If I Fight, You Fight (Freddy/Ugo)

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If I Fight, You Fight : One Step At A Time

Jab. Cross. Jab. Cross. Garde. Crochet du droit. Garde. Uppercut.

Sang et coups directs dans la tête ou dans les côtes, joue qui rencontre le sol, et Ugo se demande comment il réussit à gagner ce combat, alors que son corps couvert de sueur et de rouge lui fait souffrir le martyr. D'ailleurs, son corps se demande aussi comment il a réussi, parce que se traîner jusqu'à son appartement est plus compliqué que d'esquiver au bout d'un huitième round.

Ugo ferme la porte de son appartement, après trois étages compliqués où il a dû s'accrocher solidement à la rampe pour ne pas s'arrêter au milieu du chemin, son sac de sport tapant contre ses côtes abîmées par tous les jabs qu'il a reçus aujourd'hui. Il a le temps de sortir une poche de glace du congélateur, avant de courir jusqu'aux toilettes pour recracher tout ce qu'il a pu avaler aujourd'hui, comme avant et après chaque combat. Un surplus d'adrénaline, et son angoisse reprend le dessus sur la mince confiance en lui qu'il arrive à afficher.

Les marques sur ses poignets à cause du scotch enroulé autour de ses gants sont loin d'être les pires blessures de sa vie de boxeur, et Ugo sait très bien que les conséquences ne viendront que plus tard dans sa vie. Pour l'instant, il applique de la glace sur sa joue et son œil bien rouges, un pansement sur son arcade sourcilière fragilisée. Il ne lui reste plus qu'à manger un peu en essayant de ne pas tout revomir, et essayer de dormir malgré les nouvelles douleurs.

Ugo se demande parfois pourquoi il boxe et pourquoi il s'obstine avec tout ça, alors qu'il a fait suffisamment d'études pour être heureux ailleurs. Même si son corps lui crie d'arrêter ça avant qu'il ne soit trop tard, chaque jour qui passe, même s'il sait très bien que chaque combat lui retire une année de plus à vivre, rien ne peut l'arrêter ou l'empêcher de boxer. Il va encore avoir du mal à dormir, et Ugo ne sait pas si ça vient plus de sa tête en vrac ou de ce qu'il s'y passe à l'intérieur...

Le club dans lequel il boxe tous les mois, toutes les semaines quand c'est physiquement possible, le laisse tenir une série. 14-0, même si tous les boxeurs qu'il affronte ne sont pas toujours professionnels. Personne ne l'a mis K.O pour l'instant, et ça lui va très bien. Ce serait presque un boulot amusant, si ça ne signifiait pas risquer sa vie à chaque combat, et savoir qu'il ne vivra pas très longtemps s'il continue.

Pas de coach ou de salle pour s'entraîner et s'améliorer, tout se fait tout seul, tout à l'instinct. Ugo se débrouille comme ça, et ça lui convient de ne pas avoir à être redevable à quelqu'un. Ce sont ses poings, pas le talent de quelqu'un d'autre. Il se prend les coups, il crache son propre sang, et personne n'aura jamais le droit de s'approprier tous ses efforts, au combien ils peuvent être vains.

Son corps a à peine le temps de se remettre de son dernier combat que le club organise une journée de gala pour mettre en avant la boxe au sein de la variété sportive de la région. Ugo n'a pas attendu longtemps avant de s'inscrire, il connaît ses forces et ses faiblesses, il peut gagner, même si son corps a encore des limites visibles et des stigmates des anciennes luttes. Ses mains tremblaient au moment de signer, mais c'était hors de question de reculer devant un nouveau défi.

Ugo n'avait juste pas prévu de devoir enchaîner plusieurs combats d'un coup, avec seulement quelques minutes de break. Il a un bon cardio, mais rien ne peut le préparer à un tournoi surprise, à enchaîner les coups et les blessures, ce n'était pas censé être plus qu'une exhibition avec maximum deux duels... Il se retrouve à appliquer lui-même une gaze contre son visage déjà blessé quand ses gants daignent bien s'enlever.

Son arcade est bien amochée et son œil est à moitié fermé quand il se retrouve en finale, mais Ugo ne compte pas abandonner, ce n'est pas pour livrer un beau spectacle, juste pour aller au bout de ses limites et se prouver qu'il peut faire partie des meilleurs de la région. Ce serait plus facile s'il connaissait son adversaire, mais sa carrure et son accent lui indiquent qu'il ne vient pas d'ici. Pas de nom, pas de surnom. Peu importe, il doit gagner dans tous les cas. Seul, face à son destin.

Koh-Lanta got me writing at 1amOù les histoires vivent. Découvrez maintenant