Chapitre 27

3.7K 202 3
                                    


Nous mettons quelques secondes avant de prendre totalement conscience de la situation. Nous faisons comme pour les entrainements; nous éteignons nos téléphones, le prof se dépêche de fermer la porte à clé, ainsi que les fenêtres et les volets. Nous nous levons de nos chaises et allons nous assoir par terre, contre le mur, dans le silence le plus total. 

Néanmoins, quelque chose était différent comparer au entrainements. Les autres fois, nous savions que ce n'était pas réel, alors l'atmosphère était plus détendue. Là, je peux voir de l'appréhension dans les yeux de mes camarades, y compris notre professeur. Certain laisse même entendre une respiration saccadée, tout en essayant de faire le moins de bruit possible.

Quant à moi, je ne sais pas ce que je ressens. Entre la sonnerie et maintenant, à peine trois minutes se sont écoulées. C'est allé tellement vite. Si vite que je crois que mon cerveau n'a pas encore entièrement prit conscience de la situation dans laquelle nous sommes. Je me sens vide, dépourvue d'émotions.

Environ deux minutes s'écoulent avant que nous n'entendions un bruit venant du couloir ; des pas. Énormément de bruits de pas. Nous sommes tous tendus et repliés les uns sur les autres, je sens les ongles d'Alice dans mon bras, elle est pétrifiée. J'essaye de la rassurer lorsque nous entendons que les pas se sont arrêtés. Pourtant ils sont encore là, je le sens, c'est oppressant. Soudain, un bruit vient couper ce silence...

Quelqu'un vient tout juste de toquer à la porte.

Sérieusement ?! Ils pensent vraiment qu'on va leur ouvrir et les inviter à boire le thé ?

En l'absence de réponse de notre part, ils prennent l'initiative de défoncer la poignée de porte, comme pour toutes les autres salles. On n'entend plus que les bruits des portes qui s'ouvrent brutalement dans tout l'établissement avant de s'écrasées sur le sol pour certaines, comme c'est le cas pour la notre, les salles du troisième étages étant les plus vieilles. Deux personnes rentrent alors dans chacune des salles. On voit deux hommes, l'un armé d'une mitraillette, et l'autre de deux pistolets. Il nous faut à peine quelques secondes pour les reconnaitre, ce sont les agents d'entretiens et les électriciens que nous voyons déambuler dans le lycée depuis ce matin. En même temps, quoi de plus pratique que ce genre de chariots de ménage pour planquer des armes. 

Ils ne nous adressent même pas un mot, pas une menace. Ils se contentent juste de nous regarder, mais ne laissent rien paraitre.

Quelques instants plus tard, nous entendons un nouveau bruit, ... des voitures de police. Je peux voir dans les yeux de certains de mes camarades, qu'ils reprennent espoir. D'un coup, nous entendons une voix parler à l'aide d'un porte-voix, ce qui interpelle à peine nos nouveaux amis.

- " C'est la police qui vous parle, libérez les otages et rendez-vous sur le champs avant que quelqu'un ne soit blessé. "

Cependant, les ravisseurs ne réagissent pas. En tout cas  ... pas ... normalement. C'est assez bizarre et ça me rend plutôt confuse.

Ils ne réagissent pas, ... pas parce qu'ils n'ont rien à dire, ... mais plus, ... comme si ils n'avaient pas compris les paroles du policier. Ce dernier retente la discussion plusieurs fois, utilisant d'autres argument, essayant de les convaincre, mais toujours la même absence de réaction de leur part. Je lève la tête et vois quelque chose qui vient confirmer mes doutes; des oreillettes.

Soudain, je me mets à avoir un petit rire nerveux, qui se mélange à une larme. Ce qui m'attire les regards de mes camarades. Mais ce n'est pas à cause de la peur. Au contraire, je ne ressens rien qui s'apparente à de la peur. C'est assez paradoxale comme situation; on est coincés dans une salle, avec des hommes armés jusqu'aux dents qui nous menace, et pourtant ... je viens de comprendre, ... qu'ils ne peuvent pas me faire de mal. Parce que la personne derrière l'oreillette, ... c'est Victoria.

Voyez-vous, je m'étais quand même renseigné sur leurs manières de fonctionner. Et d'un coup, tout prend sens. Ils se sont infiltrés et ont passés du temps avec nous pour pouvoir lancer l'assaut de l'intérieur. Le fait de couper les câbles, permettait de faire rentrer les armes dans le lycée comme si de rien n'était. Les brouilleurs quant à eux, n'étaient pas destinés à nos téléphones, mais à la police, pour qu'ils ne puissent pas intercepter leurs discussions via oreillettes, elles doivent avoir juste assez de fréquence pour pouvoir communiquer en morse. C'est un procédé typique de la Cosa Nostra. Ils envoient des hommes et femmes qui ne parlent pas la langue du pays, pour qu'ils ne puissent pas les trahir et négocier avec la police. Ils sont également tous équipés de mini caméras et de traceurs. Ils ne peuvent donc recevoir leurs instructions que de leur Parrain ou Marraine, qui voit et écoute toute la scène comme si ils y étaient.

Par contre, il y a quelque chose que je ne comprend pas. Pourquoi avoir laissé les alarmes actives. Elle a pensé à tout dans les moindres détails, alors si ces câbles là n'ont pas été coupés, ce n'est pas un hasard ou une erreur. C'est un choix. Mais pourquoi vouloir impliquer la police ? Je ne comprends pas. 

Une dizaine de minutes passent. Le policier a encore essayé d'entrer en contact, mais les deux hommes n'ont pas bougés une seule fois. Hormis à cet instant précis... 

A Mafia's VictoriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant