-Comme vous le savez, les cours de cette après-midi sont annulés à cause du match de rugby. Vous allez donc me rédiger une dissertation pour lundi en rapport avec le texte de Proust que nous avons étudié en cours. Je vous distribue le sujet et n'oubliez pas que...
Driiiiiinngg
L'insupportable sonnerie du lycée qui, bien qu'elle soit attendue chaque jour avec impatience par tous les élèves, est un véritable supplice pour les oreilles, retentit dans l'ensemble de l'établissement, coupant par la même occasion, ma professeure de français. Une ambiance particulière règne dans l'école depuis hier. Tous les étudiants sont surexcités. Le match de cet après-midi ainsi que la soirée qui s'en suit sont sur toutes les lèvres. A Stanford, il n'y a jamais eu de tel engouement pour une rencontre sportive, puisque les équipes que nous avions se faisaient discrètes dans leur championnat ainsi que dans le lycée. Et pour cause, je n'ai découvert que lors de ma dernière année que nous avions une équipe de football. Stanford ne tient pas sa renommée par ses sportifs. Ici, à Columbia, il en est tout autre. L'équipe de natation, de basket, de rugby ainsi que celle de gymnastique font parties des plus fortes du pays et le lycée a pour réputation de préparer bon nombre d'athlètes à une possible carrière professionnelle. Le sport est un symbole, et les joueurs se doivent d'être à la hauteur de l'institution. C'est de toute cette pression dont m'a parlé Isaac quelques jours plus tôt en m'expliquant l'importance capitale de ce match, opposant notre équipe, deuxième du championnat, au premier.
J'attrape le sujet de ma future dissertation et la fourre au fin fond de mon sac, n'étant absolument pas préoccupée par ce travail de français. J'avoue n'avoir, à l'instar de tous les autres lycéens, qu'une chose en tête : le match et la soirée de ce soir. Je sors de la salle, suivie de près par mes deux acolytes, et nous nous dirigeons tous les trois vers nos casiers.-Vous affrontez qui, déjà ?
-Lou', ça fait trois fois que je te le dit bordel.
Isaac m'ébouriffe gentiment les cheveux avant de me dire qu'ils affrontent les red shark. Une chose est sûre, ce n'est pas le nom qui fait leur succès.
J'atteins mon casier et y range mes cours de la matinée, bien contente d'échapper à l'après-midi monotone que constitue mon vendredi en temps normal. Lorsque je me retourne, je constate que deux des trois filles avec qui, Sam et moi, avons prévu de déjeuner, nous ont rejoint. Madison Clarke et Tania Gana se tiennent bras dessus bras dessous, comme à leur habitude. Ces deux-là sont inséparables. La chevelure d'or de Madison ne va pas sans la crinière afro de Tania. Toutes les deux connaissent Sam depuis la primaire et suivent les mêmes options. Elles ont toujours été amies, et par conséquent, il m'est déjà arrivé de manger avec elles. Madison et Tania ne sont pas méchantes. Elles m'agacent parfois mais leur compagnie est relativement agréable.
Je claque la porte de mon casier et c'est seulement à ce moment que je remarque, tapi dans l'ombre, la troisième camarade avec qui nous mangeons ce midi, Anastasia Shaw. Je n'ai pas énormément de cours avec elle, et par conséquent, n'ai jamais eu l'occasion de lui parler. De plus, j'ai remarqué qu'elle n'est pas tellement bavarde et se fait des plus discrètes. Honnêtement, je pense que je serais devenue une Anastasia 2 si je n'avais pas eu la chance de rencontrer Isaac et Sam. Je n'avais pas prévu de me faire de bons amis. Anastasia est la partenaire de Sam en science, et c'est tout naturellement qu'elle l'a invité, voyant qu'elle comptait manger toute seule.
-T'essayes de pas mourir s'il te plait, demandais-je en me tournant vers Isaac.
L'équipe des red shark est réputée, d'après les dires du blond, pour ses joueurs mastoc et son jeu violent. Or, j'aimerai retrouver le blondinet en un seul morceau à la fête de ce soir.
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Twins
Roman pour AdolescentsMarylou n'a jamais vraiment su surmonter la mort de sa sœur jumelle. Cinq ans que Camille est morte, cinq ans que Lou' se sent vide à l'intérieur. Hantée par des souvenirs bien trop limpides, elle peine à remonter la pente. Et ce n'est non pas une...