Chapitre 59 : En danger?

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Après un copieux petit-déjeuner, Aisu prétexta un rendez-vous avec son éditeur et laissa les trois adolescents seuls. Elle estimait qu'ils avaient besoin d'un peu d'intimité pour tenter de se remettre de leur court séjour au bord de la mer et surtout, pour discuter de ce qu'ils avaient vécu là-bas.

Mizu, depuis le lever, ne cachait plus ses sentiments pour Kijin. Elle n'avait de cesse de le frôler, de lui couler des regards éperdus d'amour ou des flatteries dégoulinantes de tendresse. Ce petit jeu lassa très rapidement la pauvre Juuki qui n'avait pas décroché une parole depuis la veille. Kijin, lui, ne songeait qu'à Tsuki et surtout, de leurs caresses et autres baisers échangés. Ces souvenirs, encore bien vivaces, éclipsaient tous les autres, même celui du baiser que Mizu lui avait dérobé...

Le jeune homme se tenait un peu à l'écart des deux cousines qui faisaient toutes deux leurs leçons, accoudées au kokatsu. Il leur coula  un regard inquisiteur : savaient-elles pour Tsuki ? Car même s'il n'était pas expert en la matière, il savait tout de même reconnaître un homme d'une femme ! Et ce que lui avait révélé le décolleté baillant du kimono couleur de lune, avait bien confirmé ses impressions premières : Tsuki était bel et bien une femme ! Une jeune femme qui pour une obscure raison, se comportait en homme. Pourquoi faisait-elle cela ? Pour échapper à l'appétit de Taiyou ? Par contrainte parentale ? Avait-on exigé qu'elle trahisse sa nature de femme pour prendre celle d'un homme ? À moins que son kami ne soit lié à cet étrange travestissement. Le jeune homme se jura de tirer cette histoire au clair !

Soudain, un cri perçant le tira de ses pensées :

— Hé, Akuma !

Il redressa la tête. Juuki, poings plantés sur les hanches, se tenait debout face à lui.

— Tu peux m'accompagner en ville ? J'dois acheter un autre bouquin de maths.

— Pourquoi ?

— J'te signale, démon stupide, au cas où tu l'aurais oublié, que le mien est parti en fumée ! J'ai pas envie de voir la tronche que va tirer la prof devant ce petit tas de cendres !

— Allons-y ! répondit le jeune homme tout en se levant. Tu viens avec nous, Mizu ?

L'adolescente leva la tête de ses cahiers et décrocha un sourire niais au jeune homme.

— Non, allez-y sans moi. J'ai des devoirs à terminer, mon cœur.

Kijin piqua un fard, gêné par tant de tendresse. Juuki ne put réprimer un ricanement moqueur :

— Voilà une autre Kamiaku bonne à enfermer... bon, tu viens, mon cœur ?

Sa tirade lui attira un regard haineux de la part de Mizu auquel Juuki répliqua par un sourire obséquieux. La jeune maudite prit Kijin par le bras et avant qu'il ne puisse protester, l'entraîna à sa suite.

— T'inquiète Mizu, je promets de ne pas abîmer ton petit chéri ! s'écria-t-elle tout en franchissant la porte d'entrée.

Une fois à l'extérieur, Juuki relâcha son étreinte et éclata de rire en voyant la mine déconfite de son ami.

— On peut dire que tu as décroché le gros lot ! À quand les fiançailles ?

Le jeune homme haussa les épaules et se mit en route. Juuki le rattrapa et tous deux se dirigèrent d'un pas silencieux vers le centre-ville, perdus dans leurs pensées respectives.

Kijin ne parvenait pas à détacher son esprit de Tsuki, ce qui lui valut un ricanement moqueur de la part de Majinai :

Alors Akuma, on est tombé amoureux d'un autre monstre ? Il faut dire qu'entre phénomènes de foire, vous ne pouviez que vous entendre !

Fous-moi la paix !

Je te prierais d'être un peu plus poli, Akuma ! En tout cas, j'ai hâte de voir la suite des événements, surtout après ce qui est arrivé au jeune Suna...

Kijin s'immobilisa.

— Que viens-tu de dire, espèce de monstre ! s'écria-t-il à haute voix. Que lui as-tu donc fait !?

Juuki s'arrêta à son tour et lui décrocha un regard étonné.

— Kijin, ça va ?

Rassure-toi mon petit Kijin, la partie ne fait que commencer... Suna n'est que le premier pion sur mon échiquier, les autres suivront... Sache que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour t'empêcher de revoir Tsuki Kamiaku avant la bataille finale. Tu devrais te méfier de cette fille, elle est possédée par Mikazuki, la kami lunaire. Ne dit-on pas que la lune est fourbe  ?

— Comment oses-tu dire une chose pareille, espèce de sale démon ! Et qu'as-tu fait à Suna, réponds !

Juuki blêmit.

— Kijin... murmura-t-elle. Qu'est-ce qui se passe ? Suna est en danger ! Réponds !

Le jeune homme porta une main tremblante à son front migraineux.

— Je crois que ça a un rapport avec mon rêve. Hier soir, j'ai ressenti  une étrange sensation... une sensation de puissance et de réjouissance, comme si je tenais une vie entre mes mains. Et puis j'ai rêvé d'un fennec, je crois.

— Le kami de Suna, chuchota Juuki d'une voix blanche. Tu crois qu'il a des ennuis ?

— Je ne sais pas. On ferait mieux d'aller voir, avec Majinai, je ne suis jamais sûr de rien...

Juuki secoua la tête en signe de négation.

— Non, toi tu restes là. C'est à moi et à moi seule, de voir si Suna va bien.

Kijin ne put que s'incliner devant la détermination de la jeune fille.

— Très bien, vas-y. Mais si tu as le moindre problème, avertis-moi !

La jeune fille lui décrocha un sourire avant de tourner les talons. Avant qu'elle ne s'éloigne pour de bon, Kijin lui cria :

— Fais attention à toi, Juu !

Juuki esquissa un petit signe de la main avant de reprendre sa course éperdue en direction du Manoir.

Juuki esquissa un petit signe de la main avant de reprendre sa course éperdue en direction du Manoir

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