CHAPITRE XXI.

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        LE COMPTE À REBOURS.

  Travailler avec acharnement sans discontinuer ne posait aucun problème à Wendy. Grâce à Jean-Pierre qui l'assistait, elle faisait les bouchées doubles. Artisan doué et intelligent, il fabriquait consciencieusement les meubles dessinés, des meubles qu'il avait du mal à croire réels. S'il ne les fabriquait pas lui-même, il se dirait que des génies s'en étaient occupés. Wendy avait des idées si révolutionnaires concernant le design et attachait une gigantesque importance au plus petit détail. Minutieuse, elle offrait de si beaux meubles qu'il était carrément impossible de ne pas les apprécier. Avec son expérience, Jean-Pierre ne pouvait qu'applaudir un aussi confirmé talent et être sûr et certain de son grandiose succès. Avec une employée aussi douée et dotée du sens de la responsabilité, la WF pouvait dormir sur ses deux oreilles et se préparer à recevoir le meilleur prix. Et le plus merveilleux était sa capacité de pouvoir, une fois fatiguée ou trop harassée par le rythme soutenu de la besogne, de se reposer pour se ressourcer... en travaillant sur ses commandes particulières. Alors là, Jean-Pierre lui tirait son chapeau bien bas ! Des pièces rares, uniques et vraiment particulières ! Jean-Pierre ne regrettait nullement son forfait puisque grâce à lui il vivait en contact direct avec l'une des ébénistes les plus doués. Sa collaboration avec Wendy lui permettait de perfectionner ses connaissances et toujours relever la barre de ses compétences. Avec elle, il ne risquait point de chômer, ni de se lasser puisque le travail n'était jamais le même. Constamment en perpétuelle investigation, elle produisait des chefs-d'œuvre devant lesquels l'on ne pouvait que se prosterner car dévoilant une conscience aiguë et un talent indescriptible. Sébastien Wendworth était un homme béni des cieux ! Si son fils dont l'inspiration semblait s'être tarie ne faisait pas un effort, il serait supplanté aussi sûr que monsieur Sébastien s'appelait le perfectionniste à la recherche des meilleurs talents !

   Pour l'instant, et il comptait en tirer profit, Jean-Pierre vivait la meilleure partie de son existence. En côtoyant Wendy Wellington, il apprenait beaucoup tant sur le plan humain que professionnel. Une personne gentille et tendre à un point inimaginable. Ses animaux étaient traités comme des bébés ne manquant de rien, ni de nourriture, ni de soins et encore moins d'amour. Son personnel fidèle et consciencieux faisait son travail avec un scrupule assidu et appliqué démontrant ainsi sa gratitude à une personne le traitant d'égale à égal. Les clients qui venaient jusqu'à chez elle pour des commandes spéciales ou des achats étaient triés sur le volet et repartaient toujours heureux et même extasiés promettant de revenir encore et encore. Jean-Pierre s'était demandé en arrivant la première fois chez Wendy en découvrant le luxe de sa demeure comment elle pouvait se permettre un tel standing. Maintenant, avec le temps, il était fixé. Ses meubles, en tant qu'ébéniste, s'achetaient à des prix exorbitants, avec le sourire aux lèvres. Même ceux qui venaient avec l'idée de marchander repartaient plus que satisfaits, après avoir payé le montant exigé. Tendre et affectueuse, Wendy l'était. Prête à offrir le gîte et le couvert à des nécessiteux, elle l'était aussi. Ne pas juger ni condamner sans comprendre ni donner une seconde chance, elle possédait assurément ces deux belles qualités. Mais accepter de rabaisser de la valeur de ses créations !? Jamais ! Dure en affaires, elle disait toujours la vérité à Jean-Pierre sur le niveau de son travail. Tendant à la perfection, elle l'obligeait parfois à refaire le travail ou à rattraper son erreur. Rien ne devait venir ternir la beauté de l'ouvrage. En artiste consommée et rompue à la correction du détail, Wendy passait pour maîtresse dans son domaine. Et Jean-Pierre parfaitement conscient de la chose exécutait ses ordres et suivait ses directives en enregistrant toutes les remarques sûr de leur justesse et utilité. Pour le moment il se focalisait sur une table à pieds rétractables, à rallonger ou à réduire.... Il devait faire vite et bien car le compte à rebours avait commencé...

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  Wendy était assise à l'arrière de la voiture penchée sur l'un des sempiternels croquis cherchant à l'affiner, à lui rajouter une touche de vraie créativité, tentant de rehausser de sa qualité et de son confort. Il s'agissait d'un tabouret bas, comme ceux des Schtroumpfs. Son idée était d'en créer toute une gamme, un lot de cinq ou six, du plus grand vers le plus petit, en des couleurs différentes, mais de façon aussi à pouvoir en user comme bacs de rangement et table-bureau. L'idée lui paraissait bonne pour des enfants et surtout par esprit d'économie d'espace. Absorbée, elle n'entendit pas Elliott lui dire qu'ils étaient arrivés. Le jeune homme, conscient de son besoin de se concentrer, préférant ne point la déranger, jugea bon de la laisser se rendre compte de l'arrêt de la voiture. Au bout de dix bonnes minutes, il vit l'ébauche d'un heureux sourire se dessiner sur les belles lèvres de la jeune fille montrant ainsi que son idée se concrétisait. Ramassant tablette, crayon et calepin, Wendy descendit en remerciant Elliott de sa discrétion et de sa courtoisie.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant