Sang maudit. Ta véritable nature. Ta malédiction.
L'adolescent ouvrit les yeux, Aisu qui se trouvait à son chevet, retira précipitamment sa main de son front.
— Tu reviens enfin à toi, murmura-t-elle d'un ton presque déçu.
— Je dois partir, marmonna le jeune homme encore perdu entre éveil et sommeil.
Il se releva en grimaçant et jeta un œil à son nouvel environnement : il se trouvait dans une agréable petite chambre. Les rideaux baissés le protégeaient des rayons du soleil. Dans la pénombre, il parvenait cependant à distinguer les traits de sa sauveuse. Celle-ci le surveillait du regard, tout en fumant une cigarette déjà bien consumée.
Il rabattit ses draps et voulut se lever. Aisu l'en empêcha en l'attrapant par les épaules et le força à se rallonger.
— Et où comptes-tu aller comme ça, mon mignon !? s'écria-t-elle tout en l'emmitouflant dans la couverture. Tu crois que je vais te laisser vagabonder seul, malade et en sueur, avec toutes ces femmes perverses qui traînent dans les rues !? Non, mon chou, tu restes avec moi !
Vaincu par la force surprenante de ce petit bout de femme, l'adolescent cessa de s'agiter et déposa docilement sa tête sur l'oreiller. L'écrivain se pencha vers lui, un sourire triomphant accroché aux lèvres :
— C'est bien mieux comme ça Sweety ! Reste ici, crois-moi, ça ne dérangera personne... si tu le veux, ajouta-t-elle en chuchotant, tu pourras même devenir mon amant. La différence d'âge n'a jamais été un problème pour moi !
Le jeune homme écarquilla les yeux de stupeur. Il ignorait tout des femmes, mais se pouvait-il que celle-ci, la première qu'il approchait d'aussi près, soit en train de le séduire !? Des femmes, il n'en connaissait que ce qu'il en lisait dans les livres. Il les savait tantôt timides, tantôt charmeuses et diaboliques. Il savait ce dont elles étaient capables pour le meilleur et pour le pire. Une femme réelle lui paraissait cependant, bien plus compliquée à cerner que les héroïnes de papier !
Aisu se redressa.
— Ce n'est pas tout, mais j'aimerais bien connaître l'identité de mon nouveau fiancé. Alors mon chou, c'est quoi ton petit nom ?
- Et le vôtre ?
- Agressif avec ça ! s'exclama-t-elle, visiblement sous le charme du regard mauvais que lui adressait l'adolescent. Je sens que l'on va très bien s'entendre toi et moi. J'aime les hommes avec de la poigne !
Le jeune homme massa son crâne endolori avec un air las et quelque peu consterné : il avait décidément pas de chance ! Non seulement, il s'était fait découvert, mais pour couronner le tout, par une espèce d'hystérique !
— Écoutez, je ne tiens vraiment pas à rest...
- Tu es en fuite, pas vrai ? l'interrompit l'écrivain.
Gêné d'être si facilement percé à jour, le jeune homme baissa la tête. Aisu prit alors une figure sérieuse, plus grave.
- Que... comment le savez-vous ? bredouilla l'adolescent.
- Je le sais, c'est tout. Pourquoi ne resterais-tu pas ici pendant quelque temps ? Il n'y a que moi et mes cousines qui habitons cette maison et crois-moi, cette demeure aurait grand besoin d'un homme !
- Je ne pense pas que...
- Pas de mais ! Tu restes, c'est tout, décida la jeune femme d'un ton faussement autoritaire. À propos, moi je m'appelle Aisu Kamiaku et la fille un peu coincée, c'est ma cousine, Mizu Kamiaku. Rassure-toi, bel éphèbe, elle fait un peu pète-sec à première vue mais elle est adorable comme deux cœurs lorsqu'on la connaît mieux !
L'adolescent réfléchit pendant quelques instants à cette proposition : C'était peut-être la meilleure solution pour lui. Il se trouvait dans une ville calme où le nom des Akuma était inconnu. S'il menait une vie incognito, tranquille et sans heurts, nul ne pourrait le retrouver avant un bon bout de temps... Pourquoi ne pas accepter l'invitation ? Mais si les choses venaient à mal tourner ? Tant pis ! Il aviserait le moment venu.
— Entendu.
Il tendit la main à son hôte.
- Kijin Akuma.
Aisu accepta de bon cœur cette poignée de main.
- Apprenti fugueur, compléta-t-elle avec un grand sourire.
Elle se redressa d'un bond, le recouvrit, avant de quitter la pièce.
- Repose-toi Kijin, je vais demander à Mizu de t'apporter un petit quelque chose à grignoter...
Le jeune homme lui décrocha un sourire empli de gratitude avant de fermer les yeux : Personne ne songerait à venir ici. Ils ne pourront pas le retrouver, pas aussi loin du Manoir Akuma...
Lorsque Aisu sortit de la chambre, elle tomba nez à nez avec Mizu qui justement, apportait un bol de soupe à leur visiteur nocturne.
- Alors ? s'enquit l'adolescente d'une voix timide.
- Ma foi, il s'en remet ! Au fait Mi-chan, il est notre nouveau locataire.
Mizu faillit en lâcher le bol fumant qu'elle tenait à la main.
- Quoi !? Mais... tu es devenue folle ! Et surtout...
Un éclat d'effroi traversa le clair regard de la jeune fille.
— Taiyou , murmura-t-elle d'un ton craintif, que va-t-il penser de cela ? Tu sais très bien qu'il déteste toute personne étrangère au clan...
Un curieux sourire se dessina sur les lèvres de sa cousine.
- Contente-toi pour le moment, d'apporter cette soupe à notre nouvel ami. Quant au chef de famille, j'en fais mon affaire, ajouta-t-elle d'une voix suave et plus qu'assurée.
Mizu s'apprêtait à ouvrir la bouche mais se retint. Elle lui coula un dernier regard suspicieux avant de pénétrer dans la chambre.
Dès que le lourd panneau de bois se referma derrière l'adolescente, Aisu s'appuya contre le mur. Son sourire affable se changea rapidement en un regard aussi dur que l'acier : ce gamin pourrait sans doute lui être très utile...
Elle tira une cigarette de sa poche, l'alluma et la porta à ses lèvres. Quant à Taiyou... Elle ouvrit les trois premiers boutons de sa chemise, laissant apparaître son cou délicat, elle ne se faisait aucun souci à ce sujet, le maître ne pouvait rien lui refuser...
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Majinai
Paranormal" Sang maudit. Ta véritable nature. Ta malédiction." Kijin Akuma s'enfuit du manoir familial, les mains couvertes de sang et l'âme maudite. Après une longue errance, il trouve refuge chez Aisu Kamiaku et ses deux jeunes cousines. L'adolescent ne va...