J'appuie sur la pédale de manière assez incertaine et sors, sans trop de difficulté, de la place de parking. Or je dois ce mérite aux places vides de part et d'autre du véhicule, et non à mon talent pour la conduite. Je suis les indications d'Isaac quant au chemin à prendre et tente de me rappeler toutes les conseils que me donnait mon père, lorsqu'il m'apprenait à conduire. Tous mes sens sont en éveille. Je tiens fermement le volant comme si ma vie en dépendait. Elle en dépend idiote.
Vu l'heure tardive, ou plutôt matinale, nous ne tombons pas dans les embouteillages et atteignons la grande route plus facilement et plus rapidement qu'à l'allée. Une fois le cœur même du centre-ville dépassé, je me détends. Je lance un coup d'œil furtif à Sam qui dort la bouche grande ouverte, puis à Isaac qui a une fois de plus le nez plongé dans son cellulaire. Je laisse mes muscles se reposer au son de la radio et observe les alentours. Il est difficile de déterminer le moment de la journée si l'on se fie uniquement au paysage. Les nombreux réverbères, ainsi que les imposantes enseignes lumineuses des restaurants et magasins, illuminent la nuit sombre, et la rendent plus animée, plus vivante. De cette manière, on dirait qu'à l'instar de New York, cette ville ne dort jamais. J'admire les hauts buildings d'ici et constate à quel point le changement de décors est monstrueux. A la campagne, le seul bâtiment faisant plus de vingt mètres de haut, c'était l'église. Je contemple la mer que j'aperçois entre deux bâtiments avec le sentiment que, peut-être, la solution était simplement de changer d'air.-Lou !?!
Je tourne vivement la tête et constate avec effroi, que le feu nous séparant d'un grand carrefour a viré au rouge. J'appuie de toutes mes forces sur la pédale de freinage et par réflexe, tends mon bras vers le buste d'Isaac, l'empêchant de partir en avant. La voiture finit par se stopper à temps, nous épargnant à coup sûr un accident. L'arrêt est si brutal qu'il arrive à réveiller Sam.
-Plus jamais tu conduis ma bagnole, espèce de danger public !
Je reprends mes esprits et bredouille quelques excuses.
-Tu pourrais ?
Je pivote vers Isaac et me rends compte que ma main est toujours plaquée sur son torse. Je la retire vivement et rougis face à cet acte digne d'une vraie mère poule.
-Ma virilité en prend un coup.
Je m'oblige à me remettre de mes émotions afin de démarrer au prochain feu vert et continue ma route, avec encore plus de vigilance. Après plusieurs essais pour tenter de garer la voiture de Sam dans le garage, Isaac me propose de la laisser sur le trottoir. Proposition que j'accepte immédiatement.
-Je n'ai jamais vu quelqu'un conduire aussi mal.
Je lève les yeux au ciel, heureuse pour ma part que nous soyons saints et saufs et que nous n'ayons croisé aucune voiture de police. Isaac et moi aidons Sam à sortir de l'habitacle et la dirigeons vers l'intérieur de la maison. Je suis le blondinet dans les escaliers et monte ces derniers à pas de loup, pendant qu'il semble s'appuyer de toutes ses forces sur chaque marche. Il m'indique ensuite, la chambre de Sam et m'intime de l'y conduire. Je m'exécute et une fois arrivé dans l'édit pièce, je prends soin de bien fermer la porte pour ensuite allumer la lumière. Je découvre alors une grande chambre en bazar, aux murs jaunes pastels. Ma mère serait affolée face aux innombrables vêtements qui jonchent le sol, aux sachets de bonbons vides qui trainent sur le bureau, aux bibelots farfelus et nombreuses boules à neige poussièreuses et aux posters en tout genre qui recouvrent la peinture de manière à ne pas laisser transparaitre ce jaune qui, je l'ai tout de suite deviné, doit écœurer Sam. Cette ambiance me fait immédiatement penser à la chambre d'Ani. Cette dernière était dans le même genre et représentait l'esprit d'Ani: un merveilleux bordel, mais qu'on passe des heures à admirer.
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Twins
Teen FictionMarylou n'a jamais vraiment su surmonter la mort de sa sœur jumelle. Cinq ans que Camille est morte, cinq ans que Lou' se sent vide à l'intérieur. Hantée par des souvenirs bien trop limpides, elle peine à remonter la pente. Et ce n'est non pas une...