Et Ainsi De Suite (Nicolas/Frédéric)

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DE RETOUR PARCE QU'ON REVIENT

Et ainsi de suite


Nicolas ne sert pas la France pour pouvoir poser ses yeux sur d'autres hommes, en tout cas, c'est ce qu'il se répète, pour être sûr de ne pas continuer à lentement dériver vers une part de lui qu'il n'est pas sûr de pouvoir laisser exister. Personne ne doit le savoir, et ça en restera ainsi jusqu'à ce qu'il ait quitté l'armée, ou qu'il soit tué sur le terrain, enterré sous le drapeau tricolore. Ce serait plus facile s'il pouvait faire confiance à son cœur, mais Nicolas doit faire avec ce qu'il a, c'est-à-dire, pas grand-chose.

Il regarde Grace préparer le repas aux côtés de Frédéric, et il sait que ce n'est pas normal d'être aussi dépendent d'une seule personne, alors que son cœur accélère sans qu'il ne puisse le contrôler. C'est stupide, et rien dans sa formation militaire ne lui a appris à laisser ses émotions prendre le dessus sur la raison et le bien de l'équipe, mais même en étant capitaine des Paniman, il ne sait pas comment faire pour les guider au mieux vers la réunification. Peut-être que tout était vraiment plus facile quand il risquait sa vie pour le pays. Peut-être qu'il est juste devenu mou avec le défilement incessant des années, et l'apparition de cheveux blancs sur le noir habituel de sa jeunesse.

Laura plaisante avec Clémence sur les prides auxquelles elles ont déjà pu assister, et Nicolas sait qu'il ne peut pas rester sur le camp s'il veut protéger son secret, et sa dignité. Une-Deux, sa main attrape la machette la plus proche, et il ne sait même pas s'il trouve le courage d'annoncer qu'il va chercher du bois pour le feu. Peut-être que les mots sont restés bloqués dans le fond de sa gorge, en même temps que sa distinction. Nicolas remercie silencieusement ses coéquipiers de ne pas s'attarder sur son cas, et de le laisser aller se remettre les idées en place de son côté, seul.

Il croise Quentin à la source d'eau pendant quelques secondes, et Nicolas n'a besoin que d'un mouvement de tête pour que le jeune homme reste loin de lui, un salut militaire restant bloqué dans son bras. Nicolas ne se sent pas à sa place ici, et il ne sait pas si c'est à cause des pulsions étranges qu'il ressent depuis quelques temps, ou si c'est parce que tout son entraînement féroce ne cherche qu'à se faire savoir. Non, il doit rester discret, pour se protéger, et avancer le plus loin possible dans le jeu...

Ses mains sont maintenues au-dessus de sa tête par des doigts plus solides que les siennes, et des lèvres ravagent son cou sans soucis, sans que son corps ne cherche à y dire quoique ce soit, sans qu'il ne puisse seulement avoir envie d'y remédier, et son érection repose intouchée entre ses jambes, malgré les frottements et frictions du colonel contre lui-Putain c'est trop bon pour être vrai, et Nicolas est obligé de fermer les yeux pour ne pas céder à la pression et montrer les larmes qui manquent de s'écouler le long de ses joues jusqu'au drap-

Non pas ça pas maintenant-il ne peut pas repenser à ça tout de suite, alors que tout son corps est déjà épuisé, et à la recherche d'un minimum de confort avec le riz qui doit être en train de cuire dans la marmite, préparé par l'homme qui a réveillé tout ça chez lui-Nicolas avait réussi à oublier tout ça-se concentrer sur son mariage et être un homme, un soldat complet-C'est injuste d'être aussi faible alors qu'il ne devrait même pas avoir une seule once de libido aussi loin de son pays, de sa belle Corse...

La machette pleut sur les branches sèches qu'il voit, et Nicolas ne sait même plus s'il fait ça pour être le capitaine exemplaire qui pense au feu, ou s'il le fait pour ramener des brindilles pour la brosse à dent aléatoire de Tania, ou pour se débarrasser de toutes les pensées néfastes qui pimentent son esprit depuis quelques temps, mais il n'aime pas ce qu'il est. Qui il est. Nicolas est né pour être bien mieux, et ne pas tomber dans le piège facile des pulsions. Il doit être ce que son père attendait de lui.

Sa joue frotte contre le matelas, des lèvres toujours sur sa peau alors qu'il est profondément rempli par son colonel, et Nicolas ne sait plus qui il est ou pourquoi il s'est engagé dans l'armée, il sait seulement qu'il y a la présence de son colonel tout près de lui, et qu'il aime ça, comme s'il était né pour ça... Une main se pose sur sa bouche quand un gémissement manque de résonner dans toute la caserne, et Nicolas sait qu'il n'a plus le contrôle des choses, et qu'il ne l'a probablement jamais eu, malgré ses plus sérieux efforts de maîtriser son plaisir-

Il y a un gros tas de bois entre ses bras quand il rentre sur le camp, et Nicolas ne sait pas ce qui l'énerve le plus, entre la passivité avec laquelle Benjamin tourne autour de Tania pour la séduire, ou le regard complice entre Laura et Clémence, mais il combat tous ses instincts pour ne pas simplement tout laisser tomber et retourner se perdre dans la forêt. Il mérite mieux que d'être l'idiot fini qui gère les autres idiots, mais c'est son rôle, alors il dépose simplement le tout, remet la machette à sa place, et espère que personne ne comprendra que les taches blanches sur son short ne sont pas de la coco...

Ses ongles s'enfoncent dans ses paumes, et quelque chose ne lui semble toujours pas normal quand il s'asseoit à sa place, dans le sable près du feu, alors que Grace lui tend sa noix de coco de riz, Frédéric s'installant juste à côté de lui. C'est une nouvelle habitude de le sentir si près de lui, et Nicolas ressent beaucoup plus de choses qu'il ne le devrait, rien qu'au moment où leur peau poussiéreuse se frôlent... Putain.

Son cœur rate un battement quand Frédéric lui sourit, en lui souhaitant bon appétit, et Nicolas ne sait pas si le stupide rougissement qui s'installe sur ses joues est visible, mais il doit forcer un sourire pour masquer la grimace qu'il aurait fait en temps normal. Il espère que personne ne remarque qu'il doit prendre sur lui pour avaler la boule dans sa gorge, alors que les souvenirs de mains sur ses hanches et de va-et-vient dans son corps se mélangent avec le visage de son coéquipier-Oh merde merde merde-

''Un problème, capi ?'' La main de Fred se pose sur son épaule, en même temps que sa voix le sort de ses fantasmes non désirés, et Nicolas manque de s'étouffer sur son riz

''Hm-Non, pourquoi ?''

''Je sais pas, tu fixes le vide depuis un moment. T'es sûr que tout va bien ?''

''Ouais, t'inquiète pas, je suis juste un peu fatigué.''

''Allez, ça va passer.''

La main de Frédéric raffermit sa prise sur son épaule, en même temps que son sourire s'étend un peu plus sur son visage, et Nicolas tuerait pour ne pas imaginer encore plus de scènes horribles, mais la seule chose qu'il peut faire est de sourire à son tour, pour essayer de se convaincre que tout va bien...

S'il gagne Koh Lanta, alors il acceptera de faire quelque chose pour son secret, mais pour l'instant, Nicolas va seulement accepter de mener sa barque loin de ce que désire son cœur.

Fin

Koh-Lanta got me writing at 1amOù les histoires vivent. Découvrez maintenant