Chapitre 12

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Lorsque mes yeux rentrent en contact avec la lumière qui émane de mon volet ce vendredi matin, ils ne se referment pas immédiatement, comme ils le font d'habitude. Je ne bougonne pas, comme je le fais tous les jours, en tapotant ma table de chevet à la recherche de mon maudit réveil qui continue de sonner inlassablement. 
Aujourd'hui, je me sens de bonne humeur.
Une grande première.
Une fois apprêtée, je descends les escaliers, mes chaussures dans une main et mon sac dans l'autre. Mes deux parents sont installés au bar et déjeunent calmement, la radio en fond sonore. Je respire un bond coup en croisant les doigts pour qu'ils soient d'aussi bon poil que moi, puis pénètre dans la cuisine en arborant un large sourire. J'aurai définitivement du faire du théâtre.

-Hey ! 

-Bonjour chérie.

Mon père est vite passé à autre chose. Pour ce qui en est de ma mère, c'est une autre histoire. Notre altercation de lundi n'a pas arrangé les choses, cependant elle me reparle et je suis capable de tenir une mini-conversation avec elle. Il manque juste de l'émotion. Le glacier qu'elle est devenue fond petit à petit, mais la base est encore bien trop large.

-Bonjour.

Je me sers deux tartines grillées et un jus d'orange fraichement pressé pour me donner du courage. Une fois que les infos du matin s'achèvent à la radio, je me décide à prendre la parole, mais de ne pas en venir au sujet principal tout de suite, préférant faire la conversation d'abord.

-En littérature hier, on nous a demandé de préparer pour la prochaine fois, une présentation d'une œuvre ou d'un auteur qui nous touche personnellement. J'hésite entre Jane Austen et Emily Brontë, annonçais-je de la manière la plus détendue possible.

Ma mère est une fadas de littérature anglaise et très rapidement, elle m'a transmis sa passion en me donnant ses vieux ouvrages, alors que je n'étais encore qu'en primaire. J'essaye donc, par le biais de ses autrices préférées, d'attirer son attention.

-Ce n'est pas les hauts de Hurlevent ton livre préféré ? me demande mon père en enfournant sa tartine à la confiture de framboises dans sa bouche.

-Si, si. Maman, tu en penses quoi ?

-Je ne sais pas, souffle-t-elle avant de boire une gorgée de son café noir.

Plus court tu meurs

-Tu ferais quoi à ma place ?

-Je ne suis pas à ta place, ma grande.

Bon, les sœurs Brontë ne peuvent visiblement rien pour moi. Je laisse un silence s'installer et prends le temps de formuler correctement ma requête dans ma tête. 

-Au fait, Sam organise une petite soirée ce soir, avec Isaac et quelques élèves de ma classe. Je peux y aller ?

Ce gros mensonge n'est pas tout à fait faux. En effet, j'aimerais beaucoup aller à une fête où justement, il y aura des gens de ma classe. A la différence que cette "petite" fête chez Sam, se déroule en réalité, dans la grande villa de Suzanne. Je joue un peu sur les mots, mais dans l'idée c'est ça.
Non bien sûr que non. Ce que je vends à mes parents n'est en aucun cas ce à quoi je souhaite aller, cependant, pour les convaincre, il est important que j'y croie aussi un minimum.
Mon père interroge ma mère du regard, comme il le fait à chaque fois que je lui demande quelque chose.

-Qu'en penses-tu ? 

Elle soupire en refermant les bocaux de confiture puis se tourne vers moi.

-Ça ne fait que deux semaines qu'on est là et tu vas déjà à une fête ?

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