Chapitre 71 : Demi-aveu

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Kijin, une fois à l'extérieur, trouva refuge sur un banc isolé. Genoux pliés sous le menton, il tentait de calmer les battements furieux de son cœur. Jamais encore, il n'avait eu une telle attitude envers Mizu ! Il ne la méritait pas ! Comment pouvait-elle continuer à aimer un homme aussi stupide et mauvais que lui ? Pourquoi ne parvenait-il pas à tomber amoureux de Mizu, alors qu'elle était tout ce qu'un homme pouvait désirer ? La raison était simple. Il en aimait une autre. Il était fou amoureux de Tsuki.

— Eh bien mon démon ! c'est pas la forme on dirait, murmura une voix à ses côtés.

Juuki, qui avait assisté à la petite scène entre Kijin et sa cousine, prit place à ses côtés. Les deux adolescents restèrent quelques instants silencieux. Juuki se décida à prendre la parole :

— Suna me manque... Il aurait adoré la visite au zoo de ce matin, il est tellement gamin ! D'ailleurs, faut que j' pense à lui ramener un petit quelque chose !

Malgré sa peine, Kijin ne put réprimer un sourire amusé. Son amie crut qu'il se moquait d'elle.

— Oh ça va, toi ! Tu verras si tu ne te comporteras pas en idiot lorsque tu tomberas amoureux !

Kijin lui adressa un regard étonné. Le visage de l'adolescente se radoucit subitement.

— Tu crois pas qu'il serait temps de dire à Mizu que tu tiens à elle, uniquement comme une amie ? C'est pas chic tu sais, de la faire souffrir... et puis toi aussi tu souffres, pas vrai ?

— Je croyais que je réussirais à l'aimer avec le temps, mais...

— Non. On ne choisit pas Kijin, c'est comme ça. J'ai pas choisi d'aimer Suna, ça devait se passer comme ça et pas autrement.

— Je ne veux pas faire de peine à Mizu...

— Parce que là, tu ne lui en fais pas peut-être !? Bon sang, t'es vraiment le roi des imbéciles ! Pourquoi tu t'obstines à t'accrocher à elle ? À croire que tu culpabilises pour autre chose...

Juuki lui coula un regard suspicieux.

— Attends un peu... t'aurais pas une autre fille en vue ?

Kijin lui répondit par un sourire énigmatique qui fit grogner la jeune fille.

— Ça va, j'ai compris ! Ce sont tes affaires ! En tout cas, j'espère que la demoiselle a un sacré caractère, parce que t'es vraiment pas facile à vivre comme mec !

— Rassure-toi, elle a du tempérament...

Peut-être un peu trop, s'abstint d'ajouter le jeune homme.

Son amie ne comptait pas en rester là, la curiosité étant l'un de ses principaux traits de caractère, elle désirait en savoir davantage sur cette mystérieuse jeune fille.

— J'la connais ? Elle va au lycée ? Elle est jolie ? Elle est riche ?

— Non, tu ne la connais pas. Enfin pas comme moi, je la connais...

— Franchement, laisse les énigmes et les devinettes à Aisu et réponds clairement !

— Si on allait chercher ton cadeau pour Suna ? fit Kijin en se levant.

L'adolescente le saisit par le poignet.

— Tu ne t'en tireras pas comme ça ! J'veux tout savoir d'elle ! Son nom, sa date de naissance, même son groupe sanguin ! Alors ?

— Juu, je préfère ne pas en parler pour le moment, soupira le jeune homme.

— Okay, j'ai pigé ! Elle ne sait rien de tes sentiments, et tu attends d'avoir cassé avec Mizu pour lui en faire part !

— Si tu veux...

— Finalement, ajouta Juuki en se levant à son tour, t'es pas aussi empoté que ça niveau filles, tu ne coures pas deux lièvres à la fois !

Kijin ne répondit pas et commença à s'éloigner, poings serrés dans les poches de son blouson. Juuki le rattrapa.

— Une dernière question et après promis, j'me tais !

— Je t'écoute.

— Elle est jolie au moins ?

— Monstrueuse, répliqua le jeune homme en mettant ainsi fin à leur conservation.

Juuki en demeura muette de stupeur car elle ne savait pas si Kijin plaisantait ou si, au contraire, il était des plus sérieux !

♠♠♠

Le soir, alors que ses camarades dormaient, Kijin se rendit sur le toit de leur auberge. Il s'assit sur les tuiles et étendit sa main droite, paume tournée vers le ciel, devant lui. Au creux de ses doigts, brillait une petite rose argentée accrochée à une chaîne de la même couleur, qu'il destinait à Tsuki en guise de cadeau de retrouvailles.

Il ferma les yeux et porta le bijou à ses lèvres et le baisa avec douceur. Au-dessus de lui, la pleine et pâle lune étincelait de tout son éclat.

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