CHAPITRE XXVII.

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            RETROUVAILLES.

   - Grand-mère !

  Saül se pencha vers sa mamie, la prit dans ses bras et lui déposa un baiser sur le sommet de la tête. Depuis qu'il était capable de percevoir les gens et le monde environnant, sa grand-mère avait toujours fait partie de son monde étant la seule de sa famille, du côté de sa mère, à se soucier de lui, d'eux. Une mamie formidable qui avait constamment cherché à combler le vide que tout enfant pourrait éprouver en se sentant sans grande famille. Le petit-fils et la mamie s'entendaient bien. Saül, dans sa précocité, avait compris depuis longtemps le dur combat que livrait cette femme pour jongler entre la fille et le mari, étant tous deux têtus et inébranlables.

   - Tu es venu ! Que je suis heureuse ! Laisse-moi te présenter tes oncles : Ron et Bob. Voici votre neveu, Saül, le fils de Gaby.

    Quelle tristesse ! Après presque une trentaine d'années, il faisait la connaissance de ses oncles et avait encore besoin d'être présenté ! N'étaient-ce les tristes circonstances, il en aurait ri !

   Saül se contenta de hocher la tête, mais Ron, le premier, lui tendit la main l'obligeant ainsi à dévoiler ses intentions. Leur pardonner et les accepter ou les rejeter. Sans retour. Saül, ainsi que nous le savons déjà, n'était pas homme à juger. Ni à décider d'un parti pris sans connaissance de cause. Le problème, initial, existait entre sa mère et... sa famille. Alors à eux de le régler. Lui n'avait de dent contre personne. Il n'avait besoin de personne.

   En homme mûr, civilisé et connaissant les bonnes manières, il tendit la main et serra celle de son oncle de façon ferme. La poigne d'un homme sûr de lui et jouissant d'une  personnalité de fer.

  - Ravi de rencontrer, enfin, mon cher neveu. J'ai toujours été fier de tes succès.

  - Merci, répondit simplement Saül ne dévoilant rien de son étonnement car intérieurement sa stupéfaction était grande.

  Pourquoi un oncle qui ne s'était jamais soucié de sa sœur, qui ne s'était même pas donné la peine de soulever le récepteur d'un téléphone pour s'enquérir d'elle, se serait-il soucié de son fils !? Pourquoi s'intéresser au neveu lorsque l'on se souciait de la sœur comme d'une guigne !? Pourtant, il semblait être au courant de tout ce qui touchait ce neveu en question, alors que dire de la sœur ?

   Bob, à son tour, tendit la main à Saül et lui dit :

  - Je suis enchanté de voir enfin ce cher neveu si célèbre qui a su réjouir plein d'enfants, avec ses super jouets. Comme ta mère, tu réussis tout ce que tu entreprends.

   Ainsi donc, ils disaient vrai !? Ils suivaient vraiment son évolution !? Ils connaissaient sa spécialité et son domaine de prédilection !? Comme ils le faisaient pour sa mère !? Depuis toutes ces années de coupure !? De loin !? 

    Quel gâchis !

   Mais le temps n'était point aux explications, ni aux reproches. Il fallait avant tout s'enquérir de l'état de santé de son... grand-père.

   - Merci. Comment va-... t-il ? demanda-t-il en butant sur le dernier mot.

   Comment devrait-il désigner un homme qu'il ne connaissait pas bien qu'il soit... le père de sa mère ? Comment qualifier un homme supposé être son... grand-père alors qu'il a répudié sa propre fille ? Comment parler d'un homme qui n'avait jamais pris en considération les liens du sang faisant comme si sa fille, la chair de sa chair, était morte et ensevelie ? Comment...? Comment...?

   Mais au final, quelle importance ? L'essentiel, pour le moment, était de s'assurer avant tout de l'état de santé d'un être humain et qui en plus avait une relation étroite avec sa mère. Et abstraction faite de cela aussi et des mauvais rapports qu'ils entretenaient, c'était pour lui, une façon de se montrer sensible à la douleur de sa grand-mère qui n'avait jamais failli à ses devoirs. Par ailleurs, il avait promis à sa mère de se rendre sur place afin de la tenir au courant et il tenait à s'acquitter de sa promesse.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant