Twins

Chapitre 37

-Tu veux bien arrêter de râler ? C'est à croire que tu n'es bonne qu'à ça.

-Réfléchissez-y la prochaine fois que vous me kidnapper de force !? Crachais je à l'égard du blondinet assis à l'avant, en lui adressant mon regard le plus mauvais via le rétroviseur.

Je croise les bras sous ma poitrine en m'enfonçant dans la banquette arrière de la Mercedes de Sam, d'une humeur massacrante. Il faut dire que je n'étais pas ravie, il y a à peine une demi-heure, de voir mes deux amis débarqués à l'improviste dans ma chambre, m'interrompant dans mes révisions de sciences, consistant, entre autres, à tenter de comprendre ce maudit principe de la photosynthèse.

-Tu restes enfermée dans ta grotte depuis une semaine. Il fallait bien te sortir un peu.

J'insulte délibérément Sam, mécontente d'être comparée à un clébard. Habituellement, je ne dis pas non à une après-midi à trois, sauf lorsque cette dernière n'est pas organisée, et qu'elle se déroule deux jours avant les examens.

-Arrête d'être énervée, m'ordonne Isaac agacé par mes protestations.

Je rêve.

-Vous me trainez de force dans une voiture alors que mon avenir se joue dans deux jours, j'estime avoir le droit d'être en colère bordel ?! Je ne sais même pas où l'on va.

-A la plage.

-Il y a trop de vent.

-C'est le but chérie, les vagues seront meilleures pour surfer.

Ma mâchoire se décroche.
Isaac avait déjà abordé le sujet il y a longtemps, marmonnant par de froides journées d'hiver qu'il avait hâte d'être en été pour m'apprendre à surfer. Je ne me suis jamais penchée sur ce sujet, pas parce que je ne le prenais pas au sérieux, mais plutôt car l'été me semblait loin. Or nous y sommes déjà. 6 mois sont bientôt écoulés depuis mon arrivée. 

-Je ne sais pas en faire.

-Tu apprendras.

Je souffle, non sans grande discrétion, mais n'ai ni la force ni le temps de protester que la voiture s'arrête, m'informant que nous sommes arrivés. Je prends cinq bonnes minutes à sortir du véhicule, de quoi bien les énerver, puis les suis d'un pas d'éléphant vers une petite cabane sur la digue. Je me montre aussi désagréable que possible afin que tous deux rebroussent chemin, mais aucun ne flanchent. C'est lorsque j'aperçois les planches de surf aligné devant la boutique que je prends conscience de ce que nous allons faire.

-Ecouter, j'ai des patins à la place des pieds et un équilibre de merde, je n'arriverais jamais à tenir sur ces trucs. 

Sam renchérit qu'elle disait cela aussi avant et que maintenant elle se débrouille assez bien. 

-Avec un prof comme moi, tu y arriveras en moins de deux, ajoute Isaac en ouvrant la porte de la boutique.

Sam me pousse à l'intérieur et une odeur de mer et de soleil me remplit les narines. Isaac slalome entre les étagères, semblant connaître cet endroit par cœur. 
Idiote, bien sûr qu'il le connait il y va toutes les semaines.
Il atteint le comptoir et va jusqu'à claquer la bise à la vendeuse.

-Trois planches pour l'après-midi s'il te plait.

Et il la tutoie ! J'en toucherais deux mots à Anastasia.

-Tu n'as pas pris la tienne ?

-Non la voiture ne convenait pas tellement, marmonne le blondinet en jetant un coup d'œil à la rouquine, signe que tous deux ont eu un accrochage quant à la bagnole qu'ils ont dû prendre.