Chapitre 29

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Je suis tirée en arrière, trainée de la porte vitrée jusqu'au salon sans que je puisse me libérer de la main entourée fermement autour de mon poignet. Je manque de m'écrouler plusieurs fois au sol et me prends en prime, quelques meubles dans le ventre.

-Non mais ça va pas la tête ?! gueulais je à mon agresseur inconnu lorsque je manque de peu un encadrement de porte.

Je me dégage de son emprise d'un coup sec et tente de retrouver mon équilibre. Lorsque je suis stable, je relève la tête, bien décidée à passer mes nerfs sur l'impoli que m'a traîné dans toute la maison. Or je n'en fais rien, puisque c'est à Sam que je fais face. Et merde.
L'expression "être rouge de colère" prend tout son sens, et l'adjectif "assassin" qui accompagne le mot "regard" ne me parait plus aussi disproportionné.

-Non mais c'était quoi ça ?! me demande-t-elle tout bas pour ne pas attiser la curiosité des gens aux alentours.

Moi-même je ne sais pas. Ca ne me ressemble pas.
Tu ne veux pas qu'on s'approche trop près de ta vie mais tu ne te gênes pas pour te mêler de celle des autres, souligne ma conscience, toujours là pour me soutenir.
Sam ne me laisse pas le temps de répondre à sa propre question et continue, cette fois plus fort, ne pouvant contenir sa haine.

-Je ne t'ai rien demandé à ce que je sache ? MAIS QU'EST CE QUI T'AS PRIS BORDEL ! Pour quoi tu me fais passer moi ?!

Je lève les yeux vers elle et plante mes iris bleutée dans les siennes. Sam me répète à longueur de journée de tenir tête à Suzanne, de ne pas m'écraser face au monde qui m'entoure. Et maintenant que j'ose le faire, elle m'engueule.

-Je pensais bien faire ...

C'est vrai. Je croyais vraiment bien faire. Cependant, je comprend à l'instant un détail que je n'avais pas jusque-là assimilé. Ce n'est pas tellement Suzanne le problème, Sam sait s'opposer à elle, tant qu'il ne s'agit pas de Matt. Peut-être que le comportement de l'un est influencé par le comportement de l'autre mais la source du problème, c'est Matt et les sentiments qu'éprouve mon la rousse à son égard.

-J'ai horreur que quelqu'un se mêle de chose qui ne le regarde pas, presque autant que lorsque qu'on parle à ma place, et tu le sais très bien. Je n'ai pas besoin d'être secourue.

Elle souffle longuement, désabusée; Je ne vois plus les flammes de rages qu'elle avait quelques minutes plus tôt dans les yeux, elle semble juste épuisée. Déçue.

-Je voulais t'aider ...

-Je ne veux pas de ton aide Marylou.

Sur ce, elle tourne les talons et sort de la pièce, me laissant seule.
Je soupire, les yeux clos. Moi aussi je suis épuisée et mes deux amis semblent ne plus vouloir m'adresser la parole de la soirée. Je n'ai plus rien à faire ici.
Je me résigne à faire demi-tour et à laisser mes baskets au bord de la piscine. Je devrais aller les chercher et faire preuve d'un minimum de courage, mais je n'ai aucunement l'envie de retourner sur la terrasse sous le regard des autres, de Suzanne, de Sam. Je me dirige donc vers la porte d'entrée, sans un regard en arrière, pas même un pour mon sac resté à l'arrière de la voiture de Sam. Je sors en chaussettes, une fine robe à moitié trempée sur le dos en pleine nuit d'hiver. Mon corps est encore humide, mes cheveux mouillés et mon corps est déjà parcouru de spasmes. Le vent frais me picote la peau, et je relève mes longues mèches blondes en chignon, afin de ne pas les avoir dans le visage. Vingt bonnes minutes à pied me séparent de ma maison, et c'est dans une nuit sombre que je m'engouffre, tête baissée, frigorifiée. Cette soirée ne restera pas dans les annales, du moins, pas pour les bonnes raisons. Je regrette d'avoir laissé mes écouteurs dans mon sac mais me félicite tout de même d'avoir, comme à mon habitude, glissé une minuscule pochette dans mon décolleté, contenant téléphone, clé de maison, et du liquide. Je me contente donc des bruits de la nuit pour me bercer, ou plutôt du calme olympien qui règne dans les rues. Cependant, ce silence est vite interrompu par une voix grave, qui m'interpelle derrière moi.

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