiments les plus profonds et les plus enfouis. Rassurés sur son état des plus stables, les médecins ordonnèrent de le transférer dans une chambre normale. Les soins intensifs et leur angoisse étaient loin. Après les effusions et les pleurs causés par les retrouvailles, le médecin recommanda aux visiteurs de rentrer chez eux se reposer et de revenir le lendemain matin. Patricia eut beau insister pour rester au chevet de son mari, ce dernier aidé par le praticien la convainquirent de rentrer car il était plus judicieux pour une femme de son âge de dormir dans un lit confortable au lieu de passer une nuit blanche. Par ailleurs, tout allait pour le mieux et les infirmiers étaient payés pour veiller sur les patients, de jour comme de nuit. Donc, tout le monde rentra chez lui. Même Saül. A un moment donné, il avait pensé rester sur place afin de recevoir sa mère à son arrivée, puis il s'était dit que le plus approprié serait que sa mère rentre à la maison se doucher, se changer et se sustenter avant d'aller voir son père. Il pourrait toujours prétexter que les visites étaient interdites. Finalement, il rentra à la grande maison pendant que les autres rentraient chez eux, dans leur maison familiale.
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Se retrouver seul sans la grande maison lui donna une drôle d'impression. Depuis toujours, il s'était habitué à y demeurer sans nécessairement attendre sa mère. La savoir au loin, mais pensant à lui, lui suffisait. Cependant, ce soir, il percevait son absence de façon différente. Très différente. Pour la première fois, il sentait un certain vide, un certain esseulement, une certaine solitude. Pourquoi ? Pourquoi un tel changement ? Depuis quand se souciait-il de se retrouver seul ? Le fait de s'être retrouvé en famille y était-il pour quelque chose ? Avec du recul, pouvait-il analyser ses sentiments lors de ses rencontres avec ses oncles et son grand-père ? Au fait, avait-il vraiment ressenti quelque chose ? Quelque chose de particulier ?
Avec ses oncles, il avait cru retrouver la même bonhomie que celle de sa grand-mère. Deux hommes grands et robustes et pourtant dégageant une gentillesse et une courtoisie fort palpables. Chez eux, tout était dans les gestes qui étaient posés et sûrs. Des gens simples et ouverts mais un peu trop dépendants; dépendant de la force de leur père à qui ils étaient très attachés. Il avait été heureux de les voir de près et de leur parler. Bien sûr les circonstances ne prêtaient pas à la discussion ni aux privautés, mais en général, la rencontre s'était bien passée. Il n'oubliera jamais leur joie, ni leur forte accolade au moment de son annonce du réveil du malade. Bref, des gens sympathiques.
Toute la révélation fut avec son grand-père. Un homme âgé et pourtant si fort et si impactant. De beaux yeux bleus d'un bleu si clair qu'il vous prenait aux entrailles et vous happait le regard, vous sondant, vous soupesant... On eut dit que toute la vie, la vitalité et la verve étaient concentrées dans ces yeux bleus. Ce n'était pas tant la couleur puisque Ron et Bob en avaient hérité. Il s'agissait de toute une âme qui se reflétait dans ces yeux, dans ce regard... Saül avait la capacité de jauger les gens du premier regard. Tout comme il avait pensé que Connie ne pouvait pas être une personne très intéressante, tout comme il pouvait savoir si la collaboration allait continuer ou non avec une telle ou telle société, il avait compris que son grand-père, un homme en apparence faible et fragile mais connu pour sa force et son autorité, était au fond quelqu'un de bon qui cherchait à savoir s'il était vraiment aimé par les siens. Saül se dit que c'était souvent la malédiction de l'argent. Les rapports entre parents et enfants se trouvaient basées sur l'intérêt. Parfois même la cupidité. Certains pères trop autoritaires épuisent l'affection de leurs enfants les poussant à espérer leur mort en vue d'un héritage conséquent. Et lorsque la fortune n'est pas équitablement distribuée, les frictions et les heurts se multiplient empoisonnant l'existence des vivants.
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UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ).
RomanceUne jeune fille, en apparence fragile avec sa petite taille menue et trop mince. Son métier ? Ébéniste et dessinatrice concevant les croquis de meubles de luxe. Ses hobbies? S'occuper de ses animaux, faire de la pâtisserie et jouer à la boxe. Une r...