Toute libération a un début et une fin, souvent douloureuse.
C'était la phrase qui se répétait en boucle dans l'esprit de Mori Kamiaku depuis sa libération. La jeune adolescente se tenait à présent recroquevillée dans un coin d'une chambre du Manoir. Elle laissait ses larmes couler, sans chercher à les retenir ou à les dissimuler. Cela faisait deux jours qu'elle avait brisé ses chaînes maudites mais, contrairement à Suna, elle ne parvenait pas à faire face à cette situation.
Depuis que son kami l'avait abandonnée, elle se sentait démunie, sans protection face aux autres. En se séparant de son kami, Mori avait quitté le doux et coloré monde des enfants pour celui, si menaçant et si triste des adultes.
Pourquoi elle, pleurait-elle intérieurement. Pourquoi elle et pas un autre ? Elle, elle n'était pas encore prête à subir pareil abandon !
L'image inquiétante de Taiyou Kamiaku s'insinua dans son esprit. Le Maître avait sûrement dû ressentir sa libération et c'était pour cela qu'il avait exigé qu'elle vienne lui rendre cette petite visite... Il lui avait ordonné de n'en parler à personne et de l'attendre bien sagement ici, la menaçant de justes châtiments si elle s'avisait de lui désobéir. Taiyou n'était pas encore réapparu et cela n'annonçait rien de bon !
La jeune fille essuya ses larmes. Elle s'inquiétait pour les autres maudits et surtout, de leurs réactions. Depuis sa libération, elle ne faisait plus partie des Douze. Elle ne s'était jamais sentie intégrée aux Kamiaku « normaux » et n'appréciait que la compagnie de ses parents frappés du même sort. Libre, elle n'avait plus sa place dans le clan ! Eux, qui avaient été si patients, si gentils avec elle, car ils la comprenaient, allaient-ils la rejeter comme l'avait fait sa propre mère ? Aisu, Mizu, Juuki et les autres... Raiu lui avait pourtant assuré que rien ne changerait ! Mais pouvait-elle lui faire confiance ? Que pouvait-il comprendre à sa situation ?
Un autre ombre s'imposa dans les pensées de Mori. Celle de Tsuki. Même si elle l'évitait comme la peste, elle se sentait responsable de ce qui lui arrivait.
Avant de se retrouver enfermée dans cette pièce, elle avait surpris une conversation entre Raiu et Ishi. Tsuki dépérissait chaque jour davantage, telle une rose fanée. La libération brutale de Mori n'avait fait qu'accélérer son agonie ! Tôt ou tard, Tsuki finirait par disparaître pour de bon. Combien de temps lui restait-il à vivre ? Face à cette question d' Ishi, Raiu n'avait pas su lui mentir et lui avait répondu d'un ton sinistre, qu'avec un peu de chance, elle atteindrait peut-être son dixième-huitième anniversaire...
Un bruit la tira de ses pensées. Le shoji s'ouvrit, elle aperçut un bref rai de lumière avant qu'il ne disparaisse, la lumière fit de nouveau place à l'obscurité. La silhouette redoutée venait de pénétrer dans sa cellule.
— Mori, ma précieuse petite Mori ? Où te caches-tu donc ? chuchota une voix reconnaissable entre mille.
Mori releva la tête et lorsque son regard se posa sur l'ombre qui lui faisait désormais face, elle se pétrifia de peur. Le souvenir d'un jour pluvieux, effaça le visage maladif de Tsuki et l'enveloppa de ses bras sinistres.
♠♠♠
Mori errait dans la maison principale à la recherche de Raiu, lorsqu'elle entendit des sanglots étouffés provenant de la grande salle. Poussée par la curiosité, la petite fille se dirigea vers la pièce, entrouvrit e lourd panneau de bois et jeta un coup d'œil dans la salle.
L'enfant qu'elle était encore, se figea de terreur à la vue de l'effroyable spectacle se déroulant devant ses yeux terrifiés : Chii était allongée sur le sol, nue, subissant les assauts violents d'un Taiyou au regard flamboyant de haine et aux mains avides de brutalités. L'adolescente se mordait les lèvres jusqu'au sang pour ne pas montrer la honte et la souffrance endurées à ce monstre lui dévorant avidement la peau de féroces caresses...
VOUS LISEZ
Majinai
Paranormal" Sang maudit. Ta véritable nature. Ta malédiction." Kijin Akuma s'enfuit du manoir familial, les mains couvertes de sang et l'âme maudite. Après une longue errance, il trouve refuge chez Aisu Kamiaku et ses deux jeunes cousines. L'adolescent ne va...