Chapitre 96

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Lorsque j'arrive, je remarque que la porte d'entrée est déjà ouverte.

- " Vic ? "

- " En haut ! "

Je monte les escaliers et la trouve assise par terre, dans la chambre, des dizaines de dossiers éparpillés.


PDV Victoria


J'étais assise par terre, en train de travailler, lorsque Chloé entre et s'assoie à côté de moi, un bouquet en main. 

- " Tu m'as acheté des fleurs ? " dis-je étonnée.

- " Et bien... euh... oui. " Elle me les passe et j'avoue sourire. 

- " Blanc, rouge et orange... Intéressant... J'aime bien la combinaison. " dis-je avant de me pencher pour l'embrasser. " Merci. "

- " Et ça c'est quoi ça ? " dit-elle tout en désignant les documents que j'avais de posé devant moi.

- " C'est pas très important. " répondis-je.

- " Pourquoi tu as l'air si préoccupé dans ce cas ? " 

- " Bon ok c'est important, j'essaie juste de ne pas mélanger privé et travail. Surtout le mien. "

- " Tu ne m'en parles jamais. "

- " De quoi ? "

- " De ton travail. "

- " Et bien... c'est compliqué. "

- " Vic... je sais dans quoi tu travailles, et honnêtement, tu sais quoi, je m'en fiche, c'est un boulot comme un autre. "

- " Si seulement tout le monde était de ton avis ! "

- " C'est juste que je sais que ton travail occupe une grande place dans ta vie, que c'est important pour toi, et c'est aussi pour ça que si tu veux tu peux m'en parler. "

- " Tu te rends quand même compte que c'est pas tout à fait habituel dans ma famille qu'on dise 'alors ta journée ? Tout c'est bien passé au boulot ?' " Je dis ça en rigolant malgré le fait que ce soit la strict vérité.

- " Dans ce cas on pourrait être les première à l'instaurer... Alors, sur quoi tu travail ? "

- " Si tu insistes... ce sont des fax qu'on m'a envoyé, concernant des candidats ainsi que les personnes misent à pied en attente de décisions de ma part. " 

- " Vraiment ? Vas-y explique je veux savoir maintenant. "

- " T'es curieuse c'est pas croyable ! ... Bon... Et bien ... tu vois ce profil ? " dis-je tout en désignant une des fiches, ce à quoi elle acquiesce. " ... Enzo Messati, 19 ans, son père est mort et il ne parle plus avec sa mère, déscolarisé depuis ses 16 ans et depuis travaille dans une animalerie... Il s'est présenté à un de mes membres pour nous rejoindre. Si j'accepte son profil, il sera considéré comme 'Outsider'. En gros il ne sera pas encore membre d'une Famille, il devra faire ses preuves. Je vais pas te mentir, on leur attribue le plus souvent le sal boulot... La vérité, c'est que des jeunes comme ça, chaque année il y en a de plus en plus qui arrivent, certains ont tout juste 18 ans et encore, heureusement que je n'accepte que les majeurs... D'un côté j'essaie toujours de leur laisser une chance car ils n'ont souvent pas eut la vie facile, et d'un autre, on leur fout la misère parce que pour beaucoup ils ont trop de potentiel pour rester avec nous, alors on essaie de les en dissuader... Tu ne verras que très rarement une personne ayant fait de longues études nous rejoindre de bon cœur, c'est le plus souvent parce qu'on est leur dernier espoir... Néanmoins si ils décident que leur place est parmi nous, ils peuvent être promus en temps que ce qu'on pourrait désigner de 'Gros-bras'. " Dis-je entre guillemets. " Ils ne font toujours pas officiellement partie d'une Famille, mais n'en sont pas moins respectable. Leurs missions sont confiées par un Capo ; souvent des meurtres ou règlement de comptes en fonction de la situation. Un peu tout ce que les autres n'ont pas envie de faire, comme se salir les mains de temps en temps. Ça nous et surtout, me, permet de voir si ils ont ce qu'il faut pour avoir une place à nos côtés. Ensuite, après un moment, si je les estime dignes de confiance, je les rencontre enfin, même si je ne leur montre jamais mon visage.  A ce moment, ils deviennent des 'Soldati' et font partie de La Famille d'un des Capo qui aura voulu d'eux. Mais ça uniquement si ils jurent de respecter la loi de l'Omertà. "

 - " Qui est ? "

- " La loi du silence ; 'Je ne vois pas, je n'entend pas, je ne parle pas.' Ce n'est qu'une fois qu'ils me l'ont juré qu'ils obtiennent leur place. Pour certain réciter cette phrase est littéralement le graal d'une vie. Ça leur assure une place au sein d'une famille soudée, avec un revenu pour nourrir la leur... Ensuite, certains, pas plus que trois peuvent devenir des 'Consiglieri', ils sont là pour moi comme... des ministres, on va dire qu'ils me trient certains dossiers. "

- " Et toi ton rôle c'est de gérer toutes ses personnes en Italie ? "

- " Quand je te dis que c'est compliqué, c'est que c'est vraiment compliqué. " dis-je avec un sourire nerveux. " Surtout que la Cosa Nostra a des territoires en dehors de la Sicile, aux Etats-Unis par exemple. Mais en tout, en Italie on compte quatre organisations mafieuses ;  la Cosa Nostra, la Camorra, la 'Ndrangheta, et la Sacra Corona Unita. Chacune de ses organisations a son propre Parain, qui lui-même a ses propres Capo qui sont à la tête de leur Famille composée de Soldati et les autres que je t'ai cité. Enfaite il faut voir la Mafia italienne comme ... par exemple le royaume de France avant son unification. Il y avait tout les duchés, comme les organisations que je t'ai cité, avec un Duc qui contrôle son territoire, comme les Parrains, et ils décomposaient leur duché en comtés pour ne pas avoir à régner sur un gros territoire mais sur plusieurs petits, avec chacun un Comte, entre autre, les Capos, qui eux gèrent le reste du peuple qui n'a pas de titre. Et malgré le fait que le royaume est divisé en plusieurs parties, toutes étaient sous l'autorité du roi. Dans notre cas, la Cosa Nostra s'est toujours imposée, ce qui a permit à nos Parrains, dont moi, d'être considérés comme des 'rois'... En gros, les autres Parrains font ce qu'ils veulent de leur territoire, c'est pour ça qu'il arrive qu'il y ait souvent des guerre entre eux. Néanmoins je reste hiérarchiquement au dessus d'eux alors ils me respectent et me doivent des comptes. "

- " C'est parce que tu as un rang supérieur qu'ils t'appellent 'Patronà' au lieu d'un autre nom ? " sa remarque me fait rire.

- " Rien à voir. C'est juste que, lorsque j'étais petite, vu que ceux qui travaillaient pour mon père me respectaient déjà en temps que successeur, et que du coup pour m'amuser je leur donnais des ordres, mon père avait prit l'habitude de m'appeler sa petite 'Patronà'. Alors d'autant plus que la plupart des personnes qui travaille pour moi aujourd'hui travaillait déjà pour mon père, ils ont eux aussi pris cette habitude. C'est resté et ça s'est même rependue alors qu'au final c'est juste un surnom que mon père me donnait. "

- " Et tu le supportes ? Je veux dire, c'est pas vraiment un poste habituel. "

- " Pour être franche, c'est un jeu de mensonge perpétuel. Le plus compliqué n'est pas de diriger, comme je te l'ai dit, le travail est réparti. C'est d'assurer sa place tous les jours, encore plus pour une femme. Si tu montres le moindre signe de faiblesse, tu te fais bouffer... Littéralement... L'un des premiers conseil de mon père était ; 'Quand tu es à l'apogée de ta force ne le montre pas, et quand tu est à ton plus faible, lève-toi et agit comme à ton plus haut.' ... C'est ce qui m'a toujours poussé à faire bonne impression et à garder la tête haute peu importe les circonstances. "

- " Et tu n'as jamais pensé à faire autre chose ? Changer de voie ? "

- " A vrai dire, à 16 ans mon père m'a fait prendre une année sabbatique, il m'envoyait seulement 150 euros par mois. Je travaillais en donnant des cours particuliers en langues et en étant conseillère chez un fleuriste. J'avais un petit appartement à Bologne, une petite vie de citadine calme et organisée. Je gagnais mon pain de manière honorable. Je ne vais pas mentir, c'était bien, mais il me manquait un truc. Depuis que je suis née j'ai été habituée à un style de vie différent. Les moments en famille étaient les mêmes que les autres, mais mis à part ça, c'est un monde totalement à part. Une fois que tu t'y es habitué, tout le reste te semble plat, sans âme. C'est d'ailleurs pour ça qu'à mon retour, et à leur 9 ans, j'ai demandé à mon père d'envoyer Milo et Angela ailleurs, dans un internat en Suisse. Pour qu'ils connaissent autre chose que la Sicile, que la Cosa Nostra. Je voulais qu'ils aient le choix de la vie qui leur ferait envie. La preuve en est, aujourd'hui Angela compte continuer ses études et veut devenir dentiste, et Milo, même s'il n'en a pas l'air, va rejoindre dès la rentrée une grande école de musique à Paris, son rêve étant de faire partie l'orchestre de l'Opéra de Paris en tant qu'harpiste. "

- " Attend... pause ! Milo joue de la harpe ?! "

- " Et magnifiquement bien. "

A Mafia's VictoriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant