Chapitre 108

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Je n'arrive pas à croire ce qu'elle est en train de me dire.

- " C'est vraiment ce que tu veux ? Que je parte faire mes études et te laisser là ? Qu'on fonctionne en relation longue distance comme un petit couple ordinaire ? "

- " Si c'est pour que tu prouves au monde la femme extraordinaire et intelligente que tu es alors oui. Sans hésiter un seul instant. "

Je ne sais pas pourquoi, mais je l'embrasse. J'ai besoin de sentir que ce qu'il y a entre nous n'a pas disparu. Que ce que je ressens pour elle est bien ça ; l'amour. Oui, cette chose abstraite, compliquée et pourtant incroyable. Je le connais enfin, grâce à elle. Je l'aime. J'aime Victoria plus que ce que je n'aurai jamais imaginé lorsque tout ça a commencé.


...


Une semaine plus tard, je me suis résolue à l'écouter, à m'écouter, moi et mes rêves. Je veux devenir quelqu'un dans ce monde, qu'on connaisse mon nom et qu'on s'en rappelle dans les décennies à venir, peu importe si la femme que j'aime, elle, restera un mystère au yeux du monde.

- " Répète ce qu'on a dit. 

-  Vic... Je connais le plan par cœur. Je l'entends soupirer. Je rentre chez mes parents. Je suis sous le choque. Je réponds brièvement. On m'a attaqué et enlever... Bla bla bla... A la rentrée je vais dans l'appart que ton contact me loue à tes frais où Paolo m'attendra avec déjà deux sacs de croquettes d'avances. Je n'essaie pas de te joindre avant que tu le fasse. 

-  Très synthétisé mais ça fera l'affaire. 

- Il va falloir que je raccroche. L'avion va décoller. Je t'aime.

- Je t'aime aussi. "

Sur ce, je sors des toilettes et retourne à mon siège. 

Ces quelques heures sont certainement les plus longues que j'ai à endurer, et je sais que c'est pareil pour elle. Je ne suis pas prête à renoncer à ce qu'on a créé, au contraire, je veux tout faire pour que ça continue le plus longtemps. Et pour cela, dorénavant tout repose sur moi. Un seul faux pas de ma part, et tout s'envole en fumée. Avec un peu de chance, mes parents laisseront leurs émotions prendre le contrôle de leur raison et seront facile à berner. Pas de question que je la mette, ou nous mette en péril par manque d'attention ou mégarde de ma part.


9h02, nous atterrissons finalement à l'aéroport de Lyon. C'est à partir de maintenant que je refais officiellement surface aux yeux du monde. Je marche une bonne heure en essayant de faire du stop. 

Ma destination ? 

Ma maison. Si j'avais été kidnappée, ce serait le premier endroit que j'aurais cherché à rejoindre.

J'arrive enfin chez moi aux alentours de 13h. 

Devant la porte, je me sens fébrile et me rappelle ce dans quoi je les ai embarqué. Je n'aurais vraiment pas pu faire pire. Je m'étais dit qu'à cet instant je garderai mes yeux ouverts longtemps pour m'aider à pleurer, mais finalement, c'est bien l'émotion qui sera la cause de mes larmes. Je prends une grande inspiration et toque à la porte. J'entends des pas dans l'entrée. La porte s'ouvre et je découvre mon père, le visage impassible, certainement sous le choc de me voir. Quant à ma mère, elle ne tarde pas à arriver en n'entendant rien de la part de mon père. Lorsqu'elle me voit, c'est à son tour d'être sous le choc. Elle vient me prendre dans ses bras avec une tendresse à laquelle je n'étais presque pas habituée. Je l'entends marmonner quelque chose tandis que mon père est toujours stoïque, ce qui ne m'empêche pas de le prendre dans mes bras.  

Ils ne tardent pas à me faire entrer à l'intérieur et me proposer absolument tout ce qu'ils se trouvent dans le frigo pour essayer de me rassasier, mais je n'ai ni soif ni faim. Je m'installe dans la cuisine, prête à jouer mes cartes, et prends de grandes inspirations. 

Comme convenue je réponds brièvement à leurs premières questions, je ne rentre pas dans les détails. Puis leurs questions se font plus précises et c'est là qu'il faut que je sois vigilante. Je veux que mon histoire tienne la route.

- " C'est bien toi qui a écrit la lettre ? " demande mon père. 

- " Oui ne vous inquiétez pas, c'était bien moi. Et tout ce que j'ai dit dedans, je le pensais. On ne m'a rien forcé à écrire. " expliquais-je. 

- " Je continue de penser qu'on devrait aller à la police. " intervient ma mère. " Ils ne peuvent quand même pas s'en tirer comme ça après t'avoir séquestrée pendant deux mois. Et ça argent ou non. "

- " Et qu'est-ce que ça fera à part nous attirer des problèmes ? " dis-je. " Je suis là c'est tout ce qui compte. Je vais bien. C'est le plus important. Tu peux vérifier si ça te rassures, mais je n'ai ni perdu de poids, ni suis en mauvaise santé, je n'ai en aucun cas été frappée ou pire. Au contraire, le moment où je me suis sentie le moins en sécurité est aujourd'hui, lorsque j'ai dû rentrer toute seule sans savoir où aller et sans argent. "

- " Mais pourquoi toi ? C'est tout ce que j'aimerais savoir. " continua-t-elle.

- " On n'avait pas vraiment l'occasion de parler de ça, mais j'imagine qu'ils avaient besoin d'une garantie, au cas où leur plan se déroulait mal. Je sais que c'était les mêmes personnes qu'au lycée, sur ça je n'ai aucun doute, mais même si on en informait la police, je veux dire, je n'ai aucune idée de là où j'étais, je n'ai jamais vu leurs visages, rien entendu ou vu qui pourrait servir de piste. Alors si la police n'a rien pu trouver sur eux, croyez moi je ne peux pas mieux les aider. "


Nous continuons la discussion pendant encore près d'une heure, durant laquelle j'expliquais chaque détail que je pouvais inventer, autant mon ressenti que le nombre de pauses pipi auxquelles j'avais droit. Je pense les avoir tout de même rassurer et c'est le plus important. Ils finissent par me laisser aller prendre une douche et me reposer un peu dans ma chambre. Par chance ils n'ont pas établi de lien entre ça et le voyage, ou quoi que ce soit qui touche Victoria de près ou de loin.

Tout c'est passé absolument comme je le voulais, sans accros. 

A Mafia's VictoriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant