Chapitre 36

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J'entame ma semaine de révision afin de préparer au mieux les examens nationaux, censés se dérouler la semaine prochaine. Dire que je stresse est une maigre expression.
Je me fais dessus.
Et cela même si j'ai prévu de réviser comme une malade durant les huit prochains jours.

Le piano fait empirer les choses. Je n'arrive à rien. Le concours est dans trois semaines et je suis encore incapable de jouer mon morceau correctement. Je suis terrifiée. 

Isaac me tire de mes pensées démoralisantes en prenant place sur la chaise vide à côté de la mienne, notre cours d'espagnol du mercredi étant notre heure de blabla hebdomadaire. Bien que j'adore cette matière en temps normal, ce n'est plus le cas depuis mon arrivée à Columbia. Monsieur Brent serait en capacité de dérouter un espagnol de sa propre langue natale. Cependant, il ne semble pas se rendre compte du désintéressement total que les élèves éprouvent envers sa matière, ou du moins il n'y accorde pas énormément d'importance.

-C'est qui Ani ?

Je n'ai même pas entendu mon téléphone vibrer sur le coin de ma table. Il indique une nouvelle publication sur Instagram, me rappelant que je n'ai pas enlevé les notifications de son compte. A vrai dire, je ne les ai jamais mise de mon plein gré, c'est elle qui, un jour, à attraper mon téléphone, jugeant qu'il était de mon devoir d'être la première informée de ses nouvelles photos.

-C'était une amie à Stanford, ma meilleure amie en réalité.

Je ne sais pas d'où me vient cet élan de sincérité. Cependant, je me sens en confiance avec Isaac. Il ne m'a jamais jugé sur quoi que ce soit

Tu ne diras plus ça lorsqu'il découvrira ce que tu as fait.

-C'était ?

-Je n'ai plus vraiment de nouvelles.

J'ai encore du mal à savoir pourquoi, même si un mois s'est écoulé depuis notre dispute. Notre appel et surtout la manière dont elle y a mis fin me restent en travers de la gorge. Je déteste l'idée que mon cœur se serre encore en y repensant.
J'en profite pour attraper mon téléphone et envoyer un message à Chris, avant que madame Figaro clôture son appel.

LouLou le bambou
Hey ! Je vais pas pouvoir courir cette aprèm, faut que je bosse. Désolé ;)

-Ça va avec Chris ?

Je roule des yeux et me tourne vers Isaac, arquant un sourcil septique.

-Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

-Je sais pas, vous avez l'air d'être très proche.

J'explose littéralement de rire. C'est plus fort que moi.

-Le subjonctif vous fait toujours cet effet là, mademoiselle Martines ?

Je me mors la langue pour stopper mes spasmes.

-Désolée monsieur.

Il se retourne, satisfait, et reprend son cours, malgré le brouhaha habituel dans lequel il fait ce dernier. Quant à moi, j'attrape la joue d'Isaac et la tire doucement telle une bonne vieille mamie de quatre-vingt-dix ans.

-T'es mignon quand t'es jaloux.

Il se dégage rapidement en retenant son sourire.

- Je...

-Sujet clos, tranchais je fermement, le défiant d'aller plus loin. 

Il me lance un regard amusé mais consent à se taire, Dieu merci.

***

Je sors de mon interminable cours de français. Dieu seul sait mon amour inconsidérable pour cette matière, et jamais au grand jamais je n'ai imaginé m'ennuyer dans ce cours.
La moitié de la classe a, une fois de plus, dormi toute l'après-midi. Je crois que madame Brun n'en a pas grand-chose à faire, comme elle le dit si bien, c'est nous qui passons les examens de fin d'année, pas elle. Je me dépêche de fourrer mes affaires au fin fond de mon sac pour pouvoir attraper Chris à la sortie. Hier, il m'a lâché un vu.
Bon certes, il n'y avait pas grand-chose à répondre, mais je dois avouer que ça m'a un peu vexée. Il ne me laisse jamais sans réponse d'habitude. Il m'envoie toujours quelque chose, un mot, une phrase ou même des emojis incohérents. J'ai toujours trouvé ça stupide, ne voyant pas l'intérêt d'éterniser les conversations. Pourtant hier, j'ai attendu un emoji poisson toute la soirée.

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