CHAPITRE XLIV.

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           CHEMINS CROISÉS.
     
          QUATRIÈME PARTIE.

   De nature calme et posée Saül se targuait d'être capable de faire face à toutes les situations. Ne s'étonnant de rien, il avançait dans la vie sans s'arrêter aux détails, ni aux autres. Jusqu'à l'entrée en scène de Championne. En voyant les images de la boîte et en lisant le mot photographiés il eut la pressante et irrésistible envie de s'envoler en une seule traite vers Chicago pour pouvoir toucher et humer les deux objets que les mains délicates de la jeune fille avaient manipulés. Tel cet adolescent imberbe vivant ses perturbations hormonales, il avait des palpitations cardiaques si soudaines et une sudation si forte qu'il craignait de mourir sur place ou du moins de perdre conscience. Il ne se reconnaissait plus. Était-ce cela l'amour ? L'amour signifiait-il palpiter à l'idée de revoir l'autre ? L'amour signifiait-il survivre avec l'espoir de voir une étincelle d'intérêt dans l'œil de l'autre ? L'amour signifiait-il trembler à l'idée funeste de ne plus revoir l'autre ? Mais était-ce vraiment de l'amour ? Comment pouvait-il aimer une fille qu'il connaissait à peine ? N'était-ce pas justement ÇA l'amour vous tombant dessus ainsi que la foudre sans crier gare !? Toutefois, était-il possible, concevable même, d'aimer une parfaite inconnue !? Que savait-il d'elle au juste ? Si peu de choses ! Mais elle avait des directs si vifs et surprenants ! Et des coups de pieds et du genou incroyables ! Sans oublier sa vivacité à réagir et à frapper là où cela faisait le plus mal ! Et ses répliques tranchantes ! Une assurance sans aucune défaillance ! Force, assurance et... beauté ! Un cocktail explosif ! Il ne la connaissait peut-être pas de la manière qu'il désirait, or ce qu'il savait d'elle lui donnait l'irrésistible envie de mieux la connaître. De devenir pour elle son premier centre d'intérêt. Il aurait pu tenter de l'oublier mais avec son présent elle lui avait fourni une excuse, et une bonne raison, de croire à une suite à leur rencontre. A leur histoire. Leurs chemins finiraient bien par se recroiser.

   Encore plongé dans ses pensées et projets, il entendit son téléphoner sonner signifiant l'arrivée d'un appel de la part de sa mère. Il avait choisi pour elle une sonnerie spéciale : une chanson de Julio Iglesias "El amor". Sa mère adorait dans sa jeunesse cette chanson et Saül la gardait jalousement comme souvenir de celle qui lui avait donné le jour. Un amour fou auquel elle avait cru mais qui était devenu sa source de malheur.

   - Allô !

   - Maman ! Que je suis content d'entendre ta voix ! Tout va bien ? Tu vas bien ?

   - Je vais bien. Je vais très bien même.

   - J'en suis heureux. Mais quel enthousiasme ! Quelque chose de spécial ?

   - Une interview exclusive avec la perle rare qui a réalisé les merveilles de W. F.! La revue à été publiée hier avec un numéro spécial. Le stock s'est épuisé en début d'après-midi et les demandes ont plu sur notre standard jusqu'à la publication d'un nouveau chiffre. Sébastien m'a dit qu'il en allait de même pour les commandes. Sans oublier que faire la connaissance de Wendy est en lui-même un évènement. Un honneur.

   - Wendy !?

   - Oui. La jeune fille qui a veillé à la réalisation du réel et vrai chef-d'œuvre et qui propulsé W. F. vers des sommets insoupçonnés. Ton père est aux anges. Et moi aussi. Notre journal a réalisé un chiffre jamais atteint. Mais il faut croire aussi qu'en plus de la qualité de son travail, Wendy est une vraie beauté. Elle ressemble davantage au top-model qu'à la menuisière ou ébéniste.

   - La nouvelle recrue !? Je croyais qu'il s'agissait d'un homme !

   - Non. C'est une vraie femme. Une beauté et une intelligence incroyables ! Et ne parlons pas de sa personnalité ! Une iron woman dans le vrai sens de l'appellation.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant