Chapitre 107

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Il est aux alentours de 21h30 lorsque nous quittons l'appartement en direction de cette soirée. 

Nous arrivons en face d'une galerie d'art faisant une exposition nocturne. Une fois à l'intérieur, Victoria demande à l'un des vigils où se trouvent les toilettes, normalement interdits au public. Il nous fait traverser la galerie et nous y emmène, en nous indiquant la porte du fond.

Lorsqu'on l'ouvre, on se retrouve sur un petit balcon, surplombant une toute autre salle, bien moins connues du public. Nous descendons un grand escaliers en colimaçon, menant à un grand bar aux néons bleu, et dans le reste de la pièce, une bonne soixantaine de personnes, une grande piste de dance avec un DJ, ainsi que quelques tables et banquettes. La pièce est plutôt haute sous plafond, avec des énormes projecteurs de différentes couleurs en guise d'éclairage.

Nous commandons à boire, un Gin Fizz pour Victoria, et un Negroni pour ma part. Puis nous décidons d'aller danser un peu. Beaucoup même. La musique était forte, si bien que je me demande comment les gens d'en haut font pour ne pas écouter. Les murs doivent être vachement insonorisés !

Victoria me chercha du regard avant de m'embrasser, plaçant son bras autour de mon cou. Ses lèvres ont le gout de gin et citron accompagnés de rouge à lèvre. Le mélange est exquis. Je ne pouvait pas me focaliser sur autre chose qu'elle et moi. Cette soirée ne pouvait pas mieux commencer.


Au bout d'un moment, alors que nous étions de retours au bar, une autre tournée à notre actif, je peux voir qu'elle est préoccupée, mais par quoi je ne sais pas. Elle n'a d'ailleurs presque pas toucher à son verre, contrairement à moi qui suis prête à en commander un autre.


- " Vic, ça va ? " finis-je par lui demander. Je la vois hésiter avant de répondre.

- " C'est rien. " dit-elle simplement.

- " Vic qu'est-ce qu'il y a ? " continuais-je, ne la croyant pas.

- " Chloé... " soupire-t-elle. " Pas maintenant. C'est pas important. " dit-elle simplement, trop simplement.

- " Vic je commence à te connaitre. Ça l'est. "

- " On est venu pour s'amuser, alors faisons le. Ok. "

- " ... Vic... "

- " Ça peut attendre jusqu'à demain. Je te le jure. C'est juste moi qui réfléchi trop. "

- " Je ne te crois pas. Lorsque tu mens tu te renfermes et devient froide, comme maintenant. Donc désolé de te dire ça mais tant que tu ne m'auras pas dit ce qui te préoccupe je n'arrêterai pas de te poser la question. " Victoria finit enfin par boire son verre, cul sec.

- " Ce qui me préoccupe ? ... C'est que dans deux semaines ce sera la fin des vacances. " dit-elle finalement.

- " Et alors ? " demandais-je perplexe.

- " Alors ? Alors ça signifie que c'est bientôt le moment ... pour toi de rentrer. " dit-elle, une pointe d'hésitation dans sa voix.

- " De quoi tu parles ? "

- " ... Chloé... Tu ne comptes pas rester ? " me demanda-t-elle, réellement préoccupée quant au fait que je le veuille.

- " Pourquoi pas ? Tout ce passe bien. "

- " Ça ne veut pas dire pour autant que tu dois rester indéfiniment. "

- " Tu te fous de ma gueule j'espère ? "

- " Non. "

- " C'est toi qui voulais que je te laisse une chance ! C'est toi qui a tout fais pour, quitte à mettre le bordel dans ma vie, et lorsque tu l'as enfin tu veux que je m'en aille ?! " dis-je commençant à m'emporter.

- " C'est pas aussi simple. " dit-elle, elle, gardant son calme. J'essaie de distinguer ses émotions, en me calmant à mon tour. M'énerver n'arrangera rien.

- " Dans ce cas explique moi. " Elle se lève et m'entraîne avec elle en haut des escaliers, de retours dans les toilettes, afin qu'on soit au calme.

- " ... Si tu restes je vais finir par te faire souffrir, je me connais, et je ne veux pas que ça arrive. " admet-elle, les larmes presque au bord des yeux.

- " Pourquoi tu dis ça ? " Je cherche son regard mais il est insaisissable. " Je ne sais pas ce qui te fais penser ça, mais ce que je sais c'est que je peux entendre beaucoup de choses. Encore plus lorsqu'elles me concernent. "

- " Parce que c'est la réalité. Tu mérites mieux que ça. "

- " ... Vic... Tu sais très bien que ce n'est pas le cas. "

- " Ah bon ? Tu veux comprendre et bien t'inquiète pas. " dit-elle plus froidement avant de prendre une grande inspiration. " ... Tu te rappelles lorsque je t'avais raconté comme quoi mon père et Sergio se sont engueulés sur quelque chose d'absolument pas important et que suite à ça ils ne se sont jamais reparlé une seule fois jusqu'à ce que l'un d'entre eux crève ? ... Et bien figure toi que c'était à cause de moi. Parce que j'avais été assez conne pour laisser quelqu'un que je connaissais poster une photo avec moi sur ses réseaux. Mon père m'a engueulé et il avait raison car c'était pour protéger mon identité, notre héritage et business, mais surtout pour qu'on ne puisse jamais remonter à Milo et Angela. Sergio lui n'a pas compris pourquoi il avait été aussi dur avec moi et le lui a fait savoir... Ensuite... Ma mère. Si elle s'est barrée c'est à cause de moi, pas de mon père, parce qu'elle ne me supportait plus, qu'elle me voyait comme la source de tous ses problèmes et que mon père prenait ma défense et pas la sienne... Maintenant... Tara. Je n'ai rien besoin d'ajouter tu sais déjà l'histoire et qui en est la responsable... Aussi Milo et Angela qui ont été séparés de leur grande sœur, de leur père alors qu'il était sur son lit de mort juste pour me protéger moi, pas pour leur bien... Sans oublier mes exes, dont une qui s'est suicidée, et encore, je suis sûr que j'oublie tellement de chose vu l'aimant à malheurs que je suis. "

- " ... Vic... " elle ne me laisse pas continuer et me coupe la parole.

- " Oh, et j'avais faillis oublié, au tout départ la seule chose que je voulais c'était coucher avec toi, comme je le fais avec n'importe qu'elle fille que je trouve belle, mais figure toi que ce jeu de fuis moi je te suis, suis moi je te fuis qu'il y a eu entre nous depuis ton anniversaire, je l'ai créé et je m'y suis accrochée pour la simple et bonne raison que ça me faisait oublier la mort de mon père... Merci d'ailleurs... Et sans le vouloir, je me suis attachée à la situation. T'avais raison au fait, quand tu t'étais énervée dans la voiture. J'avais besoin de quelqu'un dans ma vie qui m'apporte un minimum d'attention voire d'amour comme tu le fais parce que personne n'était là pour m'en donner. J'en ai encore besoin mais ça serait égoïste de ma part de te faire porter ce rôle. " 

- " Et quoi si ce rôle me plait, si moi aussi je m'y suis attachée ? "

 - " Et si je te disais que tu es prise dans l'université de tes rêves et pour le coup je te jure que je n'ai rien à voir avec le fait que tu aies été prise, c'est seulement grâce à tes compétences. " m'annonce-t-elle.

- " Aix-Marseille ? " répondis-je, surprise.

- " Ça fait déjà plusieurs semaines que je sais que tu n'étais plus sur liste d'attente puisque c'est moi qui ai confirmé le vœu à ta place lorsque tu avais reçu la notification sur ton téléphone. "

- " Pourquoi tu l'a fais ? " continuais-je, troublée.

- " Parce que je sais que ça compte pour toi, que tu es studieuse, pleine de talent et que tu as toutes les capacités pour devenir le docteur en anthropologie que tu veux et mérites d'être... Je n'ai aucun droit de te priver de cette opportunité... Chloé, crois-moi, rompre est de loin la dernière chose dont j'ai envie. Je veux juste que ta vie ne dépende pas de la mienne. Et pour ça, tu dois réussir par toi même. Ça ne change rien au fait que je t'aime, au contraire, ça le prouve. "

A Mafia's VictoriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant