Aisu arriva après de longues minutes de marche, dans une petite rue. Elle se dirigea vers un haut et lourd portail de fer forgé, terminé par des piques acérées. La jeune femme poussa le portail et pénétra dans un immense jardin. Elle emprunta une allée parsemée de galets noirs et de pierres blanches menant à une demeure des plus imposantes : le Manoir du clan Kamiaku.
Le Manoir abritait les appartements du Maître de famille et bien que lui seul était autorisé à y vivre, la demeure aurait pu abriter plus de la moitié du clan ! La façade de la sinistre demeure était sombre, d'un gris passé, abîmé par le temps. Le toit du Manoir dépassait la cime des arbres les plus hauts et accueillait les visiteurs de son ombre menaçante.
La jeune femme qui avançait d'un pas décidé, ne vit pas l'ombre tapie derrière un arbre et qui avait assisté à son arrivée. La silhouette espionne était celle d'un homme de haute taille, et lorsqu'il tourna le visage vers le soleil matinal, son regard couleur de foudre se mit à étinceler d'une curieuse lueur.
Aisu se trouvait à présent dans le long couloir menant aux appartements du Maître. Les murs qui l'emprisonnaient étaient dépourvus de toutes esquisses, tableaux ou miroirs. Le sol était recouvert d'un parquet en bois dont la couleur se rapprochait de celle du sang.
La jeune femme arriva devant un gigantesque shoji, sur lequel était peinte une bien curieuse scène : Un homme était représenté au centre de la fresque, vêtu d'une peau de bête. Tout autour de lui, étaient alanguis ou agenouillés, dix autres êtres humains qui le fixaient d'un regard admiratif et docile. Un seul personnage se détachait de ce groupe, une femme d'une incroyable beauté, qui se tenait assise aux pieds du Maître. Belle, au port de tête altier et au regard arrogant, elle semblait, contrairement aux autres, non soumise au maître. Au contraire ! L'une de ses mains étaient posés sur le genou de l'homme et semblait être se comporter comme son égale.
L'écrivain détacha son regard de la fresque et entrebâilla légèrement le lourd panneau de bois. Elle jeta un coup d'œil à l'intérieur. Le shoji donnait sur une grande pièce, dépouillée de meubles ; seul trônait au milieu de la salle, un futon aux draps épars. De larges baies vitrées offraient une vue imprenable sur le jardin.
— Taiyou-sama, êtes-vous là ? murmura Aisu tout en pénétrant dans la pièce.
Ss yeux s'habituèrent à l'obscurité, et elle aperçut les deux silhouettes lui faisant face. Assis à même le sol, se tenait un homme de belle carrure, au regard de fauve. À ses côtés, le col du kimono légèrement débraillé, somnolait un étrange adolescent au regard éteint. L'homme se retourna vers lui. Aisu vit le frisson de terreur qui secoua l'échine de la créature.
— Tu peux disposer Tsuki, ordonna l'homme d'une voix grave et puissante.
L'adolescent s'exécuta de suite. Quand il frôla Aisu, il lui décrocha un regard haineux, ce qui accrut la laideur de sa figure semblable à celle d'un cadavre en décomposition.
Dès que le shoji se referma sur le monstrueux éphèbe, l'homme se leva et se dirigea d'un pas félin vers la maudite. Les yeux d'Aisu se délectaient de ce corps masculin : le yukata, porté avec négligence, laissait entrevoir un torse musclé. Le regard empli de convoitise d'Aisu remonta jusqu'au visage divin, doté d'une puissante mâchoire. Ses yeux jaunes et sa longue crinière noire qu'il portait longue et détachée, conféraient au Maître, l'allure et la prestance d'un lion sûr de son pouvoir.
— Aisu, cela faisait longtemps, murmura-t-il tout en se saisissant du menton de la jeune femme.
— Comment vous portez-vous, Maître ? demanda Aisu d'un ton câlin.
Il lui répondit par un féroce baiser. Il planta ses crocs dans les lèvres fragiles et en suça amoureusement le sang écarlate qui en jaillit. Aisu ferma les yeux pour savourer ce baiser sauvage.
— Tu m'as manqué...
L'atmosphère devint moite et étouffante. Au-dehors, le soleil matinal et ses rayons brûlants frappèrent de plein fouet la baie vitrée, éclairant le couple enlacé.
Notes et autres blablas:
Quelques précisions sur les prénoms et noms de ces premiers personnages. Leur identité fut le fruit de nombreuses recherches et de choix. Il s'agit des traductions trouvées à l'époque sur un dictionnaire en ligne. Si elles ne sont plus d'actualité, j'en suis bien désolée. ^^"
👹Kijin Akuma : Il y a deux traductions de son prénom noble et bizarre.
Akuma signifie démon, esprit malfaisant.Le nom Kamiaku est composé du mot kami qui est un esprit dans le folklore japonais.
🧊 Aisu Kamiaku : Son prénom fait référence à la glace.
💧Mizu Kamiaku : son prénom signifie eau.
🔥 Juuki Kamiaku : son prénom signifie arme à feu.
🌞 Taiyou Kamiaku, le Maître du clan Kamiaku ne pouvait que porter un prénom signifiant soleil.
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Majinai
Übernatürliches" Sang maudit. Ta véritable nature. Ta malédiction." Kijin Akuma s'enfuit du manoir familial, les mains couvertes de sang et l'âme maudite. Après une longue errance, il trouve refuge chez Aisu Kamiaku et ses deux jeunes cousines. L'adolescent ne va...