Nous rentrons à la maison.
Je n'ai presque aucun souvenir du trajet, encore sous le choc des évènements qui viennent de se passer. Je ne mange rien, ni à midi ni le soir. J'ai eu l'envie de vomir toute l'après-midi. A chaque fois que j'essaie d'effacer ces images atroces de ma mémoire, je me rappelle de l'odeur nauséabonde de la pièce, puis de celle du four qui incinère le corps ainsi que ses effets personnels. J'ai passé ma journée dans ma chambre, allongée sur mon lit en position fœtale. Sans aucun bruit ni de ma part ni de l'extérieur. Je ne bouge qu'au moment où je me rends compte qu'il fait nuit, m'enroulant dans mes draps, n'ayant même pas la motivation d'aller fermer les volets.
Je ne sais pas par quel miracle j'ai réussi à dormir. Lorsque je me réveille, vers 8h, j'essaie de me convaincre que tout ça n'était qu'un affreux cauchemar, et que tout va bien. Malheureusement, je me rends compte que c'est bel et bien la réalité.
Je prends une douche, mais je ne bouge pas. Je me contente d'observer chacune des gouttes, les analysant presque. Je sens l'eau ruisseler sur mon visage, se mélangeant à quelques larmes égarées. Un nœud se forme dans mon ventre. D'une part, parce que ma culpabilité me rendrait presque malade, mais surtout parce que j'ai faim ! 24h que je jeûne, mon estomac me le fait maintenant comprendre. Si je le pouvais, je ne quitterai plus jamais cette chambre. C'est certainement le seul endroit dans lequel j'ai l'impression d'être un minimum en sécurité, et que rien ne peut m'atteindre. Je m'habille simplement, et m'approche de la porte.
Au moment où ma main touche la poigné, c'est comme si mes poumons manquaient d'air et que que ce dernier me compressait de tout les côtés. J'ai l'impression de suffoquer. Je sens un engourdissement soudain dans mon bras droit. Des vertiges me surviennent. Je manque de m'évanouir, mais des nausées m'en empêchent. Je connais bien ces symptômes, ils m'ont ruinés une bonne partie de mon enfance. Je suis en train de faire une crise d'angoisse.
Je prends une grande inspiration ...
9...
8...
7...
6...
5...
4...
3...
2...
1... j'expire très lentement à chaque décompte. Je recommence ce processus encore 3 fois. J'arrive enfin à entièrement me calmer. Je reprends mes esprits et vois que ma main est toujours sur la poigné. Me rappelant de mon but initial, dans un effort inouï, j'ouvre la porte. Au bout de près d'une minute, j'arrive enfin à faire un pas à l'extérieur, laissant mon cocon derrière moi. Après une nouvelle grande inspiration, et plus confiante, j'avance. Je prends mon temps pour descendre les escaliers, ne voulant pas risquer une autre crise. J'essaie de détendre un peu plus mon corps crispé à chacune des marches que je descends.
Une fois en bas, je regarde l'horloge, il est déjà 10h. Je me dirige vers la cuisine. Il n'y a personne et ça me rassure. J'ouvre le frigo et prends un simple fruit, juste histoire de faire taire mon estomac. Je l'engloutis littéralement en moins de deux minutes. J'ai encore faim mais je me sens déjà mieux, et avec les idées plus claires. Soudain, j'entends un bruit venant de la porte d'entrée. J'essaie de courir dans le salon afin d'aller retrouver les escaliers, mais c'est trop tard.
Elle est là, devant moi. Elle me fixe, certainement surprise de me voir hors de ma chambre. Je ne dis rien, j'en suis incapable. J'ai la gorge sèche et mes mains qui trembles. Une sueur froide me parvint, à m'en glacer le sang. Je jurerai avoir écouté mes dents claquer pendant un instant. Je suis figée, incapable de bouger, de parler, voir presque même de respirer. C'est comme si en un claquement de doigt, elle avait fait s'effondrer toute l'armure que je m'était forgée il y a de ça vingt minutes, sans rien faire, juste par sa présence. Je suis haletante, les larmes au bord des yeux.
Je la vois s'approcher de moi. Par réflexe, je recule, de seulement un ou deux pas avant de percuter un meuble, à présent prise au piège. Remarquant mon état, elle s'approche un peu plus. Mon corps se crispe, encore plus qu'il ne l'était déjà. J'ai l'impression d'être une statue de marbre. Elle n'est qu'à quelques dizaines de centimètres de moi.
Soudain, elle lève sa main afin de remettre sa mèche de cheveux derrière son oreille, et par réflexe je suppose, ma tête se décale sur le côté tout en clignant brièvement des yeux, ... comme pour éviter un coup.
- " Chloé... Tu ... tu ne pensais tout de même pas que j'allais te frapper ? ... Si ? " Sa voix est remplie d'inquiétude. " Je te l'ai dit, jamais je ne pourrai te faire de mal. "
En même temps qu'elle me dit ça, elle vient poser sa main droite sur mon épaule, comme pour me rassurer. Mais ça a l'effet inverse, cette fois ci, je ne respire même plus. Je me contente de baisser les yeux pour éviter son regard à tout prix.
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A Mafia's Victoria
RomanceChloé, 17 ans, va faire la connaissance de Victoria, et le hasard n'a rien à voir dans l'histoire. En effet, Victoria Cortelli, est la chef de la mafia italienne, et disons qu'elle aime bien donner un "petit" coup de pouce au destin.