Par je ne sais quel moyen, j'ai survécu à mon week-end. En ce lundi matin, même si cela n'a pas été mince affaire, je peux dire que je suis sortie saine et sauve, enfermée durant deux jours sous le même toit qu'une mère en colère, blessée, et trop butée pour faire le premier pas, et d'un père se retrouvant au milieu de cette stupide guerre, tentant tant bien que mal de brandir un drapeau blanc. Un joli tableau de famille.
J'ai passé le plus clair de mon temps dans ma chambre, à jouer jusqu'à ce que mes doigts n'aient plus de forces, à revisionner pour la énième fois Anne with an e et à rattraper mes cours avec du The Fray dans les oreilles. Bien que ce programme fut agréable, je suis étonnamment contente de retourner en cours aujourd'hui.
Durant ce week-end, mon père ne s'est pas montré robuste avec moi et esquissait même des sourires de temps à autre. Ma mère en fit autrement, se contentant de banalités froides.
Au fond de moi, j'espérai qu'elle le prenne autrement.Je me dirige vers mon cours de math. J'ai pris soin de faire correctement mes exercices, au cas où Mr Druffus déciderait de m'embêter aujourd'hui. Encore. Ma superbe voisine me fait don de sa présence, et je reste indifférente à son soupir en m'apercevant. Le cours commence dans le calme et je lance un rapide coup d'œil à Sam, affalée sur sa table, sur le point comme qui dirait, de ronfler. Ce week end m'a beaucoup fait réfléchir sur elle et son acolyte. J'inspecte la salle des yeux mais ne trouve aucune trace d'Isaac et de son habituelle casquette.
-Ton pote le blondinet ne viendra pas aujourd'hui.
Je me retourne, stupéfaite, vers ma voisine qui m'adresse pour la première fois depuis mon arrivée la parole.
-Il a un peu forcé sur la bouteille samedi, il doit encore vomir ses tripes à l'heure qu'il est.
J'ai vaguement entendue parlé de cette soirée qui se déroulait au bout de ma rue.
-Tu y étais, à la fête ?
Emma abandonne l'inspection de sa manucure et se tourne vers moi.
-Bien sûr, je suis toujours invitée. Et j'ai bien vu Isaac plonger tout habillé dans la piscine de Chris à trois heures du matin, si tu veux tout savoir.
***
Je ramasse la sauce, que Sam refuse de manger, de son assiette avec mon pain et l'écoute me raconter dans les moindres détails la soirée de samedi. Je reste bluffée devant la quantité d'alcool qu'elle me décrit et par le nombre, incroyablement grand, de personnes présentes. Certes, je suis déjà allé à des fêtes par le billet d'Ani, mais jamais des soirées de cette envergure. C'est une des grandes différences entre la campagne et ici. En ville, tout parait démesuré.
Elle m'explique comment elle s'est retrouvée à jouer avec le Just Dance de la petite sœur de Chris et comment elle a dû repécher Isaac de la piscine.-D'habitude, c'est lui qui doit jouer les chaperons avec moi, mais samedi soir, il s'est lâché comme je ne l'ai jamais vu le faire ! C'était excellent.
Je ris doucement et continue de l'écouter calmement, jusqu'à ce qu'un groupe de filles s'arrête devant notre table. Nous levons les yeux simultanément et je reconnais dans la masse Suzanne. Elle ne daigne pas nous accorder un quelconque regard et reste plantée là, le menton relevé vers le ciel et les chevilles plus enflées que jamais. Une fille du groupe s'avance et Sam prend quelque chose dans son sac. Elle lui tend un téléphone et sa propriétaire l'en remercie.
-Cette soirée était vraiment nulle, mais celle de vendredi promet d'être exquise, lance Suzanne d'un ton affirmé se rappelant soudainement de notre présence.
-Quelle soirée ?
-Tu n'as pas besoin de le savoir chérie, tu n'es pas invitée.
Une envie de lui fourrer mon pain dans la bouche et de l'enfoncer au plus profond de sa gorge me prend soudainement l'estomac. Mais je ne fais rien, comme d'habitude.
Sam en décide pourtant autrement.
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Twins
Teen FictionMarylou n'a jamais vraiment su surmonter la mort de sa sœur jumelle. Cinq ans que Camille est morte, cinq ans que Lou' se sent vide à l'intérieur. Hantée par des souvenirs bien trop limpides, elle peine à remonter la pente. Et ce n'est non pas une...