Chapitre 42 : L'amour d'un père

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Hayao Kamiaku était un homme de belle carrure, au visage encore jeune et aux yeux noirs pétillant de malice, malgré les quelques rides marquant les plis de ses paupières et les commissures de ses lèvres charnues. Cela faisait quelques semaines à présent qu'il était le résidant de la chambre 203 d'une clinique privée  Toutes les infirmières étaient folles de lui ! Elles se battaient  pour avoir le privilège de lui apporter son plateau-repas, dans lequel elles s'arrangeaient toujours pour dissimuler les sucreries dont il raffolait tant... car c'était peut-être là, l'unique défaut de ce brave homme : il ne pouvait résister au goût sucré d'une friandise! 

Cet après-midi là, Hayao était tranquillement allongé sur son lit, son bras plâtré resserré en écharpe autour de son cou, il  dégustait avec gourmandise, les savoureuses pâtes de fruits que l'infirmière en chef venait de lui offrir. Alors qu'il s'apprêtait à porter un bonbon vert (son favori !) à la bouche, une violente déflagration pénétra en courant d'air dans la chambre, et vint carboniser la boîte emplie de fruits conflits qu'il tenait à la main.

— Papa !

Une jeune fille, le visage poisseux de sueur et le souffle court, se tenait à présent sur le seuil de sa chambre. L'homme ne parut pas le moins du monde, stupéfait par cette arrivée explosive. Il déposa ses friandises calcinées sur sa table de chevet avant de se retourner vers l'adolescente, un sourire joyeux accroché aux lèvres.

— Juu ! Quelle surprise ! Comment as-tu su que je me trouvais là ?

La jeune fille serra les poings pour tenter de contenir la sourde colère bouillant en elle. Elle prit une profonde inspiration, se détendit quelques instants avant de laisser exploser sa fureur. Les stores de la chambre s'embrasèrent instantanément face à elle.

— Idiot ! Tu n'es qu'un idiot ! Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Réponds, père indigne !

Le détecteur de fumée qui se trouvait au plafond se déclencha à cet instant. De l'eau jaillit au-dessus de leur tête et éteignirent les flammes dévorantes. Hayao ne se fâcha pas, il y était habitué aux flamboyantes colères de sa fille adoptive ! Il se contenta d'esquisser un de ces sourires sereins, qui fit retomber la rage de l'adolescente.

— Tu es en forme, ma Juu ! Ça fait plaisir à voir !

Juuki se mit à hoqueter pour réprimer les sanglots  lui montant à la gorge.

— Pourquoi tu m'as menti ? Je croyais qu'on ne devait rien se cacher !

Le brave homme tendit la main vers son enfant et l'invita à s'asseoir à son chevet.

— Vu ce que tu as fait à ces pauvres stores, qui sait ce que tu aurais fait subir à Taiyou en apprenant mes petits tracas ! Je voulais te protéger.

Il fronça les sourcils et prit un ton faussement sévère :

— J'espère que tu n'as pas commis d'imprudence...

L'adolescente essuya ses larmes d'un poing rageur et prit place au côté de son père.

— Autant demander à un volcan de ne pas se mettre en éruption  !

Hayao en guise de réponse, écarta les bras ; Juuki se jeta à son cou et nicha sa tête contre l'épaule de son père.

— C'est Taiyou lui-même qui me l'a appris, révéla-t-elle. On se trouvait tous au Manoir et il a commencé à tripoter Mizu...

Elle resserra son étreinte, Hayao caressa ses cheveux avec tendresse.

— C'était dégueulasse... mais il n'a pas continué parce que Kijin est intervenu et lui a remis les idées et autre chose en place !

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