Chapitre 56

13 1 4
                                    

-Grosse marmotte.

Je fronce les sourcils et peine à sortir de mon profond sommeil. Je grogne de mécontentement. La lumière du soleil m'aveugle lorsque j'ouvre enfin les yeux et je suis contrainte de les refermer immédiatement. Le lit s'affaisse lorsque Ani vient s'assoir près de moi.

-Tu ne devineras jamais l'heure qu'il est.

Je me retourne difficilement afin de me mettre sur le dos. Mes paupières se soulèvent et les premières choses que j'aperçois sont les petites étoiles ébauchées sur le plafond. Il n'y a qu'elle pour dessiner un ciel étoilé au marqueur noir sur le béton au-dessus de sa tête.

-13h, tentais je peu sûre de moi.

-16h.

Je me redresse immédiatement, sous le choc. Ce mouvement trop brusque fait apparaitre de petites taches noires dans mes yeux. Je frotte ces derniers afin de les faire disparaître puis scrute Ani, éberluée.

-Bon dieu.

Jamais de ma vie je n'ai dormi jusqu'à une heure pareille.
Pourtant, cette dernière est justifiée. J'ai arrêté de regarder l'heure lorsqu'il était 7h du matin.
J'avais tellement de choses à lui raconter. Je me suis livrée, libérée, me vidant de chacune de mes émotions. Je lui ai même parlé de Camille, alors que nous n'avons jamais concrètement parlé d'elle toutes les deux. Je me souviens avoir ri à en avoir mal au ventre et je crois même avoir un petit peu pleuré.

-On est sur un record ? 

-Un record oui.

Selon elle, se lever en pleine après-midi est synonyme d'une bonne journée qui commence, pour moi, c'est la frustration d'une perte de temps considérable. Des opposées. Parfois, nos différences me rappellent celles que j'avais avec Camille. Je crois que Cam' l'aurait détesté. Cette constatation me fait sourire.

Elle se lève et me fait signe de la suivre dans les escaliers. Je lui emboite le pas en me concentrant pour ne pas tomber au sol. Je dors jusqu'à 16h mais je suis crevée ? La vie n'a aucun sens.

Nous atteignons leur cuisine américaine, donnant sur le salon et j'ai le droit à un magnifique tableau devant moi. Ethan, le petit frère d'Ani s'excite sur sa console et bouge ses doigts à une vitesse fulgurante. Brad, lui, est en train de travailler sur la table de la salle à manger, ou du moins sur la table qu'on devine sous tous ces papiers. Meghan, quant à elle, s'opère au repassage du linge de la semaine. Elle a toujours eu horreur de ça.
La famille Cooper s'active comme elle le fait tous les jours face à moi. Un tableau de famille comme celui-ci, je n'en ai pas vu depuis des mois. Mon cœur s'apaise. 

-Oh, Marylou ! Je ne savais pas que tu étais là. Ça me fait plaisir de te revoir, me lance Meghan de derrière sa table à repasser avant de venir m'embrasser.

Ses paroles font lever la tête de Brad ainsi que celle d'Ethan. Tous deux m'accordent un grand sourire accompagné d'un petit signe de tête avant de retourner vaquer à leurs occupations respectives.
Les parents d'Ani sont cool, vraiment très cool. C'est pourquoi me voir débarquer à l'improviste après six mois alors que j'habite à cinq heures de route ne les dérange même pas, pire, ça ne les étonne pas.
Leur réaction me laisse sans voix l'espace d'un instant. Pourtant je ne suis même pas étonnée? C'est à Ani de me sortir de ma torpeur en claquant des doigts devant mes yeux.

-Tu déjeunes toujours la même chose ?

J'acquiesce distraitement puis la rejoins dans la cuisine.
J'ai toujours aimé dormir chez Ani car le lendemain matin, je savais que j'allais pouvoir déjeuner les bonnes confitures de sa mère. Bon, également parce que Ani est mon amie bien entendu, mais il faut avouer que les petits pots de sa mère sont divins. 

TwinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant