Chapitre 69

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J'enfourne une grosse cuillère de lasagne dans ma bouche et ferme les yeux tant elles sont exquises. Ma mère a eu droit à des éloges de la part de la table entière pour son délicieux repas. Même si elle commence à avoir l'habitude qu'on la félicite pour sa cuisine, je sais qu'elle est avide de compliments à chaque fois.

Mon père, adepte incontestable de rugby, se fait une joie de parler avec Isaac de la saison actuelle. Je sais qu'il m'aime de tout son cœur, mais mon indifférence face à ce sport l'a toujours chagriné. Cela fait 10 minutes qu'il lui rabâche une finale de je ne sais quoi qui s'est passé je ne sais quand. Isaac sourit poliment ne laissant pas du tout paraitre que ce sport l'horripile de plus en plus.
Sam de son côté est coincée, pour son plus grand malheur, avec ma mère. Les études de Sam semble la pa-ssio-nner. Lorsqu'elle s'apprête à lui demander si elle a déjà une idée de sa thèse pour son doctorat, je  sens qu'il est de mon devoir de la sortir de là.

—Et tu comptes retourner au lycée ?

Je coupe ma mère de manière assez impolie et Sam me fait les gros yeux. Je renchéris d'un clin d'œil en portant mon verre d'eau à mes lèvres.

—Non, je n'y retourne jamais après l'annonce des résultats, comme la plupart des gens.

Je manque de recracher le contenu de mon verre et me mets à tousser bruyamment. Isaac me frappe le dos mais il me fait plus mal qu'il ne m'aide. Je mets une bonne minute à me calmer et m'excuse brièvement.

—Les notes des examens sont déjà tombées ?

—Bien sûr, ils ont deux semaines pour corriger, m'informe Isaac d'un haussement d'épaules.

—Ah d'ailleurs, j'ai pris tes résultats en photo, annonce Sam en sortant son téléphone.

Je me décompose puis lui lance un regard meurtrier. Ce n'est absolument pas le bon moment. Je viens seulement de retrouver un équilibre à peu près stable avec mes parents, provoquer une troisième guerre mondiale à cause de mes notes n'est vraiment pas opportun.
Or, Sam ne semble pas s'en apercevoir et trifouille son téléphone jusqu'à tomber sur l'édit photo. Mon heure est arrivée.

Elle me tend le téléphone mais je le refuse en tournant ma tête de gauche à droite énergiquement. Elle lève les yeux au ciel et continue d'agiter son cellulaire sous mon nez de manière insistante. Voyant que je ne compte pas l'attraper, ma mère s'empare du téléphone.

Adieu.

Sa grande conversation sportive avec Isaac étant stoppée, mon père est désormais très attentif à la situation, ce qui donne naissance à un silence pesant. J'ai juste le temps de réciter une dernière prière dans ma tête avant qu'il ne m'égorge avec la cuillère en bois. 
Pourtant, je ne pense pas avoir complètement foiré mes examens. Or d'expérience, je sais que lorsqu'on pense avoir réussi, on est finalement à côté de la plaque.
Je croise les doigts et attends une quelconque réaction de ma mère, mais elle continue de scruter le téléphone avec attention. Son manque de réponse ne fait que confirmer mes craintes.

—C'est si horrible que ça ?

J'aperçois nos invités se retenir de pouffer de rire et sincèrement, si un regard pouvait tuer, ils seraient tous les deux six pieds sous terre.

—Non ce n'est pas trop mal.

Je la regarde avec des yeux ronds et lui prends le téléphone des mains. Ma mâchoire menace de s'écraser au sol lorsque je tombe sur les notes.

—Bon, tu ne seras définitivement pas une grande scientifique mais le reste est franchement bien.

Je reste bouche bée devant cette preuve flagrante de mon intelligence. Certes mon 8 en math et mon 10 en sciences ne sont pas fameux, mais le reste est largement satisfaisant. Je m'applaudis moi-même pour mon 16 en français et mon 17 en anglais et mes deux 13 en espagnol et histoire géo me suffisent amplement.

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