Chapitre 36 : La Libération du démon (2)

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Tard dans la nuit, un curieux bruit dans le couloir tira Kijin de son sommeil agité.

Le dîner en compagnie de Kishin avait été glacial. Les deux frères ne s'étaient pas adressés
la parole de la soirée : malgré les tentatives maladroites de Kishin, Kijin se murait dans un silence obstiné. Il était reconnaissant à son frère d'au moins une chose : il n'avait pas évoqué
leur départ. En revanche, le jeune homme n'avait pas su déchiffrer les nombreux regards que
s'étaient lancés Aisu et son frère aîné tout au long de cet éprouvant repas.

Kijin, qui ne parvenait pas à
trouver le sommeil, prit  alors brutalement conscience que la demeure était beaucoup trop calme à son goût. Il  regarda son réveil. Habituellement, à cette heure-là, Aisu était en train de jurer contre la phrase qu'elle venait de pondre ; et il n'entendait pas les ronflements, pourtant bruyants, de Juuki ! Ce silence l'inquiétait.

Il rejeta sa couverture et se glissa hors de sa chambre. La demeure elle-même semblait plongée dans le silence. À tâtons, il s'avança jusqu'à la chambre d'Aisu et entrebâilla la porte. Il y jeta un coup d'oeil et eut un mouvement de surprise: celle-ci était vide!

De plus en plus inquiet, il se dirigea vers la chambre de Mizu, vide elle aussi, avant de tenter celle de Juuki, toute aussi vide!

La panique commença à le gagner. Tout en descendant les escaliers, la main crispée sur la rampe, il songeait à Kishin. Avait-il emmené les trois femmes Kamiaku loin de
lui pour les protéger ? Un sentiment de profonde indignation fit frémir le jeune homme : bon sang! Depuis qu'elles vivaient avec lui, ses trois amies n'avaient jamais été en danger!

Il entra dans le salon et le scruta longuement du regard: la demeure entière semblait avoir été figée dans le temps ! Il remarqua dans le cendrier, la cigarette encore en train de se consumer. Cela le
rassura. Aisu ne devait pas être loin.

Un rayon de lune traversa la vitre et vint le frapper au visage,
Kijin se tourna et vit que la baie vitrée était  entrouverte. Il s'en approcha et s'avança sur l'herbe humide. La nuit était particulièrement sinistre : aucune étoile ne brillait dans le ciel noir et la lune elle-même semblait prendre plaisir à l'effrayer en jouant à cache-cache parmi les nuages.

Le jeune homme porta la main
à son visage et d'un geste rageur, essuya les gouttes de pluie lui glissant sur la peau.

— Kijin, murmura une voix dans l'ombre.

L'adolescent releva la tête. Kishin se tenait à présent face à lui. Près de son aîné, Kijin reconnut les
silhouettes d'Aisu, de Juuki et de Mizu. Le regard de l'adolescent croisa celui de ses deux amies qui
l'observaient avec crainte, il comprit alors qu'elles connaissaient à présent son secret.

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