Chapitre 43

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J'arrive un quart d'heure avant la sonnerie ce matin, une grande première. En effet, je me suis réveillée avant mon réveil, et j'ai préféré me lever plutôt que de trainer dans mon lit. En même temps, cela fait une semaine entière que j'hiberne et que mes journées se limitent aux quatre murs de ma chambre. J'ai besoin d'air.

J'atteins mon casier et inspire un bon coup. Je suis décidée à parler à Sam. J'espère d'ailleurs qu'elle arrivera, elle aussi, avant le début des cours pour que l'on puisse s'expliquer. Une semaine sans nouvelles, c'est très long. Ça ne sert à rien de se voiler la face, Sam et ses cheveux de feu ont pris une place énorme dans ma vie et tous ses évènements influencent grandement mon humeur.

Les poils de ma nuque ne cessent de se hérisser depuis que j'ai posé les pieds ici. J'ai l'impression d'être observée.

Lou' redescend, personne ne te connait ici.

Je tchèque mon téléphone, prends ce que j'ai à prendre et me retourne. Il ne reste maintenant que dix petites minutes avant le début des cours, les couloirs commencent donc à être bondés d'étudiants. J'ai toujours pensé que personne ne me remarquait. Sur les deux mille personnes que comptabilise l'établissement, je dois en connaitre à peine cinquante et vice versa.
Mais pourtant ce matin, beaucoup semble me connaître.

C'est une mauvaise blague ?

Je sens quelques coups d'œil sur ma personne, et ceci ne me plait absolument pas.

Qu'est-ce qui se passe bordel ?

Je sens la panique m'envahir, alors je marche le plus rapidement possible, le plus loin possible. Mais rien à faire, mon côté obsessionnel se sent observé de tous les côtés. Est-ce que c'est mon concert dans la cuisine de Suzanne de samedi dernier qui me veut cette soudaine attention ?
C'est alors que j'aperçois Isaac au fond du couloir voisin. Je soupire de soulagement. Je me précipite vers lui afin de trouver un peu de réconfort et surtout une explication à ma soudaine popularité. Il est en pleine discussion avec deux de ses coéquipiers. J'attends que ces derniers s'éloignent et j'accours dans sa direction dès qu'il se retrouve seul. Lorsque j'arrive à son niveau, j'ai envie de la prendre dans mes bras et de me cacher derrière lui, mais le fait qu'il ne me réponde plus depuis plusieurs jours me reviens en mémoire, alors je me ravise.

-Hey, tu peux pas savoir à quel point je suis heureuse de te voir !

Il se tourne vers moi et m'adresse un semblant de sourire ainsi qu'un geste de la tête tout en restant silencieux.

-Tu vas bien ? Vu que je n'ai plus de nouvelles depuis jeudi... lançais je avec un soupçon  de reproches.

-Hum, ouais désolé j'étais occupé.

Au point de ne pas pouvoir aligner trois mots sur son téléphone pendant quatre jours ? Laisse moi rire. Surtout qu'Isaac a constamment le nez plongé dans son cellulaire. Défaut que Sam et moi n'arrêtons pas de lui reprocher.

-Hum, d'accord, mais, est ce qu'il s'est passé un truc la semaine dernière ?

-Non.

Je me mords la lèvre. Lui dire ou non ? Oh et puis merde.

-Écoute, ça va te sembler bizarre, mais j'ai l'impression que tout le monde me regarde.

Il lève instantanément la tête, semblant soudain me donner toute son attention et plonge ses yeux bleus dans les miens, intensément. Comme s'il essayait d'y discerner quelque chose, d'y lire quelque chose. Or, ces derniers ne contiennent que de l'incompréhension. 
Il finit par tourner la tête, un air grave collé au visage.

-Putain Isaac, dis-moi ce qu'il se passe.

La sonnerie retentit à ce moment précis et lui offre une magnifique échappatoire. Ce dernier la saisit, évidemment.

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