Esma, 17 ans, revient à la maison après avoir vécu 7 ans à l'internat. Si heureuse de retrouver sa famille, ses espoirs s'envolent lorsqu'elle découvre que sa vie entière est basée sur un mensonge.
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ESMA
Les jours passent. Ma capacité d'humaine fait que j'arrive à m'adapter à cet endroit, malgré tout. Je commence à comprendre le truc. Le matin, la servante vient me donner à manger. Quand je refuse, la seringue est là en renfort. Je n'ai plus revu le fils, depuis la dernière fois. Je m'interroge à son sujet. Il me connaît. C'est sûr et certain, mais je ne sais pas d'où.
Quant au fossile....
Il est actuellement ici. Assis sur le lit, dos à moi, l'air dramatique. Si on ne connaissait pas l'histoire, la scène ressemblerait à un début de film porno, ou à une dispute père-fille qui a mal tournée (qui explique pourquoi je suis attachée au lit), ou une malchanceuse qui est juste victime d'un vieux déguelasse. Le troisième scénario est justement véridique.
-Vieil homme : Tu sais, je comprends ta colère. Je comprends. Mon fils ne monte plus te voir, il est...il a du mal à se contrôler. Je ne veux pas qu'il se défoule sur toi. Tu es précieuse, à mes yeux.
Je n'écoute rien de ce qu'il dit, j'espère juste qu'il s'étouffe avec sa salive ou qu'il s'approche assez pour que je luis assène un coup fatal dans le dos.
-Vieil homme : Nous comptons...je compte sur toi. Beaucoup. Tu as été sage, ces derniers jours. Penses-tu que je puisse te détacher ?
-Moi : Oui, détachez-moi.
Il se tourne vers moi, émerveillé que je lui réponde.
-Vieil homme : J'ai envie, oui. Mais...
-Moi : Détachez-moi, je serai sage.
Il rit.
-Vieil homme : Tu ressemble à mon fils. Je sais que tu ne seras pas sage. Mais bientôt, tes poignets seront libres. Je vais te donner ton repas.
Et c'est comme ça depuis 6 soirs d'affilée. Il me donne à manger comme une enfant, les yeux brillants. Pendant ce moment atroce, je pense à Ilies. À Yanis. À sa copine. À cette journée au spa, et à combien on avait rigolé. Ilies. Ilies.
-Vieil homme : Tu as bon appétit. C'est très bien. Très bien, Esma.
J'ai un contrôle de fou furieux pour ne pas lui vomir dessus. Je mange sans broncher. Oui, parceque j'ai trouvé une raison de vivre, finalement : savoir qui est le jeune homme. Il me connaît. Je veux savoir d'où. C'est probablement la seule chose qui me maintient en vie. Dans un coin de ma tête, je repense toujours à ce fameux message que j'avais reçu quand j'étais encore chez Ilies, il y a quelques jours. L'interlocuteur avait prit des photos de mon appartement et disait m'attendre. Je ne sais toujours pas de qui il s'agit.
-Vieil homme : Je te laisse te reposer.
Il rassemble les couverts sur le plateau et s'en va en souriant. Sale vieille merde. Il me répugne avec son sourire dégueulasse. Qu'on en finisse.
