De retour parce qu'on revient ENCORE. Dernière fois que j'ai écrit sur Ugo j'étais en L2 (meilleure période de ma vie) et maintenant je suis en M2 (envie de mourir)
A writer knows
Tout semble particulièrement plus rapide dès que Gustin ne parle plus—pas que ce soit désagréable dès qu'il ouvre la bouche, mais Ugo trouve juste amusant qu'il soit déjà lent avant même d'être atteint par l'apathie de l'aventure. En tout cas, il a envie de savoir à quel rythme Gustin parlera quand il n'y aura plus rien à manger du tout, lors des derniers jours de l'aventure. Qui sait, peut-être que par miracle, le Suisse se mettra à parler bien plus rapidement... Au moins, il est toujours aussi performant sur les épreuves, et s'il continue comme ça, Sophia n'aura plus aucune raison de râler contre lui.
Mais pour le moment, même s'il se doit de réfléchir en tant que capitaine, Ugo préfère rester sagement assis les pieds dans l'eau sur son hamac, en profitant de ce confort facilement mérité. Boisson dans la main et t-shirt séchant paresseusement près de lui sur le rebord de la piscine, ses cinq sens sont à la fois mis au repos, et en activité. Étrange, mais après des jours entiers de coco, regoûter quelque chose de réellement savoureux lui fait le plus grand bien, et son corps se détend réellement en pataugeant faiblement dans l'eau chlorée. Il y a une douce odeur de jasmin et de lotus dans l'air, et ses oreilles restent aux aguets en écoutant les doux soupirs de soulagement de ses coéquipiers. En fait, il n'y a que ses yeux qui profitent d'une autre manière.
Ils ont tous plus ou moins commencé à fondre à cause de la privation et de l'effort, mais Gustin semble peu ou prou épargné par cette fatalité ; des beaux abdominaux dessinant toujours une tablette de chocolat (son addiction à ce foutu sucre ne l'abandonnera jamais), et des muscles saillants exposés à son regard curieux. Ugo a vu bien des corps masculins sur Koh-Lanta—le corps de mannequin de Brice lui revenant en tête pendant une courte seconde, avant qu'il ne soit remplacé par celui de Laurent—mais il n'a certainement jamais autant traîné à détourner le regard pour profiter du paysage. L'avantage d'avoir autant marqué les esprits quelques temps plus tôt, c'est qu'il a une certaine impunité, alors dès qu'il croise le regard curieux de Cassandre, il ne fait que lui sourire en levant son verre.
Les avantages d'être capitaine, c'est aussi de pouvoir faire attendre les petits jeunes au moment de manger, peu importe à quel point ils peuvent se plaindre. Ils attendaient un repas pareil depuis des jours, ils peuvent bien attendre une minute de plus—et puis, Ugo ne se plaindra pas s'ils commencent avant lui. Un sourire en coin l'accompagne dès qu'il s'asseoit finalement avec son équipe, et le banquet peut enfin commencer, même s'il attrape du coin de l'œil Gustin essayant de masquer le petit-four qu'il avait déjà enfourné. Ugo n'est ni surpris ni vexé, il est juste de plus en plus amusé par ce qu'il pourrait appeler son vice-capitaine, un gars étrange mais stupidement attachant. Il apprécie aussi Maxim, comme un petit-frère de la même manière qu'il aimait Sam et Loïc, mais ce n'est pas la même chose qu'il ressent pour le géant Suisse.
Peut-être qu'Ugo sera éclairé sur ses sentiments par cette nuit commune à l'hôtel, dès qu'il réalise qu'il est trop grand pour avoir son propre lit simple, et pas assez petit pour partager un lit double avec un gabarit qui ne l'écraserait pas. Gustin est un gros bébé, et Ugo se sent comme sa peluche, dès qu'ils sont allongés dans le lit, la réalisation de leur situation les frappant soudainement. Ah. Ugo grimace en se tournant vers le mur pour avoir le plus d'espace possible—il ne devrait pas se plaindre après ce qu'il a vécu en Polynésie, sans oublier le fait qu'il dort sur le sable tous les jours depuis le début de cette nouvelle aventure—mais il va se retrouver à embrasser le mur avant de s'endormir...
Deuxième option : se tourner vers Gustin et espérer ne pas finir dans ses bras s'il ne veut pas manquer d'air durant son sommeil. Option risquée, mais Ugo a dormi près de Karima trois ans plus tôt alors il a l'habitude d'être en danger d'une certaine manière. Il trouve près le sommeil facilement, ses paupières luttant pour se rouvrir à chaque fois qu'elles se referment, mais avant qu'Ugo ne puisse faire quoique ce soit, il se retrouve avec un poids sur tout le côté gauche de son corps, et des lèvres ronflant sur son épaule. Il peut presque sentir de la bave traverser son t-shirt, et Ugo souffle du nez en essayant de repousser Gustin sans le réveiller—sans succès. Pire, le Suisse passe son bras autour de sa taille et sa tête sur son torse affaibli, et Ugo se retrouve définitivement piégé.
Ce n'est pas une chaleur désagréable, ni une présence que son corps refuse en tant que tel, mais Ugo aimerait pouvoir profiter de cette nuit sans être écrasé... Il essaie tant bien que mal de faire bouger Gustin, en caressant sa joue et ses cheveux pour le gêner, mais il n'y a rien à faire. Merde. Peut-être que le pire dans tout ça, c'est le regard brillant dans le noir de la nuit—Ugo n'a qu'à tourner la tête des cheveux de Gustin pour voir Cassandre assise contre le mur, son menton posé sur ses genoux. C'est peut-être son imagination, mais il est sûr de percevoir un sourire sur le visage de l'écrivaine, et Ugo n'aime pas du tout ce que ça peut vouloir dire...
Fin