La chance continue de me sourire puisqu'une pluie torrentielle s'abat sur moi lors du trajet de retour. Trajet que je dois effectuer à pied étant donné que j'ai loupé mon bus. Mes vêtements trempés dégoulinent au sol et mes cheveux plaqués sur mon crâne semblent peser trois tonnes. Je pris intérieurement pour que mes cahiers ne prennent pas l'eau. Mes larmes se sont taries, il n'y a plus que des gouttes de pluie qui perlent sur mes pommettes.
C'est un sentiment de victoire qui fleurit en moi lorsque j'aperçois ma maison, signe que cette journée est enfin finie. Je pénètre à l'intérieur à toute vitesse mais ma mère me stoppe immédiatement.-Ressuis tes chaussures et fait sécher tes affaires avant de salir mon sol !
Dieu m'a fait don d'une mère des plus maniaques et excessives. Comme si deux trois gouttes d'eau allaient détruire son carrelage.
Je m'exécute tout de même et monte illico presto à l'étage pour prendre une bonne douche. Je laisse l'eau couler sur mon corps jusqu'à ce que cette dernière devienne froide, chassant mes pensées. Je m'enrobe par la suite dans une serviette et enfile mon pyjama avant de redescendre toute propre. Mon cours de piano étant décalé, j'ai ma soirée tout entière. J'aurais préféré l'inverse à vrai dire. Le piano m'aurait occupé. A défaut, je serais face à moi même durant des heures. Un introspection qui s'étirera jusque demain matin car, soyons franc, je ne dormirai pas de la nuit.Je me sers un vers de jus d'orange sous le regard soucieux de ma mère. C'est alors que mon téléphone sonne, annonçant l'arrivée d'une notification. Mon attention passe totalement au-dessus de cette dernière et se concentre plutôt sur mon fond d'écran. On y voit Sam, brandissant fièrement une glace à l'italienne, Isaac tenant l'appareil ainsi que mon petit corps frêle entre les deux. Sans que je puisse y faire, ma vision se trouble et mes yeux se remplissent de larmes.
Je renifle le plus discrètement possible pour ne pas interpeller ma mère mais c'est peine perdue.-Lou' ça va ?
Cette simple phrase suffit à me faire éclater en sanglots. Je pleure à chaudes larmes alors que je me suis toujours promis de ne plus le faire devant elle. Ma mère se lève d'un bon et me prend dans ses bras. Je m'agrippe à elle comme si ma vie en dépendait. Je n'avais pas réalisé à quel point j'en avais besoin. Elle me caresse le dos de la même manière qu'Isaac il y a quelques heures, ce simple détail fait redoubler mes pleurs.
-Raconte moi.
Je sens de l'imploration dans sa voix, comme si elle me suppliait de lui en parler. J'ai toujours essayé de laisser peu de choses paraitre devant eux. Or, je sais qu'elle aimerait que je me confie davantage et pas, qu'à l'inverse, ce soit à elle de me soutirer des informations.
-C'est toujours pareil, calais je entre deux gémissements, que ce soit à Stanford ou ici...
Je ne suis jamais assez. Je n'en vaux jamais la peine. Je n'arrive jamais à faire les choses bien. Je fous toujours tout en l'air. Tout me ramène à elle, sans cesse, alors que j'essaye de la laisser dernière moi.
Mais ça bien sur que je ne lui dis pas.
-Je croyais que ça se passait bien à Columbia.
-Je croyais que c'était le cas.
Je me pensais intégrée. Je pensais avoir des amis que ne me lâcheraient pas. Je pensais enfin avoir trouvé un équilibre.
-Je suis tellement fatiguée maman.
-Et Isaac et Sam ? murmure-t-elle d'une voix douce sans savoir qu'elle enfonce le couteau dans la plaie.
Comment lui expliquer la situation ?
-On s'est disputé.
Cette réponse est bien loin de la réalité mais c'est la seule cohérente que je peux sortir. J'aimerais tellement lui expliquer, j'aimerais qu'elle me conseille, qu'elle me rassure en m'embrassant. Mais je ne peux pas. Ca lui ferait trop mal.
Elle passe ses pouces sur mes joues pour éponger mes larmes tout en me chuchotant :
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Twins
Teen FictionMarylou n'a jamais vraiment su surmonter la mort de sa sœur jumelle. Cinq ans que Camille est morte, cinq ans que Lou' se sent vide à l'intérieur. Hantée par des souvenirs bien trop limpides, elle peine à remonter la pente. Et ce n'est non pas une...