Chapitre 49

9 1 1
                                    


J'avale mon dernier quartier de pomme et débarrasse la table. L'horloge indique vingt et une heures piles.

-On pensait se mettre un film sur Netflix ce soir, m'interpelle mon père. Tu te joins à nous ?

Ma mère me sourit et je comprends qu'elle souhaite que je reste. Ca me fait un peu de peine de refuser, mais aujourd'hui, je ne peux pas.

-A vrai dire ... Je pensai monter directement, je suis fatiguée.

Ma mère hoche la tête en tentant de ne pas paraître déçue et mon père m'affirme que ce n'est pas grave. Je leur souhaite bonne nuit avant de me retirer à l'étage.

Jamais encore je n'ai fait le mur. Ani a déjà mainte et mainte fois essayé de m'embarquer dans ses nuits de folie mais je n'ai jamais cédé. Elle serait fière de moi aujourd'hui.
Je vérifie une dernière fois l'itinéraire que je dois emprunter sur mon ordinateur. J'en aurai pour trente bonnes minutes de route à pied. Je regrette intérieurement de ne pas avoir de voiture, mais pour le moment, mon absence de permis de conduite est bien le dernier de mes soucis. N'ayan plus beaucoup de 4G, je prends en photo l'écran affichant Google Map ainsi que le trajet à emprunter.
Ensuite, j'empile doudous, coussins et plaids sous ma couverture. De manière à obtenir une forme approximativement humaine, bien que j'ai plutôt l'air d'un panda sans jambes. C'est peu être un peu surfait de faire tout ça, mais je préfère ne prendre aucun risque.
Je décide volontairement de ne pas fermer la porte de ma chambre à clé. Étant donné qu'elle reste constamment ouverte, ce serait suspect qu'elle soit fermée exceptionnellement à double tour.

J'enfile mes baskets et ne garde que mon téléphone à la main. La fenêtre de ma chambre se trouve juste au-dessus de notre garage, si bien qu'il me suffit de la traverser pour atterrir sur le toit de ce dernier. 

J'éteins mes lampes et balaye ma chambre du regard une dernière fois. Tout semble en ordre. Je peux partir. J'enjambe l'appui de fenêtre et touche du bout du pied le toit du garage. A pas de loup, je m'extirpe de l'encadrement et atterris sur le toit. 

Jusqu'ici tout va bien.

L'un des murs du garage possède une fenêtre, je peux donc m'y appuyer pour descendre. Mon mètre soixante ne m'aide pas beaucoup dans cette tâche si bien que je glisse légèrement mais me rattrape à l'appui, bousculant au passage les pots de fleurs.

Lorsque mes deux pieds touchent le sol. Mon cœur bat la chamade. Ça y est, je suis dehors. Je ne peux plus retourner en arrière.
Je traverse le quartier le plus silencieusement possible, comme si à tout moment un voisin allait interpeler mes parents. Idée absurde puisque nous ne côtoyons pas nos voisins. Une fois mon pâté de maisons dépassé, j'allume mon téléphone et suie le chemin indiqué sur l'écran.

Ma destination se trouve près du centre-ville. Je me laisse guider pendant près de quarante minutes par les lueurs des réverbères. Je ne marche pas très rapidement, ce qui rallonge mon temps de trajet. Bien que je sois déterminée à m'y rendre, j'essaye inconsciemment de retarder ce moment le plus possible.

Lorsque je tourne pour la dernière fois, j'arrive à entendre les boums boums de la musique. Bon dieu, mais comment les voisins peuvent supporter ça ? Je n'ai pas besoin de vérifié le numéro exact de l'adresse sur mon téléphone, même un aveugle n'en aurait pas besoin. J'inspecte ma montre, 22h15. J'inspire une dernière fois, priant pour que ça se passe bien et pour que mes parents n'en sachent rien. Puis j'avance.

Tout bon lycéen de Columbia sait que la plupart des after se passe chez Logan Hills. A vrai dire, je n'avais aucune confirmation que la fête se passait réellement chez lui, mais mon intuition ce soir, était bonne. J'arrive face à la pelouse de l'entrée, jonchée de gobelet en plastique. Comme d'habitude il y a un monde fou. Je me bouche le nez pour passer devant le coin cigarette et pénètre dans la maison. Mes tympans claquent à en faire mal. Je ne suis pas étonnée de voir que nombreux sont les lycéens déjà ivres morts. J'en ai même aperçu un vomir ses tripes en arrivant.

Je me faufile dans la foule et déboule dans la cuisine. L'îlot central est infesté de verre et bouteille d'alcool en tout genre. Mon regard passe de liquide en liquide, incertain. Est-ce qu'il est vraiment bon de prendre un verre ? Oh et puis merde, je vais en avoir besoin. Je prends le premier gobelet qui me tombe sous la main et boit son contenu d'une traite, oubliant la promesse que je me suis faite le lendemain de ma dernière soirée.

Une fille passe devant moi en mini-jupe et je me rends soudainement compte que ma tenue n'est pas des plus appropriées. Je porte toujours ma petite robe blanche de l'audition. De un, je risque de la tâcher et de deux, n'importe qui penserait que je sors de l'église. Pour paraitre moins stricte, je détache mes cheveux blonds et les laisse retomber en cascade sur mon dos.

J'entreprends ensuite de trouver Sam et Isaac. C'est à eux que je dois des explications. Or, ces derniers sont introuvables dans la maison, je me dirige donc vers le jardin. Logan possède une villa donnant sur la mer, si bien qu'on n'a qu'à descendre son jardin, traverser la route et arriver jusqu'au sable. Le rêve de bon nombre de personnes. A mon plus grand soulagement, j'aperçois la touffe de cheveux roux de Sam au loin, lorsque je passe l'encadrement de la baie vitrée. Une petite partie de moi était en train de douter fortement sur sa présence, mais elle reste Sam. Elle ne louperait pour rien au monde une soirée.

Je slalome entre les corps des étudiants et lorsque j'arrive à son niveau, je souffle de soulagement : Isaac est assis à côté d'elle. Un petit sourire prend même forme sur mon visage, alors que je suis anxieuse au possible, lorsque je constate qu'Anastasia est assise à côté du blondinet, et que ce dernier a la main posée sur sa cuisse.

Malheureusement mon répit est de courte durée lorsque j'aperçois qu'ils ne sont pas seuls. Loin de là. Tout le monde est là. Matt, Jake, Chris, Logan, Ana, Suzanne, Jenny, Emma, Peter. 

Je suis prise de panique. J'avais prévu de m'expliquer avec Sam et Isaac, pas devant eux. Je ne veux pas les voir, je ne me suis pas préparée à ça. J'ai immédiatement envie de rebrousser chemin, de rentrer chez moi me cacher sous la couette. Mes bonnes et courageuses intentions tombent à l'eau et je n'ai pas envie de me noyer avec elle, alors je tourne les talons, résignée.

-Marylou !

Et merde.

TwinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant