CHAPITRE XXXVIII.

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           LE POURQUOI....

    Isaac qui avait d'abord vu l'arrivée intempestive de Wendy avec un mauvais œil réalisait que sa chance était grande et que l'initiative de Sébastien d'amener avec lui une convive sans prévenir relevait du coup de la chance. Ou du destin. Parfois certains dés sont distribués selon une vision futuriste ciblant un résultat encore inconnu mais dont les prémices sentent déjà bon embaumant l'ambiance de joie et d'euphorie. Isaac était certain que le fait qu'une parfaite inconnue arrive à l'improviste pour respecter un coup de tête de son patron l'invitant à un dîner où il était lui-même convié inopinément par son ex. belle-famille qui ne l'avait jamais agréé ne pouvait être qu'un coup fomenté par les cieux.

  Le plus surprenant était ce coup du cœur qu'il avait eu pour Wendy dès que son étonnement était passé. Une personne exquise proprement capable de se défendre face à un malappris imbu de sa personne en dépit de sa frêle taille, simple et humble dans sa tenue et ses manières, besognant dur comme si sa survie en dépendait alors que la colossale fortune de son grand-père lui permettait de vivre telle une tsarine.

   Il se sentait déjà redevable à Sébastien et il l'était devenu doublement.

  - Où se trouve-t-il en ce moment ? demanda-t-il à l'intention de Wendy.

  - Qui ? Papy ?.... La dernière fois il était sur son yacht en croisière. Il allait venir me retrouver mais il a été retenu en urgence. Je n'ai pas de détails.

  - Vous pouvez l'appeler ?

  - Maintenant !?

  - Si ça ne pose pas problème.

  - Bien évidemment. Je peux appeler mon papy à toute heure du jour ou de la nuit. Et sans attendre, elle prit son téléphone posé devant elle sur la table et chercha le numéro sur sa liste d'appels. Elle choisit un appel-vidéo.

**************

   Pendant que Wendy parlait à son papinou et présentait son  nouvel ami s'avérant être celui du grand Wellington, Saül se trouvait coincé dans un avion en partance pour la Turquie. Conclure de nouvelles affaires, boucler des projets en cours, toucher des sommes faramineuses étaient l'ultime plaisir de Saül. Depuis toujours, être sérieux, responsable et à la hauteur étaient ses objectifs. Ne pas faillir, ni lésiner et encore moins échouer demeuraient les choses à éviter à tout prix. Être libre en contournant toutes les contraintes, entraves et liens. Un groupe de turcs avait tellement insisté pour le rencontrer et discuter avec lui au sujet d'une possibilité de contrat pour un système de sécurité révolutionnaire dont il était l'inventeur. Connu pour ses jouets, il était aussi très doué dans le domaine des systèmes de sécurité. Il en avait créé un pour une société à Chicago et comme le hasard servait bien les choses, l'un des actionneurs était un turc possédant sa propre affaire indépendante dans son pays d'origine et impressionné par son travail il avait exprimé le désir d'en avoir lui aussi. Avec le vœu de le voir perfectionné, si possible. D'où le voyage précipité de Saül. Et coincidence, son nouveau contrat de jouet était en Turquie, mais à Adana et non pas à Konya. Une occasion de découvrir de nouvelles villes dans un pays qu'il aimait beaucoup ayant déjà eu l'opportunité de visiter Istanbul, Izmir et Bursa. Donc, les affaires marchaient bien sur tous les plans. Il avait de nombreux contrats, réussissait comme il le voulait, gagnait de l'argent et menait une vie à sa guise. Il devrait être heureux. Mais non, il se sentait seulement satisfait là où d'ordinaire il aurait ressenti un bonheur complet. Son âme avait besoin de quelque chose d'autre. D'un plus. Un extra. Comme quoi ?... Comme un bon entraînement avec un petit bout de femme capable de lui faire entrevoir des étoiles en plein jour. Ou rencontrer un regard gris similaire au sien et pourtant oh combien différent! Un regard doux, velouté et chaleureux. Contempler le corps d'une femme à l'innocence exacerbée. Sentir son parfum envoûtant aux fragrances du chèvrefeuille... Décidément, il perdait la boule ! Depuis quand faisait-il attention à de tels détails !? Il avait enfin pu vraiment respirer depuis le départ de Connie ! Qu'avait-il à chercher à se compliquer la vie ? Évidemment, Championne était une véritable beauté et tout homme bien constitué rêverait de l'avoir à lui,... Justement, un rêve ! Un pur rêve ! Une fumée de son esprit dérangé ! Était-il sain de laisser hanter ainsi par une parfaite inconnue dont il ignorait jusqu'à l'identité !? Mais dont il pourrait dessiner le corps de mémoire ! Revivre chaque sensation à son contact ! Ressusciter chaque battement de cœur devant son sourire ensorcelant !... Dieu du ciel ! Perdait-il les pédales !? Il lui manquait juste de composer des vers ! Amplement mérités pour chanter le charme féminin personnifié ! Wendy était une sirène, une nymphe, une muse .... Hélas, le destin, la malchance, les cieux ou les hommes se liguaient pour lui mettre des bâtons dans les roues et l'empêcher de la revoir et de vivre quelque chose de tangible avec elle. Le voulait-il vraiment ? N'avait-il pas pris la décision de rester seul sans liens à long terme ? Avec Wendy, il rêvait de quelque chose de continuel, de long, de profond. De vrai. C'était décidé, dès qu'il arriverait en Turquie, il téléphonerait à Sam pour lui demander les coordonnés de la jeune fille. Le reste... Eh bien, ce serait à lui de jouer ! Il avait envie de faire une vraie histoire d'amour avec des rendez-vous, des fleurs, du chocolat, des dîners romantiques à la lueur des chandelles,...

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant