Chapitre 81.
ILIESCe matin-là, je regardais Esma dormir. Il était bientôt dix heures, et ses yeux semblaient être fermés pour toujours. J'imagine que ses nuits précédentes devaient être des cauchemars, un ensemble d'insomnies affreuses. Alors je comprends tout à fait sa fatigue.
J'me lève et part prendre une douche. C'était le mieux à faire pour me sortir de ce brouillard dans lequel j'me trouve depuis hier. J'avoue que je ne sais plus trop ce qu'est ma vie, j'comprends plus rien. J'ai l'impression d'avoir perdu le contrôle, que plus rien n'est normal.
J'allume le jet d'eau et propulse mon visage avant, les yeux fermés.J'essaye de ne penser à rien.
Impossible.
Impossible de ne pas penser à cette trahison. Cette trahison de la part de mon frère, peut-être pas de sang, mais c'était mon frère. Il ne le sera plus jamais. Ouais, j'vous l'accorde, j'ai tenté de le tuer, quelques temps auparavant, mais c'était mon ultime chance de survivre. Lui, il s'est lié à cette schyzo de Talia et a signé un pacte avec elle pour que je devienne leur putain d'objet.
C'est monstrueux, c'est inhumain, et on fait pas ça à quelqu'un de sa famille. Ok, j'ai pas toujours été gentil, mais j'le méritais pas. Enfin, voilà quoi. Le pire dans ce merdier, c'est la drogue qui m'ont filée pendant des semaines. J'avais le droit à une dose quotidienne quatre fois dans la journée. J'commence à ressentir le manque, là. J'essaye de pas y penser, et faut surtout pas que j'en parle à Esma.
J'n'ai plus le souvenir de mes actes. A vrai dire, j'n'ai plus beaucoup de souvenirs de ma vie, en général. Ceux d'Esma sont toujours présents. Un peu flous, mais je me souviens très bien de sa voix, et de son visage. Petit à petit, tout me revient en tête, mais je sais qu'il y'a des passages de ma vie que j'ai entièrement oublié. Ou du moins, je n'arrive plus à m'en souvenir. C'est comme s'ils avaient disparus.
Je termine ma douche et m'habille. Je sors de la salle de bain, et je la trouve assise en tailleur, les yeux gonflés de fatigue.
Elle prend du temps à remarquer que je suis là, en train de la regarder. Lorsqu'elle s'en aperçoit elle sourit doucement et semble chercher quelque chose à dire.
-Moi: Bien dormi ?
-Esma : Oui, ça va. T'es réveillé depuis longtemps ?
-Moi : Non, t'inquiètes
Depuis 4h13, exactement.
Elle me fixe un instant, puis s'étire.
-Esma : Je t'ai entendu. T'étais déjà réveillé à 5h00.
Je vais poser ma serviette et mes affaires sur la table.
-Moi : J'avais soif.
Elle ricane discrètement puis se lève. Je la regarde du coin de l'oeil puis vais me posticher sur la petite chaise d'à côté.
VOUS LISEZ
Esma, « Le prix d'une vie »
Fiction généraleEsma, 17 ans, revient à la maison après avoir vécu 7 ans à l'internat. Si heureuse de retrouver sa famille, ses espoirs s'envolent lorsqu'elle découvre que sa vie entière est basée sur un mensonge.