Chapitre 21 : Sous le gui

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Pendant ce temps-là, loin de l'ambiance pesante et violente du Manoir Kamiaku, Kijin Akuma fêtait son tout premier jour de l'An véritable en compagnie de ses amies.

Les trois adolescents et l'écrivain avaient commencé la soirée en se rendant à un feu d'artifice tiré près du temple le plus majestueux de la ville ; puis, ils avaient poursuivi leur escapade nocturne en parcourant les rues enneigées, les yeux éblouis par les lumières enchanteresses, bercés par la musique diffusée par les haut-parleurs accrochés aux réverbères, tout en se gavant de sucreries en tout genre. Ils avaient achevé leur nuit en préparant un repas pantagruélique qu'ils dévorèrent dans le salon d'Aisu, transformé pour l'occasion, en piste de danse sur laquelle l'écrivain avait dévoilé son sens du rythme particulier, avant d'entraîner les jeunes gens dans une ronde endiablée.

La nuit était déjà bien avancée et seuls Kijin et Aisu étaient encore éveillés. Juuki et Mizu, vaincues par la fatigue et le saké ronflaient paisiblement, accoudées au kokatsu. L'écrivain, une bouteille de vin à la main regardaient d'un air attendri, ses deux cousines endormies.

— Il semblerait qu'elles ne tiennent pas l'alcool, mes deux demoiselles...

Kijin frotta ses paupières engourdis de sommeil et posa un regard vitreux sur l'écrivain.

— C'était sympa... marmonna-t-il entre deux relents de saké.

Aisu reposa sa bouteille et essuya sa bouche avinée d'un geste fort peu élégant.

— Tu l'as dit, mon jeune amant ! C'était beaucoup plus amusant qu'une longue et pénible réunion de famille ! Au fait, comment fêtait-on le réveillon chez les Akuma ?

— Je ne sais pas, avoua-t-il.

Aisu écarquilla les yeux de stupeur.

— Comment ça, tu ne sais pas !? Vous ne faites pas le nouvel An chez toi !?

— Sans doute... mais moi, je n'étais pas autorisé à y participer.

— Et pourquoi donc ?

Kijin ne put réprimer un triste sourire : parce que les monstres comme lui, n'étaient pas accueillis à bras ouverts dans le clan Akuma.

L'écrivain voyant que le jeune homme n'était guère  enclin à lui faire la moindre confidence, eut un haussement d'épaules.

— Oh puis après tout, tu peux bien les garder, tes petits secrets ! Ce ne sont pas mes affaires !

— Ne va pas croire que je ne te fais pas confiance... c'est simplement que...

— Toi aussi, tu sembles quelque peu en froid avec ta famille, je me trompe ?

Kijin acquiesça ; Aisu posa sa main sur celle de l'adolescent et la pressa avec affection.

— Je te comprends, tu sais... si t'as besoin d'une vraie famille, je suis prête à jouer les grandes sœurs tendres et affectueuses !

— Merci, répondit le jeune homme en lui adressant un sourire taquin.

La jeune femme se redressa et désigna d'un petit signe de tête, le gui accroché au dessus du kotatsu.

— Dans certains pays européens, la coutume veut que l'on s'embrasse sous le gui, tu veux essuyer ?

— Pardon !?

Avant que Kijin ne puisse esquisser le moindre geste pour lui échapper, Aisu se pencha vers lui et l'embrassa avec tendresse. Surpris par cette attaque aussi brusque qu'inattendue, le pauvre Kijin ne sut comment réagir. Peu à peu, il sentit une douce chaleur s'emparer de son corps. Apaisé, il s'abandonna contre la poitrine d'Aisu et ferma les yeux pour mieux savourer ce tout premier baiser.

Aisu mit fin à ce baiser improvisé. Kijin ouvrit les yeux et vit le sourire radieux éclairant le visage de son amie.

— Tu ne t'en tires pas si mal que ça pour un débutant... lui souffla-t-elle doucement à l'oreille. Même si tu as quelques progrès à faire...

Elle se releva, ébouriffa avec tendresse la tignasse hirsute de son jeune protégé.

— Ne veille pas trop tard, surtout? déclara-t-elle avant de sortir de la pièce en titubant.

La jeune femme s'apprêtait à monter les escaliers menant à sa chambre lorsqu'elle entendit une voix l'interpeller :

— Aisu !

Elle se retourna. Kijin se tenait au bas des marches, la bouche encore rouge du baiser qu'elle venait de lui offrir.

— Merci, chuchota-t-il. Merci pour tout.

L'écrivain lui adressa un dernier clin d'œil avant de disparaître, laissant un Kijin terminer cette dernière nuit de l'année.

L'écrivain lui adressa un dernier clin d'œil avant de disparaître, laissant un Kijin terminer cette dernière nuit de l'année

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