Chapitre 89.
ESMA
Je me suis réveillée aux alentours de 17h, comme une grosse larve. Ilies et la voisine avaient déjà quitté les lieux.
D'ailleurs j'ai entendu Ilies PRENDRE SA DOUCHE. Je sais pas pourquoi je le précise mais voilà, j'étais juste à côté et tout t'sais......brefIl est actuellement 18h et je fais du yoga. Parce-que je n'ai strictement rien d'autre à faire. Tout est nul à la télé et l'interlocuteur n'envoie aucun message et ne répond pas à mes appels.
Franchement c'est super, le yoga.
Alors que je recherche une nouvelle vidéo à suivre, je me rappelle subitement que j'ai un travail. J'ai disparu pendant plus de 3 semaines, mon patron doit péter un câble.
J'hésite à l'appeler ou non...Je me lève et décide de débattre à voix haute en me baladant dans toute la maison.
-Moi : D'un côté...
Je m'arrête et regarde autour de moi pour vérifier que personne ne m'écoute parler seule comme une demeurée.
-Moi : Il me faut du biff. Il faut que le patron sache que je ne suis pas morte. Il faut que je prévienne, tout simplement. C'est poli, c'est la moindre des choses à faire, après 3 semaines d'absence...
Je fais les cents pas dans tout l'étage. Je décide d'aller dans la chambre du propriétaire des lieux.
-Moi : Mais d'un autre côté...
Je m'assois sur le lit et commence à faire des gestes avec mes mains pour mieux expliquer.
-Moi : Je suis sure que le patron s'en carre les reins de mon absence. Je suis sûre qu'il n'a rien remarqué. Et du biff, oui, mais mon salaire est un peu à chier, depuis le mois dernier. Donc...
Je me lève et commence à toucher les livres d'Ilies du bout des doigts.
-Moi : La question est la suivante...
Je vais jusque devant le miroir et me regarde.
-Moi : Est-ce que je l'appelle ? Esma, bouge-toi et fais un choix. Oh, j'ai grossi un peu. Ça me va bien.
Je tourne sur moi-même.
-Moi : Ça me va grave bien. Ou peut-être que c'est parce-que Talia m'a affamée pendant des jours, et que j'ai juste repris mon poids normal. Enfin bref, je m'éloigne du sujet. Je...
Soudain, parmi les livres, pochettes de documents et enveloppes soigneusement empilées sur les étagères blanches, je distingue un papier que je connais bien. Un papier bleu clair, que je reconnais entre milles.
Pourquoi ? Parce-que seule ma soeur utilise un papier d'une telle couleur. C'est un bleu pastel, cartonné, aux bouts découpés en triangles, qu'elle utilisait pour ses cours, ses courses, ses fiches, son courrier.
Je m'arrête de parler et de bouger. Je m'en approche doucement.
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Esma, « Le prix d'une vie »
General FictionEsma, 17 ans, revient à la maison après avoir vécu 7 ans à l'internat. Si heureuse de retrouver sa famille, ses espoirs s'envolent lorsqu'elle découvre que sa vie entière est basée sur un mensonge.