Une petite brise annonçant le début du mois de mars caresse délicatement mon visage et fait virevolter mes cheveux blonds. Le temps est doux pour cette période de l'année, et après des semaines de précipitations et d'orages, ce brin de soleil me ravit de bonheur. Mon humeur est dépendante de la météo. Je me laisse bercer par la mélodie angélique qui émane de mes écouteurs et pénètre dans mon quartier. Un lundi parmi beaucoup d'autres, désormais.
La chanson se termine laissant place à des accords au ukulélé, Riptide de Vance Joy. Qui n'est pas tombé sous le charme de ce son qui respire l'été ? Personne à ma connaissance. Même Ani, qui est loin d'avoir des goûts musicaux similaires aux miens, a approuvé ce titre. Ou du moins, elle n'a pas mimé vomir de dégoût, comme elle avait l'habitude de le faire à chaque fois que je lançais ma playlist au lieu de la sienne. Justin Bieber ne faisait pas l'unanimité chez elle.
Ani. On ne s'est que très peu parlé depuis notre dernier appel, qui remonte à plus d'un mois maintenant. J'ai bien essayé de la recontacter or je tombe toujours sur sa boîte vocale. Quelques sms par-ci par-là sont les seuls actes représentatifs du mince contact que nous concervons. Cette situation me rend triste.
Note à moi-même : envoyer un message à Ani en rentrant.Le refrain s'achève au moment où je gravis le petit escalier qui sert de perron à ma maison. Deux voix s'échappent du salon. Je me dépêche de retirer mes chaussures, et suis suis surprise d'y découvrir mon père et ma mère debout devant le bar, une bouteille entamée de champagne sur le comptoir. Du champagne à 16h ? Ils n'ont jamais été désespéré à ce point ?
Merde c'est une troisième coupe que j'aperçois ?
Mon père tourne la tête dans ma direction et alors que je tarde à assimiler les choses, il se dirige vers moi et me prend dans ses bras. Ok, il se passe un truc.
-Ça a été, ta journée ?
Je bafouille une réponse approximative, trop assommée par la situation. Ma mère affiche un sourire des plus radieux. Ses pommettes sont rosies et je reste stupéfaite devant le regard tendre et l'affection qu'elle dégage en nous regardant mon père et moi. Il y a bien longtemps que je ne l'ai pas vu aussi ravissante. Mon paternel finit par me lâcher et remplie la coupe vide posée sur le bar de ce liquide jaunâtre à bulle pour me la tendre fièrement.
-Je peux savoir ce qui se passe ?
Ma mère croise le regard de mon père et lui fait un petit signe de tête. Ce dernier se retourne vers moi et inspire bruyamment.
-J'ai trouvé du travail !
Il me faut quelques secondes pour assimiler l'information. Du travail ? Un vrai travail ?
J'écarquille les yeux et enroule son cou de mes bras en le serrant le plus fort possible.Depuis le temps qu'il attendait ça.
Un frisson me parcourir le corps tant je suis fière et contente pour lui. Voilà trois ans et demi que mon père pâlit et baisse tristement les yeux lorsqu'on lui demande, au détour d'une nouvelle rencontre, ou il bosse. Trois ans et demi qu'il dessine seul dans son bureau, sans jamais présenter ou expédier ses planches. Grand-père Arthur lui a toujours répété qu'une carrière dans l'illustration ne mène à rien. Le dessin est un passe-temps, pas un métier. J'étais jeune lorsqu'il est parti, et d'une certaine manière, je sais que cette période de chômage aurait pu être encore plus atroce pour mon père si papi Arthur était toujours en vie.Lorsque sa boîte a coulé, nous savions que retrouver un tel poste ne serait pas mince affaire dans ce secteur si privé. Et pour cause jamais il n'avait réussi à retrouver un poste. Ce facteur, additionné à tous les autres, n'a fait que faire pencher la balance du côté du déménagement.
Et voilà que deux mois plus tard, il décroche un job dans une petite entreprise.

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Twins
Teen FictionMarylou n'a jamais vraiment su surmonter la mort de sa sœur jumelle. Cinq ans que Camille est morte, cinq ans que Lou' se sent vide à l'intérieur. Hantée par des souvenirs bien trop limpides, elle peine à remonter la pente. Et ce n'est non pas une...